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Des fraises aux tournesols

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
20.04.2014
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  • Des jeunes Taïwanais manifestent contre les accords commerciaux avec la Chine signés u00abà la va vite» et qui, selon eux, menacent la démocratie taïwanaise. (Dajiyuan)

ÉDITO – Alors que l’Ukraine s’effiloche par l’Est et que les grandes puissances discutent déjà entre elles du partage de ses restes, la jeunesse de Taiwan a discrètement donné une grande leçon de responsabilité dans une situation qui abonde en points de comparaison avec les événements de Kiev.

À Taipei, la jeunesse, que ses aînés comparent à des fraises – en reprenant l’image du grandissement de fruits fragiles en serre surprotégée – s’est choisi le tournesol comme emblème de la recherche d’une nouvelle lumière pour le soleil pâlissant de Taiwan. Pendant plus de trois semaines, ces étudiants que leurs parents et les responsables politiques ne pensaient intéressés qu’aux nouvelles technologies et aux groupes de K-pop, ont occupé le Parlement taiwanais et manifesté par centaines de milliers dans Taipei.

Objet principal de leur mobilisation, le traité de libre-échange avec la Chine continentale voté à la va-vite durant le mois de mars à l’Assemblée législative taiwanaise, et qui doit ouvrir grand les portes d’une soixantaine de secteurs de l’économie taiwanaise aux sociétés de Chine continentale – en particulier la culture et les médias.

Pour les manifestants, ce traité est un cheval de Troie qui offre sur un plateau un énorme levier de pression économique à Pékin pour prendre graduellement le contrôle sur Taiwan. Image miroir, fin 2013, les Ukrainiens de Kiev avaient vu comme une menace comparable d’absorption par la Russie le refus par le président Ianoukovitch d’équilibrer les relations économiques du pays en se rapprochant de l’Union européenne.

L’Ukraine et Taiwan ont toutes deux été hachées par l’histoire: habitée par les Chinois depuis la dynastie Ming, l’île de Formose est devenue province de la grande Chine sous la dynastie Qing avant d’être abandonnée au Japon pendant la première moitié du XXe siècle, puis de devenir le refuge des Chinois fuyant le communisme. Indépendante par éclipses, russe souvent et polonaise parfois, l’Ukraine a, elle, nourri de ses richesses le développement de l’URSS avant de gagner une liberté fragile lors de la chute du bloc communiste.

Les deux territoires partagent avec leur grand voisin, une culture, une partie importante de leur peuple et de leur langue. L’histoire les a tant rassemblés qu’une séparation ne peut être qu’un déchirement – la situation dans l’Est de l’Ukraine l’illustre. Mais dans les deux cas, face pour l’un à un régime autoritaire, à une dictature meurtrière pour l’autre, rien ne peut non plus permettre des noces confiantes: la corruption des deux grands régimes, la différence fondamentale d’idéaux et de vision, créent les plus puissants anticorps contre ce rapprochement.

À Taipei, plutôt que de s’enivrer de l’ampleur prise par le mouvement, les jeunes aux tournesols ont levé le camp après avoir obtenu qu’une loi soit votée pour prévenir les risques politiques des échanges commerciaux avec la Chine continentale. Modèles de citoyens responsables, ils ont quitté le Parlement taiwanais en nettoyant tout derrière eux. Et si à Pékin ce succès a suffisamment agacé pour que la censure du net s’applique maintenant à tous les artistes taiwanais ayant soutenu le mouvement, la génération des «fraises» a, à la surprise de tous, montré la sagesse de tournesols qui cherchent la lumière en tâtonnant.

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