Signes tangibles de discrimination après le massacre de Kunming

Écrit par Lu Chen, Epoch Times
10.03.2014
  • 3 mars 2014: Des paramilitaires chinois patrouillent aux alentours du lieu de l’attaque qui a eu lieu dans la gare principale de Kunming, province du Yunnan. Suite à cet acte de violence, les signes de discrimination enevrs les Ouïghours ont fait réagir certains membres du public chinois (Mark Ralston/AFP/Getty Images)

Suite à la tuerie sauvage qui a eu lieu dans une gare du sud de la Chine et attribuée à des séparatistes de la région autonome ouïgoure du Xinjiang, des représentants du peuple chinois se sont exprimés pour dénoncer les tactiques policières brutales utilisées à l’encontre des habitants du Xinjiang.

Après que huit personnes armées de couteaux aient poignardé et tué 29 personnes et blessé plus de 140 autres le 1er mars dernier, les responsables de la propagande chinoise ont affirmé qu’il s’agissait d’une attaque terroriste organisée par «les forces séparatistes du Xinjiang». Le Xinjiang est la région abritant la minorité turcophone musulmane ouïgoure.

Suite à cet incident, la police a intensifié ses contrôles envers les personnes identifiées comme ouïgoures, multipliant les fouilles à domicile, contrôlant les permis de résidence et exigeant des ressortissants du Xinjiang de «signaler immédiatement» leurs arrivées et départs dans une nouvelle résidence.

Inspections

Depuis le 2 mars, un communiqué circulant dans la ville de Nanning, province du Guangxi, voisine de la province du Yunnan où l’incident a eu lieu, publié par un poste de police, stipule: «Si vous voyez des gens du Xinjiang vivre ici, gérer des entreprises, en voyage et ainsi de suite, signalez-le immédiatement au poste de police de Xianhu.»

Des annonces similaires ont été émises dans d’autres villes. Une annonce du 4 mars dernier, imprimée par le poste de police de la ville de Xining, la capitale de la province du Qinghai dans l’ouest de la Chine, a été postée sur Twitter.

Celle-ci disait: «À partir d’aujourd’hui, tous les propriétaires de logements dans le district, s’ils sont originaires du Xinjiang, Ouïgours ou Tibétains, doivent se rendre au poste de police pour s’enregistrer.»

La demande a provoqué de vives discussions sur Internet. Beaucoup de Chinois ont jugé qu’elle était discriminatoire et ont exigé une explication.

Selon un internaute de la ville de Dali, province du Yunnan, sur Weibo, une plate-forme similaire à Twitter en Chine, le 2 mars dernier, un jeune Ouïgour nommé Ablet a été contraint de déménager de son logement qu’il louait à Dali en raison de son identité ouïgoure.

La police a cherché à punir le propriétaire de n’avoir pas signalé qu’Ablet était ouïgour et a aidé le propriétaire à l’expulser.

Le message a rapidement attiré l’attention des médias et du public sur le thème de la discrimination, ce qui a eu comme résultat qu’Ablet a reçu des excuses de la part de la police locale.

Pas tous des terroristes

Selon de nombreuses personnes en Chine, l’intense couverture médiatique de l’attaque de Kunming par la presse chinoise, qui utilise régulièrement des termes comme «attaque terroriste des séparatistes du Xinjiang» dans ses gros titres, en identifiant les agresseurs comme des «gens du Xinjiang» et des «Ouïgours» a provoqué la haine et la panique à l’encontre du groupe ethnique ouïgour.

En ligne abondent les anecdotes d’habitants réguliers du Xinjiang qui se sont vus refusés le séjour dans un hôtel ou une course en taxi. Un flot de messages sur les médias sociaux chinois a attiré l’attention sur ce type d’incident.

Beaucoup de Chinois ont manifesté leur sympathie envers les Ouïgours en général, exhortant les autorités à ne pas attiser la haine ethnique.

L’actrice Tong Liya, elle-même ouïgoure, a fait remarquer: «Les terroristes violents ne représentent pas un groupe ethnique. Je vous prie de ne pas transférer la colère envers les terroristes sur un groupe ethnique ou une région.»

Wang Jingchun, également acteur, a écrit: «Je suis né et j’ai grandi dans le Xinjiang. Pour être juste, les gens du Xinjiang sont vraiment chaleureux, cordiaux et hospitaliers.»

La transmission des faits remise en question

Les groupes ouïgours internationaux ont soulevé des questions au sujet de la conclusion rapide du régime chinois sur l’identité des assaillants et de ses réactions visant à stopper toute forme de journalisme indépendant concernant l’attaque. Ils ont également exigé de savoir pourquoi les censeurs de l’Internet chinois avaient supprimé les reportages et les photos de l’incident.

Selon certains experts, cette conclusion rapide soutenait la ligne officielle.

«Des incidents violents liés au Xinjiang peuvent être utilisés par le Parti communiste pour mettre en place un consensus dans la communauté,» a déclaré dans un échange écrit Wen Zhao, un observateur averti des affaires chinoises, vivant à Toronto, Canada. «Le Parti veut faire croire aux Chinois que sans sa présence au pouvoir, le pays serait divisé, la sécurité des personnes ne serait pas assurée et que les ‘terroristes’ séviraient.»

C’est ainsi que sont apparus les troubles ethniques dans le Xinjiang qui, pour les militants, résulte de l’approche colonialiste du Parti dans la gouvernance de la région.

«Le Parti a échoué dans sa gouvernance du Xinjiang et ne peut pas trouver d’issue. Donc, il a trouvé un ennemi pour lui faire endosser la responsabilité,» explique Heng He, un observateur politique pour New Tang Dynasty Television.

«Le Parti peut maintenant utiliser l’attaque comme une excuse ou pour soutenir la répression violente. C’est toujours facile d’inciter au nationalisme et d’en profiter.»

Version en anglais: After Kunming Massacre, Reports of Discrimination in China

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