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Élections Québec 2014

Le chemin le moins fréquenté

De la caravane de QS – jour 20 (24 mars 2014)

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
31.03.2014
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  • Chef et porte-parole de Québec solidaire, Françoise David fait ses commentaires sur le déclenchement des élections, le 5 mars dernier. À ses côtés se trouve, le second porte-parole, Amir Khadir. (Presse Canadienne/Paul Chiasson)

Connu comme un parti politique de gauche, altermondialiste, séparatiste, écologique, progressiste et encore un projet idéaliste aux yeux de bien des électeurs malgré leur montée lente, mais inexorable dans les intentions de vote et en crédibilité globale, Québec solidaire, avec sa chef Françoise David et son porte-parole principal et député sortant de Mercier (Montréal), Amir Khadir, continue d’être un parti défendant sans compromis la justice sociale.

8 h – Montréal

Jannick, étudiant au collège Rosemont à Montréal et fils d’une des coordonnatrices, m’attend près de ma résidence avec la minifourgonnette avec un cœur, effigie de la campagne 2014 de Québec solidaire (QS). Il a suspendu une session collégiale pour pouvoir aider à la tournée médiatique et s’occuper du transport. Devant être à Granby à 9 h 30, Jannick avait comme instruction de venir me chercher à Montréal, chose que QS fait à l’occasion alors que les événements sont plus loin de la métropole. En plus de la minifourgonnette, les journalistes ont leur autocar, sans effigie du cœur. «Les journalistes demandaient lors de la dernière campagne qu’on se dote d’un autocar. Là, on a l’autocar, mais pas plus de journalistes.»

9 h 30 – Granby

Lors du point de presse portant sur Pharma-Québec [autonomie sur le plan pharmaceutique], au Centre culturel France-Arbour, je suis le seul journaliste de Montréal. Un ou deux journalistes du coin de Granby s’y trouvent également. La période de questions a été très brève. Il y a plus de membres de l’organisation de QS que de journalistes. Un des deux candidats de la région pour QS, Benoit Van Caloen (candidat dans Brome-Missisquoi), m’a confié de manière un peu tendue : «Il y a vraiment un problème important chez les médias par rapport à QS.» Un peu plus tard, ce dernier est venu s’excuser d’avoir été agressif avec moi et qu’il ne fallait pas que je le prenne personnel.

Stéphanie Guèvremont, attachée de presse de la tournée de QS, réussit – en un rien de temps et par le biais de son téléphone intelligent – à trouver les quelques informations que Françoise David, chef de QS, n’a pu fournir sur-le-champ aux journalistes. Assez spectaculaire. «Je pourrais écrire mes communiqués avec mon téléphone», rétorque Stéphanie à Mme David.

10 h – en attente dans la caravane

Le moteur de l’autocar ne fonctionnant pas continuellement comme c’est le cas des autres autocars des partis, une génératrice est connectée pour fournir la chaleur dans la caravane lorsqu’il y a des arrêts. Aujourd’hui, avec -13 degrés Celsius, le moteur doit rouler un peu plus. «On va envoyer notre facture d’essence à Pauline Marois […]. C’est elle qui a déclenché les élections à ce temps-là de l’année», lance Josée Larouche, coordonnatrice de la tournée de QS et de l’aile parlementaire de QS à l’Assemblée nationale. Elle me fait part, à la même occasion, que QS fait une campagne «carbone neutre». Des arbres seront plantés à travers le Québec pour compenser la pollution générée par l’autocar.

Josée chante lorsqu’elle en a l’occasion. Elle me prépare un café, chose nouvelle alors que les journalistes doivent le préparer eux-mêmes dans les autres autocars des partis. La petite équipe de quelques personnes est de très bonne humeur et possède une rare complicité.

Avec la tournée que QS vient de faire dans l’est du Québec jusqu’en Gaspésie, la caravane est assez sale et avec raison. Des cœurs, effigie de QS pour la campagne 2014, ont été dessinés dans la poussière et les dépôts de sel. «Normalement, les journalistes tiennent à avoir un autocar neutre, sans logo de parti.» Comme aucun journaliste n’était à bord du 26 au 28 mars lors de la tournée de QS au Saguenay-Lac-Saint-Jean, l’équipe était tout enthousiaste à placer un cœur sur son autocar, pour un maximum de visibilité pour la campagne. Lorsqu’elle reçoit un appel téléphonique, Josée répond : «Autobus de l’amour bonjour!»

