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La beauté de la rondeur

Le Don Quichotte de la rondeur

Rencontre avec José Breton

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
15.04.2014
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  • José Breton, activiste antidiète et prorondeurs féminines depuis 1993, et sur le Web depuis 1996 (Les productions belles rondeurs enr./La fondation belles rondeurs inc.)

Présenter une nouvelle fois sa candidature comme candidat indépendant dans la circonscription de Jean Lesage aux récentes élections provinciales n’est qu’un des moyens qu’a trouvé José Breton pour revendiquer une vie «normale», voire décente, pour les femmes vivant avec un surplus de poids. Il avait aussi tenté le coup en 2008 et en 1998, mais sans succès.

«Sa mission» d’activiste antidiète et prorondeurs féminines (fat activism) dure depuis plus de 21 ans. Il milite également sur le Web depuis 1996, alors qu’Internet en était à ses débuts. En plus de sa compagnie de production cinématographique et de sa fondation en ligne, il prend soin d’actualiser quatre sites Web, ayant comme thèmes «Belles rondeurs», «Affection», «La rondeur dans l’art» et l’une de ses plus importantes réalisations, le concours «Miss Ronde Universnet». Oreilles sensibles s’abstenir : sur ses sites, le personnage haut en couleur émet des commentaires plutôt colorés, c’est le moins qu’on puisse dire.

«J’ai été le premier à lancer un concours de beauté pour les femmes rondes sur Internet. Aujourd’hui, il y en a trois en France, plusieurs aux États-Unis, je m’occupe également de celui des Brésiliennes. Les gens m’ont copié par la suite. Au début, j’ai reçu presque 200 candidatures. Aujourd’hui, j’en reçois une cinquantaine. L’an passé, j’avais la Suisse, mais je l’ai perdue parce que le pays a lancé son propre concours. Ça ne me fait rien, au contraire. Pourvu qu’il en existe plus pour aider les femmes à s’apprécier davantage, ça me va», rétorque M. Breton.

Éducation physique

Détenteur d’un baccalauréat en éducation physique obtenu à l’Université Laval en 1985, le «marginal» José Breton n’était clairement pas voué à devenir éducateur physique, bien qu’il y ait appris dans les cours de psychologie, d’intervention, de sociologie et de biologie des connaissances qui lui servent aujourd’hui. Sa véritable «éducation physique» s’est faite lorsqu’il a été en relation avec une femme ronde. «Ça m’a ouvert les yeux. […] Ça a été une révélation. J’ai découvert comment était faite une femme. Ce qu’on me disait d’une femme et ce que j’avais sous les yeux, c’était deux choses différentes. Il y a une contradiction entre l’imaginaire et le réel. Comment on peut forcer les hommes à s’imaginer l’irréel? Voilà comment ma mission a commencé», explique-t-il.

  • Renata, la Miss Ronde UniversNet 2013, un concours de beauté pour les femmes rondes sur le Web créé par José Breton. (Les productions belles rondeurs enr./La fondation belles rondeurs inc.)

«Plusieurs personnes se sont mises dans la tête de réduire l’obésité. Financées par l’industrie pharmaceutique, elles ont créé une maladie. L’industrie de l’amaigrissement engendre des milliards de profit, notamment aux États-Unis. L’argent est utilisé à des fins de pression, dont la lutte contre l’obésité. Faire en sorte que cette “majorité marginalisée” ne se trouve pas belle et en santé, d’arriver à les culpabiliser, les forcer à se préoccuper de leur poids», avance M. Breton, qui a incorporé un passage sur l’obsession de la minceur de la série dramatique mémorable de Janette Bertrand, Jamais sans amour, à sa vidéo YouTube J’ai besoin d’affection.

Le gros problème du Québec

«Il y a quelque temps, lorsque je manifestais dehors, trois femmes rondes m’ont abordé. Elles n’étaient pas d’accord avec mon action. Je leur ai demandé pourquoi un homme devait faire reconnaître la souffrance des femmes rondes et d’exiger qu’on les respecte, alors que ce serait aux femmes de le faire naturellement. Les Québécoises sont tétanisées sur ce sujet, elles ont honte. Bien qu’il y en ait qui sont d’accord avec moi, elles ne font pas plus quelque chose de leur côté. Elles ne se sentent pas d’attaque de faire face à la pression sociale et d’aller dire sur la place publique “Je suis ronde et je m’aime de même!”», croit profondément le vaillant militant.

«Je suis épaulé par un mouvement social considérable (plus size, size activist, fat activist, fat acceptance, fat study, etc.). Il y a beaucoup de choses qui se font aux États-Unis. Il y a des mannequins qui gagnent plus de 5000$ par jour pour faire des photos de mode taille +. C’est pris au sérieux là-bas. Ça bouge partout dans le monde, sauf au Québec. Ici, c’est mort! On associe encore automatiquement laideur et rondeur. Ma cause est intime et personnelle. Ça touche l’intimité, ça peut gêner et rendre mal à l’aise, mais je continue d’avancer», témoigne le seul organisateur de concours de beauté pour femmes rondes au Québec.

«Julie Cherry Love, ma gagnante Miss UniversNet 2011 – une Québécoise  – avait au moins une dizaine de personnes autour d’elle. Tout ce qu’elle m’a fourni était professionnel: vidéos, photos, etc. Lors de son couronnement, elle a loué une chambre d’hôtel et une limousine. Elle envoyait un message tellement positif aux femmes. Les médias ne se sont pas intéressés à elle et à l’événement. C’était pourtant un grand moment pour les femmes rondes du Québec. En Angleterre, la ministre sur les égalités, Jo Swinson, a pris position favorablement par rapport aux préoccupations des personnes de taille +, ce qui n’est pas le cas d’Agnès Maltais [ministre du Travail, ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale sous le PQ, cette interview a été faite avant les élections]. Au Québec, c’est tabou d’être ronde», rapporte M. Breton.

  • Yasmina, la Miss Ronde UniversNet 2010, un concours de beauté pour les femmes rondes sur le Web lancé par José Breton. (Les productions belles rondeurs enr./La fondation belles rondeurs inc.)

Yasmina, la Miss Ronde UniversNet 2010, un concours de beauté pour les femmes rondes sur le Web lancé par José Breton. (Les productions belles rondeurs enr./La fondation belles rondeurs inc.) Mécénat

«Si j’avais plus d’argent, je viendrais en aide financièrement aux femmes rondes qui veulent entrer dans le monde du mannequinat, je produirais des films les mettant en vedette, bref je ferais plein de choses pour augmenter la visibilité des femmes rondes dans les médias. Pour le moment, ça me coûte plus d’efforts que d’argent pour soutenir ma mission humanitaire», fait valoir José Breton.

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.