«Il n’y a rien à craindre», d’après Charles, le barbier

Avenir indéterminé pour les pros du cheveu masculin

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
30.04.2014
  • L’intérieur du salon du barbier nouveau genre, Cordial Barbier, donnant sur le boulevard Rosemont. (Charles Vaillancourt/Cordial Barbier)


Remplaçant le barbier québécois, Alain, établi sur le boulevard Rosemont depuis des années, Charles Vaillancourt, coiffeur depuis 15 ans, a acheté le salon et a remanié le salon à son image sans toutefois changer la vocation du salon de barbier de quartier. «Alain a fermé en janvier 2013 et j’ai repris en juin suivant, en ouvrant Cordial Barbier en juillet 2013. […] Je ne l’ai pas connu», indique Charles, qui a fait sa formation professionnelle en coiffure qui comptait un volet barbier. Il fait partie intégrante du vent de changement chez les barbiers québécois, tout en gardant le plus précieux de leur héritage.

«Le métier de barbier est très tendance actuellement. Il y a beaucoup de mes clients qui expriment le désir de devenir barbier, et ce, chaque jour. Le métier va toujours survivre. Mon grand-père, qui était barbier, avait pensé que le métier allait mourir dans les années 1960-1970 avec les hippys. Même chose pour mon oncle, également barbier dans les années 1980, quand les hommes ont commencé à se faire faire des permanentes et qu’ils se rendaient dans les salons pour femmes. En fin de compte, il travaille encore», soutient Charles.

«Je dirais que le barbier de 2014 est le DJ (disc-jockey) de 2005. En 2005, tous nos amis voulaient être DJ et spinner dans les clubs. Quelques-uns y sont arrivés et ont duré pendant quelques années, jusqu’à ce que quelqu’un, un vrai professionnel, arrive et dise : “T’es pas vraiment capable de le faire. Laisse-moi la place”. C’est la même chose. Comme le courant Hipster est fort en ce moment, on a de la barbe et on coupe de la barbe, mais est-ce que ça durera? Est-ce que les nouveaux barbiers vont durer? Ça fait 15 ans que je fais mon métier. Je peux passer jusqu’à trente clients dans une journée, être 14 heures debout à l’arrière d’une chaise. C’est exigeant physiquement, mais aussi le contact avec les gens est très très stimulant. C’est merveilleux. Actuellement, c’est tendance», analyse le barbier averti.

Pour l’aspect social, Charles note une certaine évolution avec les années. «Les gens du quartier Rosemont, qui est en expansion, passent assez régulièrement. Comme les tarifs ici sont bas, les clients reviennent toutes les deux ou trois semaines, alors qu’ils vont moins souvent dans les salons de coiffure plus dispendieux lorsqu’ils n’ont que ça autour d’eux», constate-t-il.

«Dans le passé, le barbier était souvent un domaine connexe à une tabagie ou à un petit restaurant. Mon grand-père servait de petits repas, il vendait des cigarettes et de l’essence. Les gens venaient très souvent. Tu allais chez le barbier une fois tous les mois ou tous les deux mois, mais tu allais chercher de l’essence une fois par semaine, des cigarettes une fois par jour et un petit sandwich en passant avec une liqueur de temps à autre. C’était une plaque tournante dans les quartiers, dans les villages», se remémore le barbier à la barbe fournie.

On retrouve chez Cordial Barbier des instruments de barbiers classiques, certains sont à sa disposition pour utilisation, tandis que d’autres sont à l’intérieur de cadres. Le classique «poteau de barbier» est à l’extérieur du commerce et roule bien. Une machine à expresso, près des chaises, sert à l’occasion pour les clients. Ayant acquis une vaste expérience dans les salons de coiffure haut de gamme, Charles tenait à offrir un prix «abordable et juste», comme le ferait un vieux barbier. «Quand tu as travaillé dans le haut de gamme, tu paies bien souvent pour un paquet de choses inutiles autour, bien plus que pour un bon service. J’ai épuré ça et gardé ce qui est important pour pouvoir réduire le prix, tout en gardant une petite touche moderne», fait remarquer Charles Vaillancourt, originaire de Victoriaville.

Charles Vaillancourt continue quand même à faire des clientes, dont la coloration. Il couvre «tous les spectres du domaine de la coiffure du cheveu humain».

Cordial Barbier

Propriétaire : Charles Vaillancourt
828, boulevard Rosemont

Montréal QC  H2S 1Z6

514 508-7202