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La Chine veut concrétiser sa montée avec le «respect mutuel» des États-Unis

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
27.02.2014
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  • Cui Tiankai, l’ambassadeur chinois aux États-Unis, a prononcé un discours au Center for American Progress le 20 février à Washington, D.C. (Matthew Robertson/Epoch Times)

WASHINGTON – L’ambassadeur chinois aux États-Unis, Cui Tiankai, n’a pas l’habitude de fréquenter n’importe quelle conférence organisée par un groupe de réflexion pour y livrer un discours.

Il a toutefois fait une exception le 20 février pour une conférence dédiée à la théorie du «nouveau modèle de relations entre superpuissances». Ce «nouveau modèle» apparaît comme la pièce maîtresse de la politique étrangère chinoise pour tenter de définir les termes de la relation entre Pékin et Washington.

Un manque d’intérêt marqué du côté des décideurs américains n’a pas empêché la Chine d’annoncer avec grande fanfare l’arrivée de cette nouvelle politique.

«Nos deux présidents ont déjà pris cette importante décision : nous devons travailler ensemble sur ce nouveau modèle de relation», a déclaré Cui Tiankai dans son discours au Center for American Progress.

Le président américain, Barack Obama, avait poliment reconnu la théorie en juin 2013, mais depuis les déclarations américaines ont été moins avenantes.

En effet, l’ambassadeur chinois a exprimé son mécontentement envers les récentes déclarations de responsables américains. Daniel R. Russel, secrétaire d’État adjoint pour l’Asie de l’Est et le Pacifique, et Evan Medeiros, directeur principal pour les Affaires asiatiques au Conseil de sécurité nationale, ont tous deux récemment expliqué la position officielle de Washington sur les tensions maritimes en mers de Chine méridionale et orientale.

«Je dois souligner ici que les déclarations de responsables gouvernementaux et de porte-parole, utilisant parfois un langage coercitif, ne sont pas vraiment constructives», a déclaré M. Cui.

«Tout autant non constructives sont ces déclarations qui peuvent débuter par une affirmation qu’aucune position n’a été prise sur certaines questions, et qui sont ensuite suivies par de longues accusations qui sont de toute évidence biaisées et sans fondement.»

«Les interprétations unilatérales de certains instruments juridiques internationaux, et les tentatives d’imposer ces interprétations sur les autres, sont également non constructives», a-t-il ajouté. «J’espère donc qu’à l’avenir nous ne témoignerons pas trop souvent de telles déclarations.»

Le messager

Le groupe ayant organisé l’événement du 20 février, la China-U.S. Exchange Foundation, est présidé par C.H. Tung, ou Dong Jianhua en mandarin. Il a été le premier administrateur général de la Chine à Hong Kong et est actuellement le vice-président de la Conférence consultative politique du peuple chinois, soit essentiellement un organe consultatif au Parti communiste chinois.

Selon le Project 2049 Institute, un groupe de réflexion basé en Virginie dédié à la sécurité en Asie, l’Exchange Foundation a une «relation étroite» avec la China Association for Friendly International Contact, soit le porte-étendard des «opérations d’influence» de l’Armée populaire de libération chinoise.

Les opérations d’influence, selon Project 2049, visent à «promouvoir la montée de la Chine au sein d’un nouvel ordre mondial et à se défendre contre les menaces perçues à la sécurité de l’État». Aussi appelées «guerre politique», ces activités «utilisent les opérations psychologiques stratégiques afin de guider le discours international et d’influencer autant les politiques des amis que des ennemis».

L’événement tenu au Center for American Progress cadrait-il dans cette stratégie? Lorsque questionné sur le sujet, Rudy deLeon, une personnalité importante au Center for American Progress, a répondu : «Je crois que chaque pays parle de sa propre voix. Ce sont des voix chinoises qui parlent et des voix américaines qui parlent. Nous parlons tous avec notre propre voix.»

La voix chinoise sur ce sujet particulier est assez volubile. Les groupes de réflexion chinois ont reçu la directive de tenir des discussions avec leurs homologues américains depuis la fin de l’année dernière, et des anciens ou actuels responsables chinois ont depuis également présenté ou fait la promotion publique de l’idée.

Washington sur ses gardes

On se demande toutefois ce que le «nouveau modèle» requiert des États-Unis, et le concept inspire la méfiance à Washington.

Un des piliers du «nouveau modèle» est le «respect mutuel». Toutefois, les États-Unis se méfient parfois de cette expression.

«Il s’agit, de prime abord, d’une expression acceptable», affirme Robert Daly, directeur du Kissinger Institute on China and the United States au Wilson Center. «Mais les Américains ne l’entendent pas nécessairement comme le souhaitent les Chinois.»

Les Américains peuvent entendre deux choses, explique M. Daly en entrevue téléphonique. La première est que le «“respect mutuel” signifie accepter les intérêts fondamentaux chinois» même s’ils entrent en conflit avec ce que les États-Unis considèrent comme leurs propres intérêts.

«L’autre chose que les Américains entendent dans “respect mutuel” est de se taire, soit que dans le nouveau modèle de relations entre superpuissances, la Chine s’attend à ce que les États-Unis demeurent silencieux au sujet des actions et politiques qui déplaisent aux États-Unis», ajoute M. Daly. Alors qu’il y a des situations où les États-Unis devraient baisser le ton, estime M. Daly, leur demander de se taire n’est probablement pas une stratégie gagnante.

Selon lui, la discussion doit être plus ancrée dans des scénarios actuels. «Par exemple, pouvons-nous aborder en détail une architecture sécuritaire dans le Pacifique occidental que la Chine et les États-Unis pourraient accepter?»

Lorsque Xi Jinping a mis l’idée sur la table pour la première fois en 2012, la réaction américaine a été favorable, puisqu’elle signifiait essentiellement que les États-Unis et la Chine n’allaient pas entrer en guerre.

«Personnellement, je pense que les États-Unis et la Chine auraient dû s’arrêter là, lorsqu’il y avait un accord», affirme Bonnie Glaser, conseillère principale pour l’Asie au Center for Strategic and International Studies.

«Mais à Sunnylands, Xi a insisté pour mettre de l’avant une “définition positive” qui inclut une coopération bénéfique à tous et un respect mutuel pour les intérêts fondamentaux et préoccupations principales de l’autre. Ce dernier point n’est pas quelque chose que les États-Unis sont prêts à accepter», affirme-t-elle.

«Ainsi la définition du concept demeure un défi.»

Attentes

Selon John Tkacik, un associé supérieur à l’International Assessment and Strategy Center, la Chine présente le «nouveau modèle» en partie pour que les États-Unis abandonnent certains de leurs intérêts fondamentaux.

«Je ne crois pas que les Chinois ont en fait établi en détail ce que constitue le “nouveau modèle”, autre que les États-Unis devraient respecter les “intérêts fondamentaux” de la Chine préférablement au détriment des intérêts fondamentaux des États-Unis», indique-t-il.

M. Tkacik déduit qu’ultimement, le «nouveau modèle» demandera aux États-Unis d’abandonner leurs alliances-clés en Asie – avec le Japon, la Corée et les Philippines – comme condition préalable à l’application du modèle.

«Je ne vois pas que Pékin a d’autres changements en tête», dit-il. «La Chine est la puissance montante, et les États-Unis doivent céder leur place dans ce “nouveau modèle”.»

Version originale : A ‘Model’ Relationship Has US and China at Odds

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