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Crédible le projet de Mars One?

Est-ce que les planètes s’alignent pour que Mars One gagne son pari?

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
10.02.2014
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  • Dr Richard John Léveillé, scientifique et géologue de formation, possédant une expertise au sujet de la planète Mars et travaillant actuellement avec le robot Curiosity. (Gracieuseté du Dr Richard John Leveillé)

Plusieurs spécialistes américains et canadiens de l’espace et de Mars doutent, à différents degrés, de la viabilité du projet Mars One, du moins où il en est à l’heure actuelle selon l’échéancier visé.

Mars One s’engage, non pas au conditionnel présent, mais au futur, à emmener des humains sur Mars en 2025 et y fonder un habitat permanent. «Prospérer, apprendre et développer» sont trois pôles du projet. Chaque deux ans, une nouvelle cohorte de spationautes terriens devrait se joindre aux autres déjà installées. Lancé par l’ingénieur néerlandais Bas Lansdorp, le projet se dit «précis», «réaliste», «entièrement basé sur des technologies existantes» et «faisable tant sur le plan économique que logistique».

Célèbre en raison de ses cocasseries gravitationnelles, dont sa version de la chanson Space Oddity de David Bowie, sur YouTube, le commandant et astronaute Chris Hadfield, âgé de 54 ans, croit d’abord qu’une base lunaire habitée pourrait se réaliser dans 30 à 40 ans. L’idée d’une mission habitée sur Mars n’irait pas avant 70 ans selon lui, c’est ce qu’il a livré au journal britannique, The Telegraph, en décembre 2013.

Le site web space.com a publié l’avis d’un groupe d’experts, composé d’une soixantaine d’individus représentant plus de 30 gouvernements, en plus des domaines de l’industrie et de la recherche académique. Ce collectif croit que le voyage vers Mars dans le but de coloniser la planète se ferait durant la décennie de 2030. Il compterait également la NASA comme pilier principal. Ces derniers mentionnent que l’aide financière devrait venir d’une coopération internationale et impliquerait aussi l’industrie privée.

  • M. Ram Jakhu, professeur à l’université McGill spécialiste en droit spatial (Gracieuseté du professeur Ram Jakhu)

«Les technologies ne sont pas totalement développées pour un tel projet», avance M. Ram Jakhu, professeur à l’université McGill dans le domaine du droit spatial international et du droit de la commercialisation de l’espace et de la régulation gouvernementale de l’activité spatiale. «Si on regarde le nombre de missions sans la présence de l’homme sur la planète Mars, bon nombre d’entre elles ont échoué, tandis que seulement un petit nombre ont été accomplies. Je ne suis pas certain que cinq ou dix ans soient suffisants pour en arriver à ce que Mars One veut accomplir», souligne celui qui a présidé le Groupe de travail des Nations Unies et qui a inspiré par ses travaux le Centre des Nations Unies sur la science et la technologie de l’espace en 2008-2009.

Il y a quelques jours, le site planet.fr rapportait la dégradation prématurée de l’automobile (rover) appelée «Curiosity», roulant en ce moment sur Mars. Cela aurait comme conséquence de pouvoir compromettre son périple scientifique. Curiosity constitue le noyau de la mission d’exploration Mars Science Laboratory (MSL) – Laboratoire scientifique pour Mars en français – développé par l’agence spatiale américaine de la NASA.

Dr Richard John Léveillé, scientifique, géologue de formation, possédant une expertise sur la planète Mars et travaillant actuellement avec le robot Curiosity s’entend avec le professeur Jakhu sur la faible probabilité que la technologie soit assez avancée pour les ambitions de colonisation et des délais pour se faire de Mars One, contrairement à ce que l’équipe derrière le projet déclare. «Il reste beaucoup de développement à faire», explique-t-il.

«Au niveau de l’exploration de Mars, on débat toujours sur le sujet de la robotique. Est-ce que les robots peuvent faire plus et mieux que les humains? Si l’on prend seulement le robot Curiosity qui a voyagé environ un kilomètre dans sa première année sur Mars, c’est sûr qu’un humain peut franchir une plus grande distance. Cependant, il y a justement bien des complications, pas seulement sur le point de la survie, mais par rapport aux risques de contamination de la planète», soulève le membre de l’équipe scientifique de la mission Mars Science Laboratory de la NASA.

«Si des humains se promènent avec toute leur flore bactérienne sur une planète plus ou moins stérile, c’est sûr qu’il y a des gros risques de contamination pour la planète, mais qui ne sont pas insurmontables. Par exemple, si on trouve un caillou avec quelques cellules bactériennes, comment savoir si ce n’est pas une contamination humaine venant de la planète Terre ou quelque chose de martien? Il va peut-être y avoir des possibilités de contamination de la planète sur les humains, mais les risques biologiques que cela survienne sont très faibles, voire impossibles pour plusieurs. Les bactéries pathogènes que l’on a sur Terre, ce sont des organismes qui se sont adaptés pendant un certain temps pour vivre dans nos corps. Dans certains cas, ils ont des effets néfastes», stipule Dr Richard John Léveillé.

«L’idée du projet Mars One est bonne pour stimuler la réflexion. Il manque énormément de détails dans leurs plans, entre autres, sur ce que vont faire les astronautes là-bas si tout se déroule bien. J’ai lu qu’ils allaient “vivre et travailler”», sort-il en riant. «Ça soulève un grand nombre de questions, en particulier sur le plan sociologique.»

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