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J’aurais voulu être… un proprio d’équipe sportive

Les incitatifs à devenir propriétaire d’équipe sportive

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
10.03.2014
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  • Le capitaine de l’équipe, Patrice Bernier, un des protégés de Joey Saputo, propriétaire de l’Impact de Montréal (Impact de Montréal)

Samedi dernier, l’Impact de Montréal a commencé sa saison alors qu’elle affrontait le FC de Dallas au Toyota Stadium dans l’«État de l’étoile solitaire». L’idée de posséder cette équipe sportive a sans doute traversé l’esprit de bien des partisans se réjouissant du retour au jeu de leur club québécois. Quels sont les incitatifs qui poussent des individus à acheter des équipes de sport?

La richesse et la liquidité abondante ne font pas le propriétaire d’équipe sportive uniquement. Bien d’autres incitatifs entrent en ligne de compte lorsque le souhait d’avoir sa propre équipe sportive devient réalité. Philip Merrigan, professeur au département des sciences économiques de l’UQAM, spécialisé notamment en économie du travail et en équipes sportives, dresse un portrait différent des proprios d’équipes où le profit n’est pas la motivation essentielle.

Être actif dans la communauté

«Comme tout entrepreneur, ils ont l’objectif de faire de l’argent mais, de manière générale, ils sont prêts à accepter des rendements inférieurs à des rendements disons de type boursiers, parce que ça leur apporte bien plus que de l’argent. Ça les rapproche de la communauté, ils deviennent des personnages importants. C’est le cas pour M. Molson [propriétaire du Canadien de Montréal] et la famille Saputo [propriétaire de l’Impact de Montréal]», énumère M. Merrigan.

Dans le portrait de M. Geoff Molson sur le site officiel du Canadien de Montréal, on peut prendre connaissance que son implication communautaire est effectivement une part importante de sa démarche de propriétaire d’équipe. Il contribue à la Fondation de la famille Molson, qui apporte son soutien à de nombreuses initiatives philanthropiques à travers le Canada. De plus, il fait partie du conseil d’administration de la Fondation de l’Hôpital St. Mary’s, membre du conseil d’administration de la Fondation des Canadiens pour l’enfance et de la Fondation de la famille Molson, de même que du Fonds de Bienfaisance Molson Coors Canada et de la Fondation Molson Coors.

«Même si les industries du sport dans une ville demeurent petites, les propriétaires d’équipes jouissent d’une couverture médiatique qui est très intéressante. Pourtant, il n’y a aucune commune mesure économique entre le Canadien de Montréal et Bombardier en termes d’entreprise par exemple. On va quand même parler davantage de M. Molson que de Pierre Beaudoin [président et chef de la direction de Bombardier] dans les médias. C’est très rare qu’un chef d’entreprise va avoir une couverture médiatique importante», fait comprendre le professeur au département des sciences économiques de l’UQAM.

Le degré de visibilité est proportionnel à la popularité du sport. «C’est clair qu’historiquement, au Canada, on n’avait pas beaucoup de contacts avec le soccer. On ne le voyait pas à la télévision dans les années 1960-70-80. C’est un sport qu’on voyait parfois à la Coupe du Monde au soccer, mais il n’y avait pas de chaîne câblée. Avec l’immigration, la relation avec le soccer a changé, il s’est créé des ligues et le sport prend de plus en plus d’espace mais, quand même, les revenus générés au hockey sont nettement supérieurs au soccer et au football, mais aussi tout le rayonnement qui en suit», explique Philip Merrigan

«Il y a toujours eu cette perception, qui est très juste à mon avis, que le football canadien est un produit très inférieur à ce qui se fait aux États-Unis. Automatiquement, on est prêt à payer moins, donc l’intérêt est moindre. Les revenus générés par le football canadien, c’est une goutte d’eau à comparer à ce qui est généré par rapport au football américain. À Montréal, dès que l’équipe commence à perdre un peu, il y a beaucoup de bancs vides, c’est le cas des deux dernières années. On n’arrive pas à remplir le stade qui n’est pas très gros. C’est une période difficile pour le football à Montréal. En outre, le football américain peut être vu sur bien des chaînes, spécialisées ou non», constate l’expert en économie du travail et en équipes sportives.

Enflammer les émotions


«Tout le monde aimerait prendre les grandes décisions pour le Canadien. Il y a une espèce de plaisir “phantasmique” à diriger une équipe sportive», décrit M. Merrigan.

«C’est émotionnel, c’est un gros joujou, mais ces gens-là ne veulent pas perdre de l’argent pour autant. Ils peuvent avoir des années plus difficiles mais, si l’équipe ne va plus, ils vont vouloir s’en défaire. Ç’a été le cas avec la compagnie Molson qui s’en est départie à la fin des années 1990, quand la situation financière était très précaire», rappelle-t-il.

  • Geoff Molson, un des fils de John Molson, est le président et chef de la direction du Canadien de Montréal. (Club de hockey Canadien inc.)