10 h 20 – en route vers Chambly

Josée dit : «Ce n’est pas la faute des journalistes, mais plutôt des médias en tant que tels. On fait le prix le moins cher pour la journée de médias que les autres partis [100 $ la journée à comparer à 500 $ pour le PLQ, 230 $ pour la CAQ et 250 $ pour le PQ], on a la caravane cette année contrairement à la dernière élection en 2012. […] J’ai des amis journalistes de tous les partis politiques à force d’être à l’Assemblée nationale avec Amir Khadir [le député sortant de Mercier et porte-parole de QS]. Ils me disent : “On aimerait venir, on en fait même la demande, mais on nous refuse souvent la possibilité d’y aller.” La couverture d’un parti progressiste, un parti un peu plus à gauche, les médias n’ont pas tant cela à cœur», explique Josée. Selon elle, un autocar de parti, du moins celui de QS, coûte entre 40 000 $ et 45 000 $ selon le nombre de jours. «Notre tournée n’est pas déterminée d’abord par une stratégie politique précise, mais par une efficacité logistique, d’organisation. On va y aller logiquement avec un trajet qui n’occasionne pas trop de zigzags», fait part Josée.

10 h 39– en route vers Chambly

Josée vient me voir pour me demander si Françoise David, la chef de QS, peut s’asseoir dans l’autocar avec nous. Il faut mentionner que l’avant de l’autocar sert de bureau aux coordonnatrices et attachées de presse. «Habituellement, les journalistes peuvent refuser que le chef de parti soit dans le même autocar.»

13 h – Chambly

À l’occasion du point de presse de QS en ce qui a trait à la protection des terres agricoles et des milieux humides au bureau de la Salle des aînés de Chambly (FADOQ), j’ai pu rencontrer quelques militants pour l’occasion.


Élizabeth (dans les 70 ans)

«QS est plus connu, plus connu par rapport aux élections de 2012. Les gens savent ce qu’est QS, bien qu’il y ait encore beaucoup de préjugés. C’est le petit parti, c’est celui qui vient déranger. […] Ce qui est extraordinaire, c’est sa crédibilité. Les gens ne nous disent pas Françoise David, ils disent Françoise. Ça, ça fait beaucoup avancer QS. C’est sûr que les gens vont trouver que le programme de QS leur correspond. Ce dernier n’est pas quelque chose qui a été pondu en haut par quelques dirigeants avec leurs stratèges et qui disent “qu’on va faire ceci, qu’on va faire cela”. Ça fait six ans que QS débat jusqu’à la base pour faire le programme. Je suis avec eux depuis les débuts. Alors que des équipes en haut amènent des propositions, on les travaille à la base. Ça passe par des vrais débats où tous ne sont pas toujours d’accord. […] J’ai toujours travaillé dans les milieux communautaires et cette démocratie-là, je trouve qu’elle est vraiment percutante. On est à contre-courant, mais on l’assume.»

Marie-Ève (dans la vingtaine)

«Je vous dirais que le fait d’avoir un autobus aussi cette année, je pense que ça nous donne une belle visibilité, ça nous permet de nous déplacer vraiment comme dans les événements, en périphérie de Montréal. Ça va nous permettre de vraiment aller chercher les gens dans leur milieu. […] L’accessibilité fait en sorte de faire tomber les idées préconçues sur ce que c’est la gauche, les militants sont capables de l’expliquer. L’information est facile à trouver sur le site Internet, c’est un site qui est convivial dans son utilisation. Les gens peuvent facilement trouver le programme et le comprendre. […] Si on regarde le programme de QS, il n’est pas question que l’industrie nous appauvrisse.

«C’est juste que chacun fasse sa juste part. C’est la sociale démocratie pour moi. […] Je pense que les gens qui sont fermés sont souvent les gens qui ne savent pas. Souvent, les gens n’ont pas nécessairement une culture politique, une culture sociale qui font que malheureusement ils vont gober un peu les slogans des autres partis ou de ce qu’on dit que l’économie c’est cela. On se fait dire qu’à QS, on n’a pas un vrai programme économique alors que c’est tout à fait faux. Je suis allée à différentes conférences sur les alternatives fiscales et ça gagne à être connu. Prendre le temps de regarder le programme et de s’informer pour se rendre compte que QS est possible et pas seulement utopiste. […] C’est vrai qu’il n’y a pas une tonne de grandes vedettes nationales, mais des gens qui sont connus dans leur milieu. Je pense que ça fait vraiment toute la différence dans la crédibilité. Un organisateur communautaire qui décide de se présenter pour QS dans sa circonscription, mais qui est connu du milieu, qui connaît les enjeux. Je pense que ça fait pas mal une grande différence. On n’a pas de candidats parachutés.»

