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Bruits de bottes en Crimée

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
04.03.2014
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Vladimir Poutine est passé sans transition des ours en peluche aux blindés. Mishka, le plantigrade géant et souriant de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Sotchi avait un côté presqu’excessivement enfantin, une grosse larme coulant sur sa joue au moment où son souffle froid éteignait la flamme des Jeux.

Dans un autre souffle froid,  des milliers de militaires silencieux et cagoulés se sont positionnés samedi 1er mars dans tous les endroits stratégiques de Crimée, sans que rien sur leurs uniformes ou leurs véhicules ne dise leur nationalité. Milice fantôme dont les armes et les blindés semblaient sortis de terre, ils n’étaient pas russes, ou pas encore et ne le sont (re)devenus qu’après que le Sénat ait donné à Vladimir Poutine sa bénédiction pour l’envoi de troupes dans la péninsule.

L’Union Européenne et les Etats-Unis auront beau maintenant s’émouvoir, boycotter tous les G8 et rencontres bilatérales possibles, la Russie gagne une nouvelle victoire par son audace et en ne s’embarrassant pas de consensus. Argument central, Viktor Ianoukovitch était effectivement un dirigeant démocratiquement élu, chassé du pouvoir en violation de l’accord négocié le 21 février avec la médiation de l’Union Européenne ; de ce fait, répondre à l’appel de l’Est de l’Ukraine et de la région autonome de Crimée pour «maintenir l’ordre contre les fascistes» prend une teinte de légitimité.

Sous le choc, les chancelleries occidentales et l’OTAN se rabattent sur la protestation outrée. Comme pour la Géorgie en 2008, on peut désormais imaginer le scénario d’une «République de Crimée» sous contrôle de Moscou, comme le sont devenues l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie. Mais la Russie pourrait aussi vouloir se donner le noble rôle en maintenant le statut actuel de la région si elle est garantie de contrôler la composition du prochain gouvernement ukrainien. Pour aider à cela, la direction de Gazprom, premier fournisseur de gaz en Ukraine, a opportunément indiqué qu’avec plus d’1,5 milliards de dollars de retard de paiement, les tarifs privilégiés dont bénéficie Kiev n’allaient pouvoir durer. Sauf si, comprendrons nous en filigrane.

Dans cette période de Blitzkrieg, l’enchaînement millimétré entre «appel à l’aide» de la région de Crimée, soutien du Sénat Russe, menaces de Gazprom et visite à Moscou ce lundi 3 mars de Ioulia Timochenko donne des signes intéressants de l’évolution possible de la situation. Déjà dans les médias occidentaux on ne parle plus de révolution ukrainienne mais  de révolution de Kiev. Mme Timochenko, appréciée de Vladimir Poutine pour son «pragmatisme», pourrait devenir une solution d’équilibre entre Kiev, l’Europe et Moscou.  Les positions sont prises ; après l’action, la discussion.

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