L’aspect émotionnel est intimement lié à la relation qu’a le propriétaire d’équipe avec le sport. On peut lire sur le site du Canadien de Montréal, sur la page faisant une description de M. Geoff Molson, le propriétaire et directeur en chef de la direction du club : «[…] un ardent partisan des Canadiens depuis son plus jeune âge». De plus, au cours de ses études universitaires à St. Lawrence, à Canton, N.Y., il a fait partie de l’équipe de hockey des Saints de St-Lawrence.

La répercussion de l’exaltation qu’engendre l’achat d’une équipe sportive a certainement ses échos sur le plan financier. «En ce qui a trait aux montants qui ont été offerts pour la vente du Canadien en 2009, la mise de M. Molson était 110 millions US plus élevée que Québecor, qui se chiffrait dans les 450 millions US. L’offre de Québecor était le montant qui correspondait le plus au chiffre d’affaires du Canadien. Les deux géants du Québec avaient les mêmes livres financiers devant eux. Ils ont vu exactement les mêmes chiffres. Pourquoi y a-t-il un écart aussi grand entre Vidéotron et M. Molson? Les émotions», en conclut Philip Merrigan.

«Il y a eu une période où il y a eu des firmes médiatiques, comme Disney, qui s’étaient impliquées dans le sport professionnel et s’en sont rapidement retirées. Je pense que ça ne leur donnait pas les rendements prévus ou la visibilité recherchée. Les grandes firmes qui achètent sont donc plus sensibles à la performance économique que les propriétaires-hommes d’affaires qui ont un attachement émotif. Ils vont être prêts à avoir des rendements inférieurs sans vendre l’équipe», réaffirme le prof de l’UQAM.

«En 2000, quand le Canadien avait été vendu à un Américain [George Gillett], la situation financière globale était tellement mauvaise que même les considérations plus émotives devaient être écartées. Il y a eu beaucoup de bancs vides à la fin des années 1990», spécifie-t-il.

N’être qu’un homme d’affaires

«Vous pouvez être un mauvais propriétaire d’équipe et faire beaucoup d’argent. Une des stratégies est de mettre une mauvaise équipe sur le terrain. Dans chaque ligue professionnelle, il y a beaucoup de transferts de revenus qui se font. Des équipes qui vont bien transfèrent de l’argent aux équipes qui vont moins bien. Dès le début de l’année, il y a des montants qui sont fixés et donnés à chaque équipe, toutes sortes de formes de revenus qui sont partagés. Des équipes qui n’offrent pas de bonnes performances et qui n’intéressent pas les gens, grâce à ces revenus partagés, vont déjà recevoir des sommes énormes du central de la ligue. Ces revenus proviennent de la télé, de la vente de marchandises ou de billets et le tout est aussi divisé», retrace M. Merrigan.

«Au hockey, il y a une équipe qui s’appelle [les Predators de] Nashville. Elle est gérée par son propriétaire de sorte que les joueurs aient un salaire à la limite inférieure. Il y a un plafond pour le salaire des joueurs, mais aussi un plancher. Il y a des équipes de hockey qui sont plus proches du plancher et on pense que ces équipes perdent de l’argent, mais pas nécessairement. L’équipe peut offrir de mauvaises performances, mais continuer à recevoir les revenus du central de la ligue. Ces propriétaires peuvent vivre avec les mécontentements des amateurs ou des connaisseurs de hockey. Ils sont inscrits dans une mécanique d’affaires et c’est tout ce qui compte», décrit-il.

Si on va dans le sens contraire, on peut reconnaître un bon propriétaire sur une période plus longue, soit d’environ 20 ans, selon M. Merrigan. «Un bon propriétaire est un homme qui choisit de bons hommes de hockey qui vont permettre à l’équipe de progresser. Dans la situation du Canadien et de M. Molson, il a engagé Marc Bergevin [ancien joueur de hockey et directeur général de l’équipe] à Montréal, avec de l’aide de Serge Savard [ancien joueur vedette du Canadien] pour choisir les joueurs. Il y a de cela environ deux ans, M. Molson a congédié les hommes qui étaient en place et a permis qu’une nouvelle équipe se forme. En deux ans, difficile de dire s’il a fait les bons choix. Depuis qu’ils sont avec le Canadien, l’équipe figure dans les trois premiers clubs de leur division, alors qu’avant il était en dernière place. Le tout peut s’évaluer à long terme», croit-il.

«À Détroit et à New Jersey, les proprios de hockey ont embauché des hommes de hockey de très grand talent, qui ont eu un flair pour composer leurs équipes et choisir d’excellents joueurs. À Détroit, les hommes de décision mis en place par le propriétaire de l’équipe très impliqué n’ont pas bougé depuis 20 ans. Les résultats sont éloquents», indique M. Merrigan.

Faire évoluer le sport

«Généralement, ce ne sont pas les propriétaires d’équipe, mais plutôt les commissaires, développant l’économie du sport dont ils sont responsables, qui ont le pouvoir de faire changer ou de faire évoluer le sport en question, mais il y a des exceptions», souligne le connaisseur des rouages derrière les équipes sportives.

