Un communiqué (presque) officiel sur la situation de Zhou Yongkang

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
07.03.2014
  • 2 mars 2014 – Lü Xinhua, le porte-parole des autorités lors d’une conférence de presse au Grand Palais du Peuple à Pékin. Lü Xinhua a fait comprendre sans le dire que Zhou Yongkang, l’ancien grand patron de la sécurité chinoise, était en difficulté. (Wang Zhao/AFP/Getty Images)

Le Parti communiste chinois est passé très près, dans les derniers jours, d’annoncer ce que tous soupçonnent déjà, soit que l’ex-chef de la sécurité du régime, Zhou Yongkang, fait l’objet d’une purge politique.

Du moins, tel était le message presque sans équivoque qui a émergé d’une session de questions-réponses enjouée entre un journaliste et un porte-parole du régime le 1er mars.

Lü Xinhua, le porte-parole de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), un organe consultatif officiel, a répondu à la question d’un journaliste du South China Morning Post, un quotidien de Hong Kong, et il a pratiquement confirmé que Zhou Yongkang serait puni.

Le journaliste a demandé : «Nous avons remarqué que de nombreux médias étrangers ont publié des informations sur Zhou Yongkang, l’ancien membre du Comité permanent du Politburo. Je me demande si notre interlocuteur peut nous dévoiler la situation, de façon à dissiper les doutes du monde extérieur?»

Après que la question a été traduite dans la salle de presse, on a pu entendre des éclats de rire. Lü Xinhua a visiblement gloussé avant de donner une réponse stricte sur le sujet.

«Laissez-moi vous l’expliquer de cette manière», a-t-il dit. «L’an dernier, la Commission centrale de contrôle de la discipline a enquêté sur 31 personnes pour violation de la loi et de la discipline du Parti. Tout le monde sait que parmi eux se trouvent certains membres de niveau ministériel... dont des hauts responsables qui ont connu de graves problèmes disciplinaires.»

La mention euphémique à la «discipline» indique généralement des cas de corruption, mais c’est également une formule passe-partout très utile lorsque de hauts responsables du Parti souhaitent se débarrasser de leurs adversaires politiques.

Il a ajouté : «Nous disons au Parti et à la société : “Qui que vous soyez et aussi élevée que soit votre position, si vous avez enfreint la discipline et la loi du Parti, vous subirez une enquête sérieuse et une punition sévère.” Il ne s’agit pas de paroles en l’air.»

C’est surtout la conclusion de Lü Xinhua qui a dissipé les doutes : «Je ne peux que vous répondre de cette façon-là», a-t-il déclaré au journaliste. «Vous savez de quoi je parle.» Il a ensuite gloussé et les gens présents ont éclaté de rire.

Ces remarques ont été largement interprétées comme indiquant que Zhou Yongkang se trouve en grande difficulté.

  • 2 mars 2014 – Lü Xinhua, le porte-parole des autorités lors d’une conférence de presse au Grand Palais du Peuple à Pékin. Lü Xinhua a fait comprendre sans le dire que Zhou Yongkang, l’ancien grand patron de la sécurité chinoise, était en difficulté. (Wang Zhao/AFP/Getty Images)

Une longue liste d’accusations

Si des accusations sont effectivement portées publiquement contre Zhou Yongkang, sujet sur lequel les spéculations vont bon train depuis presque deux ans, cela constituerait une des purges au plus haut niveau du Parti de ces dernières décennies.

En raison de ses liens étroits avec Bo Xilai, l’ancien membre déchu du Politburo, Zhou Yongkang est une cible de choix pour le président chinois, Xi Jinping. Bo Xilai était le présumé successeur de Zhou Yongkang à la tête de l’appareil de sécurité de l’État, les deux hommes pourraient même avoir fomenté un coup d’État visant à affaiblir et à remplacer Xi Jinping. Selon les observateurs, pour éviter d’être perçu comme un dirigeant faible, Xi Jinping doit frapper un grand coup contre Zhou Yongkang.

Après les remarques du porte-parole de la CCPPC le 1er mars, une annonce est apparue sur un site semi-officiel, www.lianzheng.org (lianzheng signifie «gouvernement propre» en chinois), selon laquelle le Parti central avait pris la décision – après avoir enquêté sur la longue liste de crimes imputés à Zhou Yongkang – d’expulser ce dernier du Parti communiste.

Il est écrit que Zhou Yongkang a détourné d’énormes sommes d’argent tout au long de sa carrière dans l’industrie pétrolière, dans la province du Sichuan, ainsi qu’à la tête de l’appareil de sécurité. Il aurait «abusé de son autorité, commis de graves erreurs et porte une grande responsabilité», selon le texte. Il a dérobé l’argent de l’État et enrichi sa famille. Il a entretenu des relations peu recommandables avec de nombreuses femmes. Il a conspiré avec des groupes criminels pour perpétrer des crimes. «Les activités de Zhou Yongkang ont eu de graves conséquences, causé des torts considérables à la réputation du Parti et du pays et ont eu des répercussions néfastes à l’intérieur et à l’extérieur du pays.»

La chute de Zhou Yongkang ne sera vraiment officialisée qu’une fois couverte par l’agence Xinhua ou par le Quotidien du peuple, les organes de presse officiels. Toutefois, en ce moment, les observateurs n’ont que peu de doutes quant au sort de Zhou Yongkang.

Version en anglais: Party Gives (Almost) Official Notice on Former China Security Boss

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