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Catherine Samba-Panza peut-elle instaurer la paix en RCA?

Écrit par Kremena Krumova, Epoch Times
20.02.2014
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  • Les populations chrétiennes célèbrent le départ des milices musulmanes du Seleka qui ont déserté le camp Kasai à Bangui, le 28 janvier 2014. (AP Photo/Jerome Delay)

Le mercredi 5 février, la présidente par intérim de la République centrafricaine (RCA) a déclaré aux centaines de soldats debout en formation, qu’elle était fière d’eux. Malgré son appel à mettre de l’ordre dans le pays, dès son départ, les soldats ont rompu les rangs pour lyncher un homme sans aucune pitié, avant de traîner son cadavre dans les rues.

Ce terrible meurtre montre le degré de haine et de sauvagerie dans lequel ce pays pauvre a sombré, ainsi que les difficultés de la communauté internationale à le stabiliser, malgré les milliers de soldats de la paix déployés sur place.

L’objectif du rassemblement du 5 février était de mettre en évidence la reconstruction de l’armée nationale, en lambeaux depuis le coup d’État qui a renversé l’ex-président François Bozizé en mars 2013. La chef d’État de transition, Catherine Samba-Panza, a pris le pouvoir le mois dernier, après le départ du chef des rebelles au pouvoir, Michel Djotodia, sous une pression internationale toujours plus grande.

Catherine Samba-Panza a redonné au pays l’espoir d’un rétablissement de la paix et d’une réconciliation nationale. Elle dirigera le pays une année et le mènera aux élections nationales.

Cependant, pour les spécialistes, si elle ne s’attaque pas aux causes profondes des combats en cours entre chrétiens et musulmans, la paix sera de courte durée.

Des défis historiques

Pour Raphaël De Benito, du bulletin mensuel Billets d’Afrique installé à Paris, «la crise actuelle est le résultat d’une lente décomposition de la République centrafricaine». Le pays, estime-t-il, n’a jamais eu la chance de se développer en raison de son passé colonial, des coups d’État, de la corruption endémique et du pillage des ressources.

Le conflit qui enflamme le pays est d’ordre social. Il a été alimenté par l’extrême pauvreté, le manque d’accès aux ressources, et le manque de redistribution des revenus issus de l’exploitation des minéraux.

En outre, le gouvernement et ses institutions sont défaillants. Des milliers d’hommes armés – soupçonnés d’être majoritairement des Soudanais ou des Tchadiens et non des Centrafricains – qui ont participé à renverser l’ancien président, sont maintenant sans émolument. Sans compter toutes les milices du pays qui prétendent soutenir le président évincé Bozizé.

Comment résoudre la crise centrafricaine?

Selon Christopher Zambakari, directeur de cours à l’université du Queensland en Australie, membre Rotary pour la paix mondiale, le défi de la présidente par intérim est de restructurer le pouvoir de manière à ce qu’il s’adapte aux divers groupes qui composent le pays sans discriminer certains membres de la société sur la base de l’origine ethnique ou religieuse.

La discrimination est une autre cause profonde du conflit en RCA. «Les personnes qui portent des noms à consonance musulmane sont davantage taxées – que les personnes avec des noms chrétiens – aux barrages routiers qui prolifèrent, surtout dans les régions du sud et de l’ouest du pays. Il est en outre plus difficile pour ceux qui viennent du nord-est d’obtenir des documents d’identité nationaux. Beaucoup de musulmans, comme l’ancien président Michel Djotodia, ont pris un nom chrétien, afin de minimiser la discrimination qu’ils subissent».

Du coup, même si Catherine Samba-Panza fait tout son possible, au final la paix dépendra de la bonne volonté des combattants qui s’affrontent dans le pays.

Dans un email, Douglas Orang, professeur d’anglais et de linguistique à l’université de Djibouti constate que «lorsque Djotodia était au pouvoir, les chrétiens ont été stigmatisés, et maintenant qu’un chrétien l’a remplacé au sommet de l’État, les chrétiens chercheraient à se venger». Il poursuit son analyse: «La résolution de la crise est conditionnée par la bonne volonté des religieux. Cela rend difficile pour la présidente par intérim de négocier la paix».

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