Projet S.N.A.P.

Apprivoiser le surplus de poids chez les jeunes

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
16.04.2014
  • Des jeunes filles âgées de 13 à 16 ans participant à l’expérience S.N.A.P. Au centre, l’auteure Valérie Fraser, porte-parole de S.N.A.P. (Oeuvres du Père Sablon/S.N.A.P.)

Le projet S.N.A.P (Santé, Nutrition et Activité physique) est le seul programme axé sur les saines habitudes de vie spécifiquement dédié aux jeunes, âgés entre 8 et 16 ans, présentant un surplus de poids. Né en 2012 comme projet pilote, il a découlé du P’tit Bonheur, camp de vacances offert en saison estivale par Les Oeuvres du Père Sablon. La directrice des ventes, marketing et communications, Emmanuelle Lachance, propose un regard plus approfondi sur cette révolution jeunesse qui approche l’obésité avec une vision de santé globale, bien adaptée autant aux filles qu’aux garçons.

«Au moment où l’on a vu un nombre grandissant de la clientèle d’enfants qui présentaient un surpoids ou l’obésité à notre camp d’été, on s’est dit : “Est-ce qu’il y a quelque chose qui existe? Non…” De là, on a trouvé un partenaire santé [CHU Sainte-Justine] qui pouvait fournir une expertise dans le domaine, alors que nous sommes spécialisés dans les camps de vacances depuis plus de 50 ans. L’hôpital Sainte-Justine avait déjà un programme appelé “Circuit”, qui s’adresse aux enfants qui ont des risques de maladies cardio-vasculaires chez la majorité qui présente un surpoids. Les intervenants ont été emballés par notre idée et se sont joints dès les débuts de S.N.A.P. On a monté ensemble un projet de 12 jours», relate Mme Lachance.

«Les jeunes viennent passer du temps au P’tit Bonheur, vivant des activités de plein air comme un camp régulier, tout en réalisant des ateliers santé : nutrition, activité physique et psychologie (motivation et estime de soi). Nous avons à bord un kinésiologue, un psychologue et un nutritionniste», énumère la directrice des ventes, marketing et communications des Oeuvres du Père Sablon.

«L’objectif du camp n’est pas de perdre du poids de manière intensive, mais d’intégrer des saines habitudes de vie aux jeunes qui participent. Nous leur offrons des outils. […] Un des objectifs premiers est de leur faire vivre une expérience positive de camp de vacances, avec un lot d’activités qu’ils n’auraient pas osé essayer. On retrouve des enfants qui n’osent pas aller dans les camps de vacances et qui ont beaucoup souffert (intimidation, rejet, etc.), qui ont des difficultés et des barrières à vouloir faire des activités physiques. Ils sont souvent entrés dans le cercle vicieux de se trouver des prétextes pour ne pas bouger. Le projet S.N.A.P. donne justement le goût d’essayer les activités sportives qu’autrement un jeune ayant un surplus de poids éviterait, comme de l’escalade par exemple. Il rencontrera certains défis, comme les autres autour de lui», fait remarquer Emmanuelle Lachance.

«On ne valorisera pas l’image de minceur et ses stéréotypes, mais plutôt comment se trouver beau ou belle dans la différence», tient à préciser la directrice des communications des Oeuvres du Père Sablon.

  • Quelques participantes à l’expérience S.N.A.P. (Oeuvres du Père Sablon/S.N.A.P.)

«Au départ, on avait la crainte que le jeune commence à avoir des complexes à l’idée de vivre l’expérience S.N.A.P. On a posé la question aux gens de Sainte-Justine qui travaillent régulièrement avec cette clientèle. En fait, autant les jeunes que les adultes sont à la recherche d’un tel service. Une mère m’avait écrit personnellement : “Quand mon enfant a vu que votre camp existait, il s’est mis à pleurer et s’est dit qu’enfin il y avait quelque chose pour lui”. L’approche est différente d’une famille à l’autre. Il faut comprendre que plusieurs de ces jeunes sont suivis médicalement pour leurs problèmes de surpoids. Ce n’est pas si tabou dans leur famille», développe Mme Lachance.

