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Élections Québec 2014

Coude-à-coude et quelques trous noirs

Analyse de la campagne

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
01.04.2014
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  • Réjean Pelletier est professeur retraité à l’Université Laval à Québec, en plus d’être auteur et spécialisé dans les études canadiennes et québécoises, la sociologie politique et la politique comparée. (Gracieuseté de Réjan Pelletier)

M. Réjean Pelletier, professeur retraité de l’Université Laval à Québec, propose son analyse des points marquants des derniers jours de la campagne électorale avant le sprint final.

«Partons du premier débat des chefs (du 20 mars dernier) qui a marqué une étape. Il n’y a pas eu grand-chose de nouveau. Il y a des moments qui étaient cacophoniques. Tout le monde parlait en même temps. Ça ne fait pas avancer le débat. Par contre, il n’y a pas eu de dérapage, ça a été assez calme entre tous les participants, en ce sens qu’il n’y a pas eu d’attaques virulentes. Et l’autre chose, il n’y a pas eu ce que certains attendaient, un knock-out comme dans un combat de boxe. Personne n’a été mis au tapis. Évidemment, tous les tirs étaient contre la première ministre, on s’y attendait, je pense.»

La dissolution de la CAQ

«Les sondages sont mauvais et pour la CAQ et pour le PQ, mais la CAQ d’abord et avant tout. Il y a vraiment une débandade, c’est en chute libre. Est-ce que le parti va pouvoir remonter, je ne sais pas. Ça se situe autour de 14 – 15 % d’intentions de vote, ce qui lui donne très peu de députés : cinq à peu près, et encore, surtout dans la région de Québec où ses appuis sont les plus forts. […] Même les châteaux forts traditionnels de la CAQ pourraient être en danger. Il y a vraiment de gros dangers. […] Ce qui pourrait être le pire pour la CAQ, c’est la défaite appréhendée de son chef. Si le chef est défait, qu’on se retrouve avec cinq ou six députés, essentiellement dans les circonscriptions où l’Action démocratique du Québec [ADQ] était forte autrefois, on pourra avoir un chef intérimaire, mais ça pourrait dire également la fin de la CAQ. Cela se fera à plus ou moins long terme évidemment, pas dès le lendemain des élections. Normalement, Gérard Deltel [député de Chauveau] pourrait assurer l’intérim.»

Des plumes perdues pour le PQ

«L’autre problème est du côté du PQ, où on voit les appuis diminuer régulièrement. À 33 % dans les sondages, le parti peut faire élire un bon nombre de députés encore, mais il ne peut pas avoir le pouvoir, il se retrouverait dans l’opposition. Il perdrait des circonscriptions, mais il en gagnerait d’autres au détriment de la CAQ surtout. Il faudra voir, non seulement les répercussions du débat de jeudi dernier [27 mars], mais aussi celles du ou des prochains sondages. S’il y a une légère remontée du PQ, et en particulier chez les francophones, ça peut lui assurer peut-être un peu plus de sièges que le PLQ, mais il serait minoritaire. Et ça serait dans les meilleures des hypothèses.»

Le soulèvement du PLQ

«Actuellement, on peut croire que nous aurons un gouvernement majoritaire du PLQ, mais de peu. Disons que c’est à cause de ses appuis en milieu francophone. Le dernier sondage, si l’on s’y fie, donnait entre 30 % et 40 % d’appui. C’est-à-dire 40 % d’intentions de vote au PQ chez les francophones et 30 % d’appui au PLQ chez les francophones. C’est suffisant pour lui assurer une faible majorité, mais très faible. Donc, si ça variait un peu de quelques points, disons 42 % du côté du PQ et 28 % du côté du PLQ, là ça pourrait être plus difficile pour le PLQ. Ça voudrait dire éventuellement que le PLQ entrerait comme gouvernement minoritaire ou le PQ minoritaire. Le tout se jouera entre quelques circonscriptions. Le vote des anglophones ne changera pas.»