«L’homme d’affaires Charles Finley, propriétaire de l’ancien club de baseball des Athletics d’Oakland, avait innové en voulant ajouter plus de couleurs dans le sport, plus précisément que les joueurs puissent avoir une tenue plus flamboyante que celle qui était plutôt monochrome dans les années 1960. Sa décision a encore son effet aujourd’hui», relate Philip Merrigan.

«Le propriétaire de l’équipe de hockey des Kings de Los Angeles, Bruce McNall, avait réussi à obtenir le joueur étoile Wayne Gretzky dans un échange et grâce à une importante transaction bancaire durant les années 1980. Cela a sans doute pu faire en sorte que Los Angeles compte maintenant deux équipes de hockey, beaucoup d’équipes mineures ont vu le jour, mais surtout ce changement a pu faire rayonner la LNH et le hockey à travers le monde», signale le professeur en économie.

«Lors de conflits éventuels, il peut être une bonne chose que les propriétaires puissent avoir des relations personnelles avec leurs joueurs. Ils ne vont pas dans le vestiaire de l’équipe, mais certains cherchent à ce que les joueurs les connaissent et à ce qu’ils leur parlent librement. Pas n’importe quel joueur a ce privilège, ce sont souvent ceux qui sont les plus importants de leur franchise. Dans des cas qui sont plus délicats et qui touchent les joueurs vedettes, ils vont essayer de s’impliquer. Cela demeure difficile comme tout est dans la convention collective des joueurs. Il n’y a presque pas de marge de manœuvre. Les proprios peuvent seulement être présents, les écouter, voire être psychologues avec leurs grands joueurs», développe M. Merrigan.

Propriétaires d’équipes montréalaises

Impact de Montréal – famille Saputo

  • Joey Saputo, le leader de la famille Saputo, propriétaire de l’équipe de soccer de l’Impact de Montréal (Impact de Montréal)

Très impliquée dans le soccer canadien depuis une trentaine d’années tout en étant une icône québécoise en matière de fromage, la famille Saputo est non seulement le propriétaire de l’Impact de Montréal, mais elle est aussi active comme commanditaire du Manic de Montréal, club de soccer professionnel basé à Montréal faisant partie de la Ligue nord-américaine de soccer (NASL).

Elle a permis à l’Impact, qui a connu des difficultés financières en 2001, de repartir de plus belle, entre autres, en dotant l’équipe du statut d’OSBL, en plus de la diriger au quotidien.

Le Stade Saputo, domicile de l’Impact de Montréal situé dans le Parc olympique, est une des récentes contributions au développement du soccer par la famille d’origine italienne. À la tête d’un groupe d’investisseurs composé de membres de sa famille, Joey Saputo représente leurs différentes parts.


Les Alouettes de Montréal – Bob Wetenhall

Originaire de l’Ouest américain, Bob Wetenhall est un entrepreneur et l’un des membres fondateurs de McConnell Wetenhall & Co. Inc. de New York, compagnie active dans le domaine financier. Cette dernière possède plusieurs parts dans l’immobilier commercial et résidentiel et aussi dans le secteur des ressources naturelles.

Son intérêt pour le football date depuis plusieurs décennies. Il a été copropriétaire des Patriots de Boston à la fin des années 1960. Quelque temps après, il est devenu propriétaire des Patriots de la Nouvelle-Angleterre, mais aussi d’une équipe de la Ligue nord-américaine de soccer durant les années 1970.

Possédant une résidence à Montréal et à New York, il vit actuellement en Floride. Il a développé un intérêt pour le domaine des affaires canadiennes alors qu’il a été directeur de Norin Corp., entreprise spécialisée en assurances et appartenant à Maple Leaf Mills durant les années 1970 et 1980.

Canadien de Montréal – famille Molson (Geoff Molson) et partenaires

En plus d’avoir acquis le Club de hockey Canadien, la famille Molson détient le Centre Bell et l’entreprise evenko (important diffuseur/producteur et promoteur québécois indépendant, produisant annuellement plus de 1000 événements musicaux, familiaux, sportifs partout au Québec et ailleurs au Canada). Les Canadiens de Montréal compte aussi des partenaires financiers suivants : BCE/Bell, la Compagnie Woodbridge Limitée, le Fonds de solidarité FTQ, Banque Nationale Groupe Financier, Michael Andlauer et Luc Bertrand.

Geoff Molson, propriétaire, président et chef de la direction du Tricolore, a fait ses débuts dans l’entreprise familiale comme livreur à la Brasserie Molson durant l’été, avant d’occuper les fonctions de représentant des ventes et du marketing. Fondée par John Molson en 1786, Molson est la plus ancienne brasserie en Amérique du Nord, avec une histoire qui s’étend sur plus de 227 années. 



Ayant fait ses études et ayant acquis des expériences de travail enrichissantes aux États-Unis, M. Molson rentre chez lui et regagne l’entreprise Molson en 1999. Il se concentre alors sur ses responsabilités de président du conseil d’administration et propriétaire des Canadiens de Montréal.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.