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Taïwan-Maoming: qui a réellement besoin de démocratie?

Écrit par Chris Chappell, NTD Télévison
18.04.2014
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  • 3 avril 2014: des manifestants se sont rassemblés devant les bureaux des autorités de Maoming, province du Guangdong, contre l’installation d’une usine de production de paraxylène. (STR/AFP/Getty Images)

Voici quelques-uns des titres de presse sortis dans les médias officiels chinois au sujet de la révolte étudiante dite «des tournesols» à Taïwan: «Les manifestations sur l’accord commercial font honte à la démocratie taïwanaise», «Le mouvement étudiant retarde Taïwan», «Les manifestations sur l’accord commercial: une idée bête dans une période de mondialisation», «Les manifestations entachent l’image de Taïwan».

Ces dernières semaines, les étudiants ont manifesté contre un nouveau pacte commercial entre la Chine et Taïwan qui, selon beaucoup, donnerait à la Chine trop d’influence sur Taïwan. Et face au point de vue de la Chine selon lequel Taïwan n’est qu’une province sécessionniste qui sera vite reprise, par la force si nécessaire, ces étudiants ont peut-être raison de s’inquiéter.

La réaction des médias chinois a été de critiquer les étudiants et de se servir de ces manifestations pour « prouver » que la démocratie ne fonctionne pas. Dans un pays obsédé par le maintien de la stabilité, c’est un choc de regarder de l’autre côté du détroit de Taïwan et d’y voir des centaines de milliers de Chinois capables de descendre dans les rues pour exprimer leurs opinions.

Mais, si la pensée que des liens plus étroits effraie les Taïwanais au point de les faire descendre dans la rue est plutôt embarrassante pour le Parti communiste chinois, c’est aussi une bonne occasion à saisir. Une occasion de montrer combien son règne technocrate et autoritaire est meilleur et plus efficace que tout ce chaos démocrate.

«Pas d’usine chimique chez nous»

Prenons par exemple la ville de Maoming dans la province du Guangdong. Récemment, les autorités locales, en accord avec le géant pétrolier Sinopec détenu par l’État, ont voté un projet d’un demi-milliard d’euros pour ajouter une usine de paraxylène à une usine pétrochimique déjà implantée dans la ville.

Ont-ils discuté chaque petit détail avec la population ou les partis politiques d’opposition (pour peu qu’il en existe) ? Non. Et c’est ce que la population veut, du moins c’est ce que penserait un lecteur du quotidien local édité par les autorités de Maoming, dans lequel il est dit que le paraxylène est un «élément important pour une vie heureuse», parce qu’il est utilisé pour fabriquer des choses telles que des bouteilles en plastique ou du polyester.

Mais avant d’installer une usine de paraxylène à quelques pas de chez vous, il vaut mieux chercher une description un peu plus scientifique de ce produit chimique industriel: le paraxylène est nocif pour le système nerveux central, le foie et les reins, peut provoquer le cancer, voire la mort en cas de longue exposition.

Cette partie n’a pas été très appréciée par chacun à Maoming et quelques milliers de «hors-la-loi», tels que décrits par les autorités municipales, sont descendus dans les rues. Ce n’était de toute façon pas des «manifestants» puisque les autorités locales avaient prévenu que toute manifestation serait «illégale». En manifestant, ces personnes outrepassaient la loi et devenaient dont des hors-la-loi.

Ainsi, plutôt que de tomber dans l’anarchie qu’a connue Taïwan, où les manifestants et les étudiants pensent avoir une voix au gouvernement, la police est arrivée sur les lieux et a «pacifiquement» dispersé les contrevenants avec des balles de caoutchouc, des matraques et beaucoup de brutalité.

Les images de manifestants inconscients et ensanglantés ont rapidement été censurées en ligne, ainsi que le terme de recherche «Maoming».

Il ne reste que des responsables honnêtes

Est-il possible que des responsables locaux ignorent le bien-être public pour leur propre profit dans cet accord hautement lucratif avec une grande entreprise d’état? Non. Parce que les responsables de Maoming sont connus pour leur honnêteté. Selon le Beijing News, rien qu’en 2012, 300 responsables de Maoming ont fait l’objet d’une enquête pour avoir accepté des pots-de-vin. Seuls deux d’entre eux ont été condamnés à la peine de mort avec sursis. Ces condamnations ont sans doute suffi à éradiquer la corruption, de sorte qu’il ne reste que des responsables honnêtes, n’est-ce pas?

Malheureusement, toute l’attention tournée vers la Chine au sujet de la situation de Maoming, surtout lorsqu’elle est renforcée par les récents événements de Taïwan, est plutôt embarrassante pour le Parti. De plus, les manifestants sont restés dans la rue et ont attiré l’attention de nombreux médias internationaux. Les autorités locales ont donc décidé de rencontrer les manifestants et ont annoncé que l’usine ne serait pas construite si la population n’en veut pas. Elles ont également cessé de les appeler «hors-la-loi».

Alors, qui a besoin de démocratie? Les autorités font ce qu’elles veulent jusqu’à ce que la population n’en puisse plus. La situation explose, la répression s’ensuit, les informations circulent sur Internet, la censure essaie de suivre pour effacer les articles sur Internet, les médias internationaux s’intéressent au problème, les médias locaux officiels interviennent pour rassurer tout le monde et les autorités locales plient. Tout ce processus est bien moins chaotique que la démocratie.

Et puis, toutes ces peurs au sujet du paraxylène sont exagérées. Selon un article du Quotidien du Peuple daté de l’an dernier, «depuis que la première usine de paraxylène a été construite à Shanghai en 1985, 10 autres au moins ont été ajoutées. Aujourd’hui, elles fonctionnent toutes normalement, sans aucun accident majeur.»

Au détail près que, selon les médias occidentaux, le matin même de la parution de cet article du Quotidien du Peuple, une usine de paraxylène à Zhangzhou, province du Fujian, explosait. 

Cet article a été écrit en collaboration avec l’émission China Uncensored de NTD Télévison visible ici: China Uncensored

Version en anglais: China Shows Taiwan How to Handle Protesters

 

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