Seniors: une richesse pour l’entreprise

Écrit par David Vives, Epoch Times
06.03.2014
  • D’apreu0300s un sondage Harris Interactive, trois Francu0327ais sur quatre sont favorables au0300 l’instauration d’un quota leu0301gal de seniors dans les entreprises de plus de 50 salariés. (MONKEYBUSINESSIMAGES/PHOTOS.COM)

Le chômage des seniors serait-il un mal français? Alors que le taux d’actifs des plus de cinquante ans se situe autour de 60 - 70% en Allemagne, au Royaume-Uni et dans les pays nordiques, en France il n’est que de 44%, en dessous du taux moyen fixé par Bruxelles. D’après Michel Sapin, ministre du Travail et de l’Emploi, «en 2013, près de la moitié de la hausse totale du chômage concerne cette classe d’âge». Cette année, 78.200 nouveaux chômeurs seniors sont recensés par la Direction de l’animation et de la recherche, avec le constat que le rythme de l’évolution du chômage est deux fois plus rapide dans cette catégorie que dans la progression globale.

À ce jour, et depuis près d’une décennie, il n’existe que très peu de dispositifs spécifiques à destination des seniors. Les contrats de génération connaissent un taux de réussite bien moindre par rapport aux contrats d’avenir: sur l’objectif du gouvernement d’atteindre les 75 000 contrats de génération en mars, seuls 20.000 ont été signés.

D’après Rodolphe Delacroix, directeur du département Communication et gestion du changement dans le cabinet de conseil en ressources humaines Towers Watson, «2 entreprises sur 3 n’investissent pas dans la formation des seniors et 85% de seniors restent aujourd’hui sans bilan de milieu de carrière». Selon lui, les réponses des politiques ne «sont pas à la hauteur des difficultés managériales auxquelles la France doit faire face».

Et pourtant, les compétences des seniors sont nombreuses. «Un senior peut être une richesse pour l’entreprise. De par son expérience, sa connaissance des parties prenantes, sa plus grande capacité de recul face à une situation de conflit, il peut devenir un aiguillon utile pour des managers, souvent plus jeunes, avec qui il devra apprendre à collaborer», explique Rodolphe Delacroix.

Propositions et mesures incitatives

D’après l’OCDE, les contrats génération sont mal ciblés. Plutôt que de chercher à maintenir l’emploi des seniors, tel que le propose le dispositif actuel, les contrats devraient s’orienter vers le problème de la «quasi-absence du retour à l’emploi», qui est le véritable point faible. L’OCDE pointe également la situation spécifique des seniors en France. D’après elle, les seniors français partent trop tôt à la retraite et leur situation ne les incite pas à retrouver un emploi quand ils sont au chômage.

Parmi les propositions émises, selon l’OCDE, il faudrait donc «raccourcir les droits au chômage des seniors» et «revoir la rupture conventionnelle», dispositif à l’amiable un peu trop attractif, car les seniors les mieux rémunérés n’ont ensuite aucun intérêt à retrouver un travail. Les partenaires sociaux, qui renégocient actuellement une refonte de l’assurance-chômage, devraient alors s’engager à supprimer progressivement cette filière spécifique d’indemnisation. Ces propositions draconiennes n’ont pas eu, comme on pouvait l’attendre, un grand succès chez les syndicats français.

Pour l’heure, il s’agit surtout d’avancer avec les partenaires sociaux et les mesures discutées dans le pacte de responsabilité. Le dialogue social ne fait que commencer. Pour le MEDEF, les contrats d’avenir permettent aux partenaires sociaux «d’inverser la logique de sanction qui prévalait dans les accords en faveur des salariés âgés, en lui substituant une logique incitative». D’autre part, Michel Sapin a également préconisé que les partenaires sociaux prennent en compte la question du chômage des seniors à travers des engagements au sein du pacte de responsabilité.

Un plus pour les entreprises

En l’absence d’un accord ou d’une politique de grande envergure en faveur de l’emploi des seniors, il existe différents dispositifs ou ressources pour ces derniers: validation des acquis de l’expérience (VAE), bilan professionnel, droit individuel à la formation, intérim, auto-entreprenariat, etc. Reste à sensibiliser les seniors aux multiples possibilités qui s’offrent à eux et leur permettre d’exprimer le potentiel acquis lors d’une vie de travail.

Ainsi, certains experts soulignent que pour les seniors, il est souvent important de savoir valoriser leurs expériences de travail au sein de l’entreprise. D’après la coach professionnelle Claire Chatelain, les seniors possèdent de nombreuses expériences. Ils peuvent «aborder les problèmes avec une prise de décision mesurée». Ils peuvent faire preuve d’altruisme, car ayant atteint leur objectif de carrière, leur contribution a plus de chance d’être désintéressée. Par rapport aux jeunes qui poursuivent souvent des objectifs personnels, les seniors auront toute leur place en tant que «coordinateurs, arbitres ou animateurs de réunion». De plus, l’expérience leur a appris que «la coopération est souvent bien plus efficace qu’un individualisme forcené», soutient Claire Chatelain.

Il existe quelques exemples de sites web reprenant le concept de mettre en contact les seniors avec les entreprises ou les particuliers. Bitwiin.com est l’un d’entre eux: le site fonctionne comme un réseau de recrutement de seniors actifs, les mettant en relation avec des employeurs. Christophe Chamailloux, directeur de Lafayette Associés, partage ainsi son expérience d’avoir engagé un senior par le biais du site. Il affirme qu’il ne «cherchait pas un poste à pourvoir», mais qu’il désirait «recruter des compétences». Pour des raisons financières, le poste se devait d’être ajustable aux besoins de l’entreprise, il fallait donc «quelqu’un avec une certaine maturité, qui puisse comprendre nos contraintes».

Le 12 mars, la sixième édition du forum de l’emploi des seniors se déroulera dans la grande halle de la Villette. Celle-ci sera dédiée à la formation, à l’information et à l’accompagnement des seniors qui cherchent à retrouver un emploi. Au Salon des seniors qui se déroulera du 3 au 6 avril Porte de Versailles, le village «travailler après cinquante ans» accueillera des experts qui dispenseront leurs conseils aux aînés pour retrouver un emploi.

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