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Avenir indéterminé pour les pros du cheveu masculin

Giovanni ne craint pas pour le futur, avec ou sans barbier

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
28.04.2014
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  • Giovanni Bonadonna, une légende dans le domaine des barbershops à Montréal, avec un de ses amis et clients depuis 40 ans, Frank, des Aliments Frank & Dino Inc. (Mathieu Côté-Desjardins/Époque Times)

Au Montallegro Barber Shop à Montréal, ce sont plus les clients qui prennent la parole afin de donner leurs impressions du commerce, du moins plus que ses coiffeurs, les frères Bonadonna, bien que Giovanni, le responsable du salon, n’ait pas la langue dans sa poche. «J’étais en train de parler à Giovanni et, à un moment donné, il m’a dit : “Parfois, on doit écouter et arrêter de parler”», explique Jalil, un jeune Tunisien habitué qui avait décidé de prendre tout son après-midi pour venir vivre l’expérience Montallegro. Ce petit salon, d’environ 12 pieds par 12 pieds, est un centre d’attraction humain hors du commun, tout en étant un havre de «respect où le client est à l’aise». Ce salon de barbier a été épargné (et le sera) par la tempête qui entraîne quelques barbiers sur son passage.

Le salon est certain de passer à l’histoire avec toutes les péripéties qui s’y sont vécues mais, pour le reste, c’est à voir. «Il y aura une autre personne tout simplement après moi, que ce soit un barbier ou non», répond l’Italien qui prend la vie avec légèreté. Il tient à souligner qu’il ne s’agit pas d’un métier payant, tout en laissant transparaître sa grande passion du genre humain. «Si Giovanni coiffe, c’est pour la gloire. S’il meurt, c’est pour l’histoire», rajoute Jalil en riant.

Giovanni va chercher sa cigarette électronique derrière un comptoir, il prend quelques bouffées et revient à son client. «Je fume de tout», dit-il pince-sans-rire, avec un paquet de cigarettes dans la poche de sa chemise. Tous les gens présents, à un moment ou à un autre, parlent entre eux. C’est l’atmosphère méditerranéenne en pleine action. Il revient à son client, Frank, président des Aliments Frank & Dino Inc. et fidèle ami depuis 40 ans. «La journée où il est arrivé à Montréal, Giovanni m’a coiffé et on a commencé à devenir des amis», raconte un des plus importants PDG du domaine alimentaire à Montréal. «Même s’il [Frank] est plus que millionnaire, qu’il peut vivre tout ce qu’il veut, il revient toujours ici», confie Giovanni.

Al-Karim, un Ontarien, est de passage à Montréal. «Les critiques de ce barbier sur le Web étaient incroyables. Giovanni m’a invité à prendre un café expresso, voisin du salon. Il a mis son client en attente et il est venu avec moi et a fait attendre son client quelques minutes. […] Tu as tendance à dépenser plus d’argent dans une place où tu es à l’aise. Tu te sens comme à la maison», fait-il valoir.

Jalil est complètement sous le charme de ce lieu «philosophique et magique». «Giovanni est une mine d’or d’informations et de ressources, une sorte d’érudit, tout comme un père pour moi. Quand je viens ici, c’est comme un 5 à 7 perpétuel. On pourrait comparer aussi cet endroit à l’arche de Noé. Tout y est. J’ai étudié près d’ici en immobilier et, en venant dans le coin par hasard, ce fut le coup de foudre immédiat. […] Sa compréhension et son empathie sont  stupéfiantes. Il est adaptable à toute sorte de têtes. J’aime de quoi j’ai l’air en sortant de ce salon. C’est vraiment de l’art, c’est mathématique! On ne se sent pas comme un mouton qui se fait tondre comme dans bien des salons à Montréal. L’ambiance est un peu nostalgique, un peu du genre des années 1980-1990. On perd la notion du temps. Même si Giovanni coifferait sous un parapluie dans la rue, je serais son client», défile l’enthousiaste Jalil.

«C’est le meilleur barbier à Montréal», lance un client venant de l’Albanie et habitant à Montréal depuis 11 ans. «J’ai fait plusieurs barbiers. Lui, il prend le temps, c’est comme si j’étais chez moi», explique-t-il. Sans utiliser les services du salon, il venait seulement saluer les frères italiens et allait prendre un café à la porte d’à côté.

Mohamad, un client iranien, entre au Montallegro Barber Shop. Giovanni s’exclame : «Celui-là m’a trahi une fois, mais il est revenu par la suite», ce qui a fait rire tous les clients présents.

Giovanni a commencé à être barbier à l’âge de sept ans. «On commence très tôt en Italie à faire un métier. Mon grand frère était barbier et j’ai appris avec lui. En Italie, tout le monde se coupe la barbe au salon de barbier. Avant, tu ne payais pas en argent, mais souvent en froment pour faire le pain. On faisait un calcul pour savoir ce que représenterait l’échange : combien de coupes, de rasages, etc. J’allais à l’école dans la matinée et, dans l’après-midi, j’apprenais mon métier. On apprend à faire la barbe avant de raser les cheveux. Ici, c’est le contraire», raconte le vieil Italien drolatique.

Une dame chinoise vient aussi faire les shampoings et offre quelques soins. «Si elle ne fait pas ça, qu’est-ce qu’elle va faire? Elle va voler pour survivre? Quand je suis arrivé au Canada, les gens m’ont aidé, vraiment très aidé. Pourquoi ne pas retourner l’ascenseur?», fait comprendre le barbier de longue date. La confiance règne chez Montallegro Barber Shop. «Une fois, une femme qui n’avait pas d’argent comptant m’avait dit qu’elle viendrait payer dans quelques minutes. Deux mois plus tard, elle est revenue», se souvient Giovanni.

Il travaille uniquement avec son frère, Giuseppe. «Avant, j’avais cinq ou six barbiers, mais je manquais de patience comme ils n’étaient pas très fiables. Ils ne se présentaient pas toujours à l’heure où je les attendais et me donnaient toujours mille et une raisons. Avec mon frère, je sais au moins qu’il traite bien les clients. S’il traite mal le monsieur, c’est lui-même qui se fait mal, pas moi. Mon argent, c’est son argent, son argent, c’est mon argent. Mon frère et moi, nous avons été élevés ensemble. On reste l’un à côté de l’autre, on voyage ensemble. Si nous avions froid et qu’il n’avait pas de veste, je lui donnais la mienne», décrit Giovanni.

Quelque 70 % des clients de Montallegro Barber Shop sont des clients récurrents, 30 % viennent du bouche-à-oreille. À cet effet, Giovanni n’a pas de carte professionnelle et ne prend pas de rendez-vous, ce qui ne l’empêche pas d’être classé parmi les meilleurs «barbershops» à Montréal sur le Web. Le lien est si bon entre ses clients et lui qu’il n’est pas rare qu’il soit invité dans les mariages. «Un bon barbier doit être un psychologue très gentil, ça aide s’il coupe bien les cheveux aussi, mais ce n’est pas la priorité», déclare-t-il avec un sourire en coin.

Montallegro Barber Shop

Propriétaire : Giovanni Bonadonna


7244, rue Hutchison 
Montréal QC  H3N 1Z1

514 274-5241

 

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