15 h 30 – en route entre Longueuil et Montréal

Après le point de presse, la sortie nationale sur l’éducation de QS à Longueuil au Foyer St-Antoine, Françoise David a eu le temps d’échanger quelque peu sur le sujet de la santé :

Époque Times (É.T.) : Vous parlez souvent de services aux aînés et de les améliorer. QS va-t-il plus loin en proposant des incitatifs aux familles pour leur permettre d’habiter plus longtemps avec leurs parents vieillissants?

Françoise David (F.D.) : […] Il y a une tendance qui émerge aujourd’hui au Québec qui est d’avoir une maison intergénérationnelle et il pourrait y avoir des incitatifs. Je connais des gens personnellement qui, par exemple, ont leurs vieux parents qui habitent le rez-de-chaussée d’un bâtiment et la nouvelle famille habite au 2e étage ou l’inverse. Donc, ces choses-là se font. Ce qu’on préconise le plus nous, c’est le maintien à domicile des aînés.

Environ 92 % des aînés québécois habitent chez eux presque jusqu’à leur mort. Il y a un certain nombre d’aînés très âgés et parfois de plus en plus malades qui, malgré tous les bons services qu’on essaiera de donner à domicile, ne pourront pas rester à domicile. Et là, Québec solidaire parle de créer des milieux de vie diversifiés, pas seulement «le bon vieux» Centre d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) de 300 lits, qui franchement est assez sinistre. On propose bien plus la FIQ (Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec) qu’a pu le faire. Dans les milieux de vie que nous envisageons, il peut y avoir 10 à 12 logements. Ça peut être une coopérative avec des services, tous les services nécessaires, mais des petits milieux de vie […]. En fait, l’idée c’est que les gens restent dans la société le plus longtemps possible.

É.T. : Vous avez parlé également de Pharma-Québec. En amont, avant d’arriver à Pharma-Québec. Avant d’en arriver à la prise de pilules, comment QS fait-il la promotion et la prévention à la santé?

F.D. : Ça passe par l’ensemble des mesures sociales. L’environnement, c’est tellement important pour nous et c’est une priorité. Les autres partis n’ont pas l’air de s’en rendre compte. Ce n’est pas par caprice qu’on met l’environnement au cœur du développement économique du Québec. C’est un non-choix. QS s’est prononcé pour l’étiquetage obligatoire des OGM [organismes génétiquement modifiés]. On s’est prononcé pour que les agriculteurs utilisent de plus en plus les engrais naturels plutôt que chimiques. Ce qu’on a dans notre assiette, c’est super important. C’est super important, c’est pour cela qu’on propose qu’il y ait 50 000 nouveaux logements sociaux. Quand on est logé dans un logement trop petit, mal insonorisé, rempli de moisissures, où l’air entre de partout en hiver, les risques deviennent de plus en plus élevés à ce que la qualité de vie décline. Ça fait des années que l’on sait au Québec, les bonnes politiques sociales préviennent largement la maladie […].

Il y a aussi toute la question de la gestion du stress. Il y a tellement de gens qui n’en peuvent plus d’être obligés de tout gérer en même temps : le travail, s’occuper de la famille, etc. Alors, on dit il faut diminuer les heures de travail, plus de semaines de vacances l’été pour que les parents aient le temps de bien vivre avec leurs enfants. Donc, nous autres, c’est toute une panoplie de mesures de lutte à la pauvreté, de diminution du stress des gens, de donner du temps aux gens, etc.

É.T. : J’ai lu dans vos communiqués que QS se désolait qu’il y ait une baisse inquiétante des stocks de médicaments, dont le Ritalin. Est-ce que QS endosse la prise de Ritalin chez les jeunes?

F.D. : Il y a des points d’interrogation à QS sur l’utilisation des médicaments au Québec et ailleurs. C’est un peu une panacée pour bien des gens. C’est la réponse à tous les maux. C’est questionnable, c’est clair. Il y a des personnes qui abusent des médicaments, c’est évident. Il y a des fois où il faut prescrire des médicaments, puis des fois où l’on se pose des questions. Je fais partie des gens qui se posent des questions sur l’«hypermédicamentation» des enfants.

É.T. : Qu’est-ce que M. Khadir a à dire là-dessus?

F.D. : Amir et les gens dans notre commission sur la santé se posent des questions sur ce sujet. Alors, on doit le creuser davantage. Je discutais avec des parents et des grands-parents ce midi. Je leur disais : “Tous ces diagnostics d’enfants hyperactifs ou d’enfants en déficit d’attention, est-ce parce qu’on diagnostique mieux?” C’est probablement une partie de la réponse, mais c’est aussi parce que dès qu’un enfant sort un petit peu de la norme, on l’étiquette comme ayant un déficit d’attention ou de l’hyperactivité.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.