 

Famille

«C’est certain que la famille, les parents ont une grande influence sur l’enfant. On est conscient qu’on ne pourra changer la vie de ces enfants-là en deux semaines. On veut créer un “déclic” chez l’enfant pour qu’il se dise “J’ai envie de changer”. Chaque enfant qui a vécu l’expérience expérimente un “déclic” différent. Il y en a que c’est l’alimentation; d’autres, l’aspect physique, etc. On aimerait avoir plus de contacts avec la famille. Le projet est toujours en développement, nous n’avons que deux ans de fait. C’est une avenue à développer. Au camp P’tit Bonheur, on fait une journée familiale à la fin du camp où on invite les parents à partager. Il y a des activités qui montrent tout le chemin qui a été fait par l’enfant pendant le camp et la notion de plaisir toujours intégrée dans le quotidien qui peut être aussi intégrée à la famille. On fera la même chose avec S.N.A.P.», ajoute Mme Lachance.

«Les enfants ont quand même un rôle important dans leur bien-être. Ils ont le pouvoir de changer s’ils le désirent. Ils ne font pas l’épicerie, mais ils ont le choix de prendre trois portions au lieu de 12 (je n’exagère pas), d’aller faire une demi-heure de jeu à l’extérieur de chez eux au lieu de passer des heures devant la console de jeux vidéo. Le but de S.N.A.P. est de les conscientiser sur leur propre force autant pour ce qui est de leur motivation que de leur estime. C’est un travail au quotidien, de longue haleine. En somme, on a eu de beaux témoignages», se réjouit Emmanuelle Lachance.

  • Un jeune participant pratiquant la boxe grâce au projet S.N.A.P. (Oeuvres du Père Sablon/S.N.A.P.)

«On a annoncé à la fin mars dernier notre porte-parole pour le projet : Valérie Fraser, blogueuse et auteure d’un nouveau livre qui est sorti en février dernier et qui s’intitule Le jour où j’ai arrêté d’être grosse. Il y a deux ans, elle a repris sa vie en main. Un peu avant, son médecin lui a dit qu’elle ne se rendrait pas jusqu’à trente ans. Elle avait 24 ans à ce moment-là. Depuis deux ans, elle a perdu 130 livres. C’est une fille qui est toujours ronde et qui se trouve belle. Une fille motivée et motivante. Nous avons décidé de la prendre comme porte-parole parce qu’elle aime le projet, qu’elle en parle très bien, mais aussi parce qu’elle sera un bon modèle pour les jeunes. Le message qu’elle véhicule : “Tu n’as pas besoin d’être mince pour te trouver belle. Ce n’est pas parce que tu es plus ronde que tu n’es pas belle”», développe Mme Lachance.

Compléments à S.N.A.P.

S.N.A.P est maintenant offert à Montréal en formule d’activités sur deux soirs semaine et en formule camp de jour, à partir de l’été 2014. «Pourquoi ne pas rendre cette initiative-là à Montréal pour la rendre plus accessible? Le Centre Père Sablon [centre sportif situé sur le Plateau Mont-Royal proposant différents sports et activités] est un atout pour ce faire. Quelques fins de semaine dans l’année, on fait une activité le samedi où l’on invite les parents : ateliers, conférence, sortie, etc. L’objectif est une nouvelle fois d’intégrer la famille», explique Emmanuelle Lachance.

«Le projet S.N.A.P. est unique pour les jeunes. On s’attend à ce qu’il y ait d’autres initiatives, tant mieux si le concept est copié ailleurs! La demande est très forte et on refuse même un grand nombre de jeunes. Il faut comprendre que ce sont des programmes axés et accessibles à une aide financière via notre fondation. Il y a une grande partie des jeunes qui viennent gratuitement ou à très faible coût, des jeunes qui viennent de milieux défavorisés. Nous avons des partenaires très très généreux qui permettent d’offrir ces séjours aux jeunes», souligne Mme Lachance.