Sotchi: Xi Jinping démontre la solidarité chinoise envers la Russie

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
17.02.2014
  • Le président Vladimir Poutine (à droite) serre la main du dirigeant du Parti communiste chinois Xi Jinping avant une réception précédant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi, le 7 février. Selon le Quotidien du Peuple, le journal officiel du Parti communiste chinois, la visite de Xi Jinping à Sotchi marquait la u00abrelation spéciale» des deux nations. (Alexei Nikolsky/AFP/Getty Images)

Ces derniers jours, le dirigeant du Parti communiste chinois Xi Jinping se trouvait en Russie où il a assisté à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, renforçant ainsi des liens avec les responsables russes. Il a également pris soin d’exprimer la solidarité politique de son pays avec le régime de Vladimir Poutine.

«La raison pour laquelle je suis venu à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi consiste à exprimer notre soutien envers l’orientation politique de votre pays,» a déclaré Xi Jinping au début d’une rare interview en tête à tête pour une chaîne de télévision russe.

Le voyage survient alors que le régime chinois continue à intensifier ses revendications territoriales dans les mers de Chine de l’est et du sud et maintient un dialogue acerbe avec les États-Unis concernant ses ambitions stratégiques dans l’océan Pacifique occidental.

«Entre voisins et amis, plus on passe de temps ensemble, plus on devient intime et plus on avance ensemble, plus on se rapproche. Quand un voisin organise des festivités, il faut venir et présenter ses compliments», a déclaré Xi Jinping.

Les portails Internet chinois sur lesquels la plupart des gens en Chine consultent les informations ont placé la nouvelle en haut de leur page d’accueil. Les rapporteurs officiels du Parti comme l’agence de presse Xinhua ou le journal le Quotidien du Peuple, ont aussi largement couvert le voyage et les commentaires du chef d’État.

Selon le Quotidien du Peuple, la visite de Xi Jinping à Moscou, son premier voyage à l’étranger deux années de suite, représente une «preuve marquante des liens spécifiques entre les deux pays.»

D’un autre côté, les dirigeants chinois ne se sont jamais exprimé dans ces termes dans le cadre des relations entre la Chine et les États-Unis.

Amis avec le Tiers-Monde

Une importante déclaration de politique étrangère du régime de Xi Jinping (ou du moins un document officiellement identifié comme tel) a été publiée le 25 janvier. Celle-ci soulignait que la Chine recherche le développement pacifique aussi longtemps que tous les pays respectent ses intérêts fondamentaux.

Il y était également fait mention spéciale du fait que «la Chine sera toujours amie avec les pays en voie de développement». Au contraire, encore une fois, la Chine n’a jamais fait mention spéciale d’une amitié envers les pays développés.

Cette rhétorique rappelle, bien qu’elle soit différente en substance, le soutien exprimé par l’élite chinoise maoïste envers les révolutions dans les pays du Tiers-monde dans les années 60 et 70.

Se méfier des Etats-Unis

Cette nuance idéologique en politique étrangère (qui n’exclut par ailleurs en aucun cas les considérations commerciales pragmatiques et ne cherchant en rien à nuire aux relations avec les États-Unis ou d’autres pays) correspond aux rumeurs récentes courant parmi les pontes de l’idéologie communiste concernant les dangers de l’occidentalisation.

L’an dernier, les dirigeants communistes chinois avaient démontré une attention particulière à l’effondrement de l’Union soviétique, en organisant notamment une série de conférences fortement idéologiques visant à étudier les moyens qu’avait la Chine d’éviter de subir le même sort.

«Pourquoi l’Union soviétique s’est-elle désintégrée?» avait questionné Xi Jinping lors d’un discours en 2012. «Une raison importante est que leurs croyances et leurs idéaux ont été déstabilisés.»

Xi Jinping poursuivait: «Rejeter l’histoire de l’Union soviétique et du Parti communiste soviétique, rejeter Lénine et Staline et rejeter tout le reste, c’est s’engager dans le nihilisme historique.»

«Certaines personnes définissent la réforme comme le fait de se tourner vers les ‘valeurs universelles’ occidentales... Mais cela revient à transformer en douce les idées et fausser notre conception de la réforme.»

L’une des grandes caractéristiques de ces discussions est de placer «l’Occident» (c’est-à-dire, dans les faits, les États-Unis) dans la position d’ennemi sans cesse occupé à tout faire pour renverser le système politique chinois.

Une bataille politique

Ces craintes étaient exprimées de manière plus virulente dans le documentaire intitulé La bataille silencieuse produit par l’Université nationale chinoise de la défense, la plus haute institution officielle d’étude militaire en Chine. Dans ce rapport, l’Amérique est décrit en ennemi sournois et pénible qui essaye de porter atteinte à la pureté idéologique du Parti communiste à travers le commerce, la diplomatie et les échanges d’armée à armée.

Dans les faits, les premiers raisonnements américains pour établir la base d’une relation économique approfondie avec la République populaire de Chine tournaient autour de ce qui était alors appelé la théorie de «l’évolution pacifique». Selon ce modèle, le développement économique bilatéral devait inévitablement engendrer un changement politique.

Cette théorie a aujourd’hui très nettement perdu tout crédit et ne suffit plus à éclairer l’engagement économique des États-Unis envers la Chine.

Toutefois, selon le contenu du documentaire La bataille silencieuse, les planificateurs militaires chinois semblent encore perturbés par cette idée.

Ces derniers semblent également s’opposer à l’échange et la coopération entre les deux armées. Quant à eux, les stratèges militaires américains estiment généralement que de telles relations, lorsqu’elles sont recherchées de manière à empêcher la Chine de récupérer des informations militaires américaines sensibles, peuvent s’avérer primordiales pour établir des protocoles et des lignes de communication en cas de crise.

Cette attitude entre les deux grandes puissances ennemies offre un contraste frappant avec les liens militaires que la Chine entretient avec la Russie. En juillet et août de l’an dernier, les deux pays ont organisé des manœuvres militaires bilatérales, pour donner un exemple de leurs «puissants liens militaires», selon l’agence officielle russe RIA Novosti.

Pékin a réitéré ses positions dans ce sens en novembre dernier. Selon Xinhua, «la relation Chine-Russie complète, stratégique et coopérative a maintenu le développement dans un élan positif.» La dépêche concluait: «Ce partenariat politique ancré au plus haut niveau a créé des conditions favorables pour les échanges militaires.»

 

Version en anglais: China’s Xi Jinping Shows Solidarity in Sochi

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