Un juge espagnol publie un mandat d’arrestation à l’encontre de l’ancien dirigeant chinois Jiang Zemin

Écrit par Anastasia Gubin, Epoch Times
13.02.2014
  • (De gauche à droite) Thubten Wangchen (victime et plaignant individuel), Palden Gyatso (victime), (Takna Jigme Sangpo (victime) et Kalsang Phuntsok (ancien directeur du Congrès de la jeunesse tibétaine) devant la Cour nationale d’Espagne après avoir déposé une plainte pour génocide le 28 juin 2005. Le 6 février 2014, la Cour nationale a émis des mandats d’arrêt dans ce même dossier. (Carlos Sánchez/Comité de soutien au Tibet)

Après des mois d’attente, le juge de la plus haute cour d’Espagne a émis des mandats d’arrestation à l’encontre de cinq anciens hauts responsables du régime chinois, dont l’ancien dirigeant du Parti communiste Jiang Zemin, en demandant que ces mandats soient transmis à Interpol. Ces mandats pourraient ne pas être valables très longtemps, si la République populaire chinoise réagit à sa façon.

Le 18 novembre 2013, la Cour nationale avait demandé l’émission de mandats d’arrestation pour génocide, torture et crimes contre l’humanité commis pendant l’occupation chinoise au Tibet. Dans un procès lié, le 9 octobre 2013, la même cour avait inculpé l’ancien dirigeant du parti communiste chinois Hu Jintao pour génocide au Tibet.

La décision de novembre dernier avait été accueillie par les plaintes de nombreux diplomates de République populaire de Chine. Mardi dernier, à l’annonce de l’émission des mandats, l’ambassadeur chinois à Madrid a réagi par une «note de vive protestation», selon le journal espagnol El Pais.

Lors de la réunion quotidienne du Ministère chinois des Affaires étrangères, la porte-parole Hua Chunying a dit: «La Chine est extrêmement mécontente et s’oppose résolument aux mauvaises actions de cette cour espagnole qui ignore la position solennelle de la Chine. Que cette question soit traitée de façon appropriée ou non, cela dépendra du développement sain des liens entre les deux pays.»

Selon le journal El Pais, le juge Ismael Moreno avait traîné avant d’émettre ces mandats en raison du «malaise extrême» exprimé par les représentants chinois. Après des discussions intenses au sein de la cour, le juge a accepté de signer les mandats, garantissant ainsi l’avancée du procès, du moins pour l’instant.

Mardi dernier, le Parti populaire au pouvoir a présenté au Parlement une mesure qui devrait empêcher les tribunaux d’avancer dans ce procès et d’autres procès liés aux droits de l’homme dépendant de l’interprétation d’une juridiction universelle actuellement inscrite dans la loi espagnole.

La juridiction universelle est un principe de loi internationale selon lequel une nation peut juger des individus si les offenses visées, où qu’elles aient été produites, sont suffisamment graves.

Tous les partis d’opposition ont annoncé qu’ils voteront contre cette nouvelle mesure, mais même cette opposition unifiée ne suffira pas à empêcher la création de cette loi si le Parti populaire décide d’en maintenir l’application.

En plus de l’ancien dirigeant du régime chinois Jiang Zemin, le mandat vise Li Peng, ancien premier ministre, connu sous le titre de «boucher de Pékin» pour son rôle dans le massacre des étudiants de la Place Tiananmen en 1989. Li Peng était aussi premier ministre lorsque ont eu lieu les violents mouvements de répression au Tibet dans les années 80 et 90.

Le mandat d’arrestation vise aussi Qiao Shi, l’ancien responsable de la sécurité et directeur de la Police armée lors de l’établissement de la loi martiale au Tibet à la fin des années 80, ainsi que Chen Kuiyuan, secrétaire du parti au Tibet entre 1992 et 2001 et Peng Peilun, ministre des affaires familiales dans les années 1990.

Lorsque la Cour nationale d’Espagne a inculpé Hu Jintao pour génocide, Alan Cantos, directeur du Comité de soutien pour le Tibet, avait confié à Epoch Times que la décision de la cour était un «triomphe de la justice espagnole qui s’est rangée du côté de la vérité, des principes et de la loi et non plus du côté des pressions diplomatiques et du pouvoir de la Chine.»

Version en anglais: Spanish Judge Issues Arrest Warrant For Former Chinese Leader

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