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50 ans de diplomatie franco-chinoise au goût amer

Écrit par David Vives, Epoch Times
04.02.2014
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  • La statue du général De Gaulle devant le Grand Palais de Paris. Le 27 janvier 2014 a marqué les 50 ans de la diplomatie franco-chinoise. (AFP PHOTO/Joel Robine)

Il y a cinquante ans, le président Charles De Gaulle était le premier à reconnaître la République Populaire de Chine de Mao comme partenaire diplomatique. Si l’appel du général était visionnaire sous plusieurs aspects quant à la Chine, il ne pouvait pas deviner que le caractère autoritaire du gouvernement communiste n’allait pas s’amoindrir. Aujourd’hui, la Chine, aux côtés de la Russie, bloque des résolutions importantes de l’ONU, signe des contrats avec les plus grandes dictatures mondiales et présente un bilan respect des droits de l’Homme des plus  alarmants. Les Chinois, comme n’importe quel peuple, souhaitent voir les valeurs des libertés et des droits s’appliquer à leur pays. Seulement, le parti communiste chinois ne représente pas son peuple puisqu’il n’est pas élu démocratiquement et qu’il se maintient au pouvoir par l’armée et la police, mais il demeure cependant l’unique interlocuteur des pays occidentaux.

Le coup de poker diplomatique de Charles De Gaulle

Le général De Gaulle a été le premier à reconnaître l’indépendance de la Chine le 27 janvier 1964. Le geste peut être lu de différentes façons: vision d’une indépendance des peuples comme valeur universelle, affirmation de la place encore déterminante de la France dans le monde, volonté forte de dépasser les anciens systèmes de colonisations, la guerre d’Indochine, et la division du monde en un bloc soviétique et l’autre occidental. De Gaulle confiait alors à Alain Peyrefitte: «Nous allons tourner la page coloniale, celle des concessions en Chine comme celle de l’Indochine française. Cela veut dire que la France revient en tant qu’amie, et que nous pourrons aider la Chine dans la mesure de nos moyens». De Gaulle, entrevoyant peut-être un espoir que les Chinois puissent exister en dehors du communisme, ajoutait: «Avant d’être communiste, la Chine est la Chine.»

Cependant, le Parti Communiste chinois, tout au long de son histoire, a pris soin de faire taire toutes voix s’opposant à son pouvoir, allant jusqu’à porter une «guerre de la pensée» dans toutes les couches de la population chinoise. À l’époque, les paroles de Mao Tse Toung «combattre le ciel est une joie sans fin, combattre la terre est une joie sans fin, et lutter contre l’humanité est une joie sans fin» résonnaient dans toute la Chine et étaient prises à la lettre par les milices et les Gardes Rouges.

La France et la Chine, deux «amies» bien loin de se comprendre

Un an après la reconnaissance française, Mao lançait la «Révolution culturelle», ayant pour but de «reconstruire un nouveau monde  en détruisant l’ancien». La lutte des classes légitimait une violence sans pareil entre les Chinois, le fils contre le père, l’élève contre le professeur, les paysans contre les intellectuels, les pauvres contre les riches, etc. Entre 60 et 80 millions de Chinois innocents ont été tués. Quelques années seulement, parcourues de massacres, de pillages, de dénonciations et de destructions ont eu presque raison des 5.000 ans de la culture chinoise traditionnelle. La Chine, si l’on suit les paroles du Général, était de moins en moins elle-même.

La déclaration de 1964 n’eut également aucun effet sur le commerce entre les deux pays. En 1970, la France, au troisième rang dans son commerce avec Pékin, déclina progressivement de cette position. A posteriori, l’annonce du président français tenait donc plus du coup d’éclat et d’un tour de force diplomatique que l’amorce d’une construction solide et durable d’une amitié entre les deux pays. A contrario, le geste de De Gaulle fut un capital politique pleinement utilisé par les autorités chinoises, qui traitèrent par la suite avec les pays européens, et parlèrent d’égal à égal avec les Américains qui refusaient de traiter avec eux. En 1964, De Gaulle prédisait que la «Chine redeviendrait la première puissance de l’univers». Cela sonne étrangement juste de nos jours. La France, elle, était une «puissance morale». En 50 ans, elle ne fut pourtant pas écoutée au sujet des droits de l’homme, alors que le régime communiste devenait de plus en plus strict sur le contrôle de sa population.

Pour Pékin, aujourd’hui, la France souffre de déclin. «Peut-être Paris aurait-elle besoin d’un autre De Gaulle pour rapprocher davantage les deux pays», ironise à moitié un journal officiel chinois. Les officiels chinois mettent souvent en opposition la «Grande France» de De Gaulle avec la France actuelle, une façon de sous-entendre son affaiblissement sur le plan international. La grandeur de la France au profit de la légitimité du pouvoir communiste, voilà sans doute l’utilité qu’attend le régime chinois de ses «amis». Le peuple chinois, pour sa part, espère peut être quelque chose d’autre.

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