Un programme manque à l’appel

«J’ai regardé le programme, la plateforme électorale du PQ, de QS et de la CAQ aussi, il n’y a pas une telle chose au PLQ. La seule chose qu’on retrouve actuellement ce sont les engagements pris depuis un certain nombre de jours, environ 10 à 15 jours. […] Je ne vois pas d’éléments tout à fait accrocheurs chez l’un ou l’autre parti qui pourrait permettre à l’un d’eux, surtout à l’un des deux principaux partis en place et la CAQ, de se démarquer des autres et aller chercher des appuis supplémentaires. Pour le moment, je pense que l’essentiel a déjà été annoncé pour chacun des partis. Même s’il reste encore un peu plus d’une semaine.»

Sujets traités

«L’essentiel a déjà été annoncé pour chacun des partis, même s’il reste encore un peu plus d’une semaine. Peut-être pourrait-il y avoir quelques surprises, mais j’en doute. On a parlé d’économie, de santé et finances publiques qui ont été chez tous les partis. Ce sont aussi les enjeux les plus importants pour les Québécois dans les sondages. On a aussi traité du cadre financier du PLQ et de celui de la CAQ. Pour sa part, le PQ a mentionné que son dernier budget était son cadre financier. On a trop peu parlé d’éducation, enjeu un peu moins populaire chez l’électorat. Les partis ont parlé de décrochage scolaire, de la valorisation de la formation professionnelle. On a assez peu parlé d’enseignement supérieur, comme si tous les problèmes étaient réglés dans ce domaine, en particulier celui du financement.»

M. Couillard et l’intégrité

«La sortie de M. Couillard pour réagir aux remontrances en matière d’intégrité faites par le PQ, en demandant le rapport d’impôts 2012 ainsi que les actifs du ou de la première ministre et du conjoint/conjointe, visait principalement le PQ, précisément Mme Marois et son mari Claude Blanchet. La CAQ a aussi été visée. Son chef, François Legault, est assez fortuné. Plusieurs ont décrié cette demande de M. Couillard comme du voyeurisme. Le compte de M. Couillard dans un paradis fiscal de l’île Jersey est remonté à la surface, son rapport avec le Dr Porter, tout comme le financement douteux de tous les partis, dont l’ancienne ADQ, ne touchant pas à QS.»

La Charte oubliée

«Le PQ, qui espérait parler davantage de sa Charte des valeurs québécoises, n’a pas eu assez l’occasion de le faire. Il aussi soulevé l’aspect de la langue (le PLQ, quant à lui ne veut pas en parler). Dans les deux cas, il y a eu quelques essais qui ont été déployés. Les questions d’ordre identitaire sont peu apparues dans le paysage politique. Sur la défense de la langue française, la CAQ est dans une position mitoyenne, mais surtout sur la charte des valeurs. La langue n’est pas un enjeu si important pour la CAQ.»

Débat de jeudi dernier (27 mars)

«J’ai apprécié davantage ce débat que le précédent. François Legault y était très agressif, voire trop. Il a profité de ce débat pour marteler son message. Françoise David a été fidèle à elle-même et a pu parler de son programme. Pauline Marois était moins la cible des autres partis, comme Philippe Couillard est en tête des sondages, bien qu’il y ait eu quelques moments difficiles pour elle dont la question des nominations partisanes. Elle a mieux livré son message que la première fois. Philippe Couillard a perdu l’équilibre lorsqu’il était question de l’intégrité, du Dr Porter et de la langue. C’est la première fois que j’ai vu M. Couillard décontenancé. Il y aura, bien sûr, une vague occasionnée par le prochain sondage qui pourra certainement avoir un effet chez les électeurs. La CAQ pourrait y gagner des points et assurer sa survie si elle se tient dans 20 % des intentions de vote, aux dépens du PLQ.»

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