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Élections Québec 2014

Des vedettes à la popularité relative

Analyse de mi-parcours de la campagne

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
25.03.2014
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  • Réjean Pelletier est professeur à l’Université Laval à Québec, en plus d’être auteur et spécialisé dans les études canadiennes et québécoises, la sociologie politique et la politique comparée. (Gracieuseté de Réjan Pelletier)

M. Réjean Pelletier, professeur à l’Université Laval à Québec, propose son analyse de la première moitié de la campagne électorale provinciale.

L’onde de choc PKP

«Jusqu’à maintenant, je dirais qu’on peut diviser la campagne électorale en deux temps. Le premier, ç’a été l’arrivée de Pierre-Karl Péladeau qui a pris toute la place sur le plan médiatique, ce qui a semblé favoriser momentanément le Parti québécois. C’est quelqu’un de très connu, aussi de très important par rapport aux autres vedettes qui ont été présentées, entre autres, par le Parti libéral (les trois venant du milieu économique). Ça n’a jamais eu la publicité que PKP a pu avoir.»

«On voit que ça a été un événement important dans la campagne électorale dont le Parti québécois n’a pas profité pleinement, semble-t-il, puisque cela a donné lieu à une plus grande polarisation dans le vote du fait que […] ce qu’on en a retenu, c’est sa profession de foi d’indépendantiste avec la fameuse levée du poing. […] C’est à partir de là que c’est devenu plus difficile pour le Parti québécois. Les Libéraux et la CAQ se sont emparés de cet aspect pour aller chercher un certain crédit politique. Si on a suffisamment exploité le référendum du côté du Parti libéral pour nuire au Parti québécois, on craint que le PQ utilise sa charte de la même façon pour nuire au PLQ […]»

«Actuellement, le PQ est toujours plus fort dans les milieux francophones. Donc, si le Parti québécois réussit à faire quelques gains, notamment avec la question de la charte, quelques points de plus, ça voudrait dire que ça pourrait lui assurer au moins d’être le gouvernement – minoritaire peut-être ou majoritaire tout juste – si le PQ a un résultat de 63-64 % […]»

Poids différents

«Les vedettes économiques [des libéraux : Carlos Leitao, Jacques Daoust et Martin Coiteux] n’ont pas percé beaucoup. Disons que ce sont des gens qui sont peu connus du grand public, contrairement à Pierre-Karl Péladeau et à Gaétan Barrette. Dans le cas de M. Barrette, il s’agit d’un candidat vedette, pas particulièrement aimé de la population, bien qu’il ait joué un grand rôle pour négocier de meilleures conditions salariales pour les médecins spécialistes.»

«Il quitte un parti pour un autre, donc en voulant dire : “Je veux absolument me faire élire et la CAQ n’est plus le véhicule pour cela.” Quand il était président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, il en menait large, surtout contre Yves Bolduc [réélu député de la circonscription de Jean-Talon avec le Parti libéral] avec qui il avait été très dur. Les gens s’en souviennent […]»

Le grand perdant

«Il y a des possibilités que François Legault soit défait dans le comté de l’Assomption. Je dirais un peu comme Jean Charest qui a été défait dans son comté de Sherbrooke. Même s’il avait obtenu 50 députés, M. Charest aurait été dans l’opposition. Il n’était pas intéressé d’être le chef de l’Opposition. Défait, c’était l’occasion rêvée pour lui de dire : “Je quitte, tout simplement.” Les deux derniers sondages montrent que le Parti québécois se maintient à peu près à 36-37 %, alors que la CAQ perd des plumes et que le Parti libéral augmente en popularité. Donc, c’est vraiment la CAQ qui devient le grand perdant, jusqu’à maintenant, en grande partie causé par l’arrivée de Pierre-Karl Péladeau. C’est le Parti libéral qui en profite, c’est-à-dire qui profite des gens qui désertent la CAQ pour se rallier aux libéraux à ce moment-là.»

Paru le 20 mars, le sondage de Forum Research affichait 45 % des intentions de vote pour le Parti libéral du Québec, le PQ 32 %, la CAQ 13 % et Québec solidaire 7 %.

«Probablement que François Legault sera quand même content de se retrouver avec cinq députés, six avec lui, alors qu’on partait de 19. Ça peut montrer qu’il n’y avait pas beaucoup d’avenir pour le parti. Il a dit que s’il était élu, il ferait ses quatre ans de mandat. Quatre ans dans l’opposition, pour un parti qui n’est même pas reconnu officiellement en Chambre, c’est très long. Il est très difficile de passer tout ce temps-là comme équivalent d’indépendant. Donc, s’il était défait dans l’Assomption et qu’il n’y avait que cinq députés des caquistes élus, il partirait dans des conditions idéales pour quitter la politique.»

«En fait, la CAQ est rendue à 13 % [sondage CROP du 18 mars dernier] des voix. On pouvait être témoins de la descente même dans les derniers sondages, une descente assez constante de l’électorat caquiste. Disons que la CAQ attirait moins de gens qu’autrefois. Ce deuxième sondage, tout comme le premier, marque la première mi-campagne.»

Visibilité limitée

«Il ne faut pas oublier que Québec solidaire sont les quatrièmes, c’était autour de 10 % des intentions de vote. Habituellement, il y a moins d’intérêt porté au quatrième. Autre chose, c’est qu’en dehors de Montréal, de l’île de Montréal, ils ont moins d’appuis, ils en ont un peu à Québec. Disons qu’ils ont quelques points, mais globalement moins d’appuis. Quand on a 3-4 % des voix dans certaines circonscriptions, ce n’est pas beaucoup. En somme, il y a eu moins d’attention portée à ce que faisait et disait Québec solidaire.»

«Par contre, le discours de gauche qu’ils préconisent, je pense que ça peut attirer une certaine clientèle. Des gens qui trouvent que le Parti québécois est devenu plus à droite, surtout avec Pierre-Karl Péladeau, qui trouvent que le Parti libéral n’est pas assez à gauche et que la CAQ est plus à droite, ça peut devenir un refuge pour des gens qui ont des idéaux politiques plus à gauche.»

«Pour le moment, les intentions de vote de QS demeurent assez circonscrites, sauf que ça peut nuire au Parti québécois évidemment et à son aile gauche. D’autant plus qu’il ne faut pas oublier qu’à QS, on a commencé la campagne en faisant une profession de foi indépendantiste, tandis qu’ils n’ont pratiquement pas parlé de ce thème durant un an et demi en Chambre. Il n’y a plus de doute que QS soit vraiment indépendantiste.»

«Je ne sais pas si le Parti québécois va essayer de faire un certain virage vers la gauche pour essayer d’aller récupérer des gens de Québec solidaire. Serait-ce vraiment bénéfique? Il est trop tôt pour le dire.»

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