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Marche arrière en Chine quant aux organes de prisonniers exécutés

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
24.03.2014
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  • Les prisonniers représentent la source principale d’organes en Chine. (China Photos/Getty Images)

Le domaine international des transplantations cultive depuis plusieurs années l’idée selon laquelle le système de transplantation d’organes de la Chine allait s’éloigner d’une dépendance aux organes de prisonniers exécutés pour développer son propre système de dons volontaires.

On en parle depuis 2006, alors que des informations lugubres avaient fait surface au sujet des prélèvements d’organes forcés sur des pratiquants de Falun Gong, une discipline spirituelle persécutée. Des responsables chinois avaient déclaré que les organes étaient prélevés seulement sur des prisonniers devant être exécutés, et que ces derniers étaient consentants.

Depuis, des organisations comme la Transplantation Society et l’Organisation mondiale de la santé ont cherché comment coopérer avec la Chine et ont généralement fait attention de ne pas critiquer le système de transplantation du Parti communiste chinois. Coopération internationale et progrès étaient les mots d’ordre.

Cependant, ces efforts ne semblent pas avoir porté des fruits si l’on se fie aux récentes déclarations de Huang Jiefu, l’autorité chinoise en matière de transplantation.

M. Huang a occupé le poste de sous-ministre de la Santé de 2001 à 2013 et il a représenté la politique chinoise en matière de transplantation depuis les premières révélations sur les prélèvements forcés. Il a quitté le ministère de la Santé l’année dernière pour diriger le Comité chinois sur les dons et transplantations d’organes, soit la plus importante organisation officielle du pays dans le domaine.

Dans une entrevue avec un quotidien chinois dernièrement, M. Huang a défendu la pratique d’approvisionnement en organes chez les prisonniers exécutés.

Non seulement l’a-t-il défendue, mais il a aussi appelé à son développement.

«Les instances judiciaires et les ministères de la santé locaux devraient établir des liens et permettre aux prisonniers dans l’antichambre de la mort de donner leurs organes volontairement et être ajoutés au système informatisé d’allocation d’organes», a déclaré M. Huang, dans des commentaires paraphrasés par le Beijing Morning Post et repris à plusieurs endroits sur le web chinois.

Il a ajouté que les hôpitaux ne devraient pas avoir le droit d’obtenir des organes sans autorisation et que les familles devraient recevoir un «soutien humanitaire» (lire une somme d’argent).

Pour les observateurs et les chercheurs sur le système de transplantation chinois, les commentaires de M. Huang représentent un immense pas en arrière considérant les promesses de réformer le système.

«Nous sommes de retour à la case départ de 2006», affirme Ethan Gutmann, un journaliste d’enquête dont le livre sur le sujet, The Slaughter : Mass Killings, Organ Harvesting, and China’s Secret Solution to Its Dissident Problem (Le massacre : meurtres en série, prélèvements d’organes et la solution secrète de la Chine pour régler son problème de dissidence), sera publié plus tard cette année.

«Il n’y a aucune admission de prélèvements sur des prisonniers de conscience et ils disent essentiellement qu’ils ont besoin de faire du ménage dans leurs formulaires. Je constate l’absence totale de progrès.»

Huang Jiefu s’est lui-même longtemps présenté comme le réformateur au sein du système chinois, luttant contre les intérêts bureaucratiques enracinés qui cherchaient à poursuivre les prélèvements sur les prisonniers (bien qu’à aucun moment la Chine, ou ses partenaires internationaux, ne se soit penchée sur la question des prélèvements d’organes forcés sur les prisonniers de conscience, principalement les pratiquants de Falun Gong emprisonnés).

Cette image a été renforcée par l’octroi à M. Huang d’un poste de professeur à titre honorifique par l’Université de Sydney en 2008 et renouvelé en 2011. Ce prix de reconnaissance a été accordé selon la logique que M. Huang «a apporté des changements importants à la réglementation des processus de transplantation d’organes en Chine afin de résorber la pratique du prélèvement des organes de prisonniers exécutés».

Mais des commentaires subséquents de Huang Jiefu et des révélations vantardes sur le web chinois ont semblé gâter son image même à l’époque.

Dans un entretien avec un journaliste de l’Australian Broadcasting Corporation, M. Huang a admis prélever des organes sur des prisonniers exécutés.

Des entrevues dans les médias chinois révèlent également que Huang, jusqu’à tout récemment, pratiquait lui-même de telles transplantations sur une base régulière.

  • Huang Jiefu, directeur du Comité chinois sur les dons et transplantations d’organes et ancien sous-ministre de la Santé (Raveendran/AFP/Getty Images)

«Voilà un homme qui tout récemment pratiquait deux prélèvements de reins par semaine sur “qui que ce soit qu'on lui présentait”, selon ce que je sais», a commenté M. Gutmann en entrevue téléphonique.

Outre les compétences et la sincérité de M. Huang, ses récentes déclarations suggèrent une marche arrière des autorités chinoises en ce qui a trait aux engagements qu’elles avaient pris envers la communauté internationale au sujet du rôle des organes de prisonniers dans leur système de transplantation.

Maintenant, plutôt que d’éliminer la pratique, elles cherchent à intégrer le système de prisonniers avec le système de dons volontaires.

«L’utilisation de prisonniers exécutés est une manière immorale de produire des organes», affirme en entrevue téléphonique Dr Arthur Caplan, un professeur de bioéthique à l’Université de New York.

«Incorporer cette pratique à leur système émergent d’approvisionnement et d’allocation risque de la dissimuler et de rendre plus difficile la capacité de retracer l’utilisation d’organes de prisonniers condamnés. Il n’y a aucune bonne nouvelle dans cette annonce. Je crois que c’est très négatif.»

Cela contrevient directement à la demande de l’Association médicale mondiale selon laquelle «les organes de prisonniers et autres individus en détention ne peuvent être utilisés pour des transplantations, sauf pour des membres de leurs familles immédiates».

Les derniers commentaires de Huang Jiefu contreviennent également aux engagements pris par la Chine en octobre 2013 lors d’une conférence à Hangzhou qui devait annoncer une nouvelle ère dans le domaine des transplantations en Chine. Cette «nouvelle ère» devait être marquée par la «cessation des prélèvements d’organes sur des prisonniers exécutés» et la garantie que «la provenance des organes se conforme aux normes d’éthique internationales».

Version originale : China Transplant Official Backtracks on Prisoner Organs

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