Car2GO: l’autopartage en voie de développement

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
12.05.2014
  • Le service Car2Go a été lancé en octobre 2013 à Montréal. (Car2Go)

Les termes «zone urbaine» et «stationnement» n’ont jamais vraiment fait bon ménage, surtout dans les dernières années. Les solutions novatrices sont donc toujours les bienvenues dans un monde où l’offre des places de stationnement atteint son point de saturation tandis que la demande croît continuellement. Arrive dans le portrait montréalais Car2Go, un service de voitures en libre-service, filiale en propriété exclusive de Daimler, constructeur d'automobiles notamment connu pour la marque Mercedes-Benz, mais aussi ses camions et ses services financiers. Ce géant propose-t-il un service adapté à la réalité montréalaise? Inversement, est-ce que Montréal est prêt à plus d’autopartage?

À l’opposé d’une voiture de luxe, ce service de transport souple et «sur demande» se déroule derrière le volant d’une Smart Fortwo. Quelque 600 000 membres sont répartis dans 26 villes du monde. À Montréal, Le Plateau-Mont-Royal, Rosemont–La Petite-Patrie et Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce sont les trois seuls arrondissements à offrir le service de Car2Go. Le directeur de Car2Go Montréal, Jérémi Lavoie, parle de sa nouvelle passion pouvant être très utile aux Montréalais et qui aurait de quoi inspirer les autres arrondissements.

Les faits

Muni de son propre téléphone intelligent ou de sa tablette numérique et bien sûr de l’application Car2Go, il est possible de repérer où est la voiture Car2Go la plus près. Le tout ressemble au service BIXI, sauf que la voiture peut se retrouver n’importe où dans l’arrondissement participant au lieu d’être à une station fixe. Notons qu’il y a aussi des endroits réservés où plusieurs voitures de Car2Go se retrouvent, comme près de la Place Bonaventure et à côté du Château St-Ambroise. 


«L’application permet de connaître la distance entre notre position et la voiture la plus près de nous ainsi que l’essence qui reste dans le réservoir, en pourcentage. On peut réserver la voiture 30 minutes à l’avance, histoire d’avoir le temps de s’y rendre. […] Une fois devant la voiture, on passe notre carte de membre sur le pare-brise, à l’endroit où se situe le lecteur. On termine de la même manière la location, dans la zone Car2Go [un des trois arrondissements]. La clé se trouve juste à côté de l’ordinateur de bord. […] Radio, GPS, centre d’appels 24h/24h et même un petit logiciel qui évalue notre qualité de conduite et notre consommation d’essence sont à notre disposition. À l’entrée, on nous demande de juger de la propreté de la voiture, en plus de savoir s’il y a des dommages», explique Jérémi.

«Question sécurité, on nous demande un NIP. On ne peut pas voler la carte de membre d’un membre et espérer pouvoir conduire une voiture de Car2Go. Même si un voleur brisait la fenêtre et s’emparait de la clé pour démarrer, il n’y arriverait pas. Si la voiture n’est pas propre, on l’indique sur l’ordinateur de bord et une équipe de nettoyage s’en chargera rapidement. Une carte prépayée pour l’essence se trouve à proximité de l’ordinateur de bord, si on fait des distances plus importantes. De toute façon, le client paie 0,38 $ par minute et il est compensé en minutes d’utilisation s’il arrête pour remplir le réservoir. […] Par exemple, si on fait un trajet de 10 minutes, dès le lendemain, on voit le montant dépensé sur son compte. Il n’y a pas de frais récurrents pour l’abonnement : 35 $ une fois et c’est tout. Si on ne s’en sert pas, ça coûte rien d’autre», rajoute-t-il.

«En ce qui a trait à la Smart, c’est évidemment une voiture compacte. On peut en garer deux l’une en arrière de l’autre par place de stationnement régulière. Elle offre peu de rangement, c’est suffisant pour deux personnes. […] 97 % des gens font des déplacements à une ou deux personnes lorsqu’ils sont en ville», fait part le directeur de Car2Go Montréal.

«On a une vignette qui couvre toute la zone de l’arrondissement participant. Une voix robotique nous interpelle lorsqu’on sort de la zone. On peut en sortir, aller sur la Rive-Nord ou la Rive-Sud par exemple, mais on doit impérativement revenir dans la zone pour compléter la location. Si on la stationne hors zone, on garde la clé, mais chaque minute coûte 0,38 $. Le compteur continue de “rouler”. On parle de 14 $ par heure et 73 $ par jour», décrit Jérémi Lavoie.

Regard montréalais

Jérémi est d’accord pour dire que Car2Go est un service pour la vie de quartier, alors qu’il dessert seulement 3 arrondissements sur 19. «La Ville prend son temps. […] À Denver, ou encore à Washington D.C., la zone s’étend à la grandeur de la ville. Montréal est l’une, sinon la seule ville à gérer son service de stationnement par arrondissement», fait comprendre Jérémi.

Il a choisi de se lancer dans l’aventure Car2Go comme cela représente, à ses yeux, un changement réel dans l’urbanisme d’une ville. Avocat de formation et heureux dans cette profession, il a décidé de faire le saut.

«Prenons l’exemple d’une voiture stationnée à Montréal. Cette voiture stationnée sur le Plateau risque de rester toute la semaine au même endroit sans bouger. Elle sera fort probablement seulement utilisée la fin de semaine. C’est comme si un stationnement était devenu un espace privé. “Je paie 150 $, donc cet espace est le mien”. C’est incroyable! On parle à des élus et ils nous disent : “Les gens paient pour le stationnement”. Le tout est complètement sous-évalué. Cet espace, au pied carré dans un loyer, ça coûterait 150 $ par mois si ce n’est pas plus! Quand j’ai ouvert les yeux là-dessus, ça a été une révélation. Un espace de stationnement doit servir à plus d’une personne», déclare-t-il.

«Les arrondissements participants sont très heureux avec notre service. Les gens qui utilisent les autres services comme Communauto aussi. Car2Go est complémentaire et répond à la question suivante : “Quelle est la meilleure façon de me rendre d’un point A à un point B?” Ce qui nous intéresse le plus à Car2Go, c’est que les gens cessent d’acheter des automobiles. Quand une personne utilise sa voiture, une fois ou deux par semaine, ça va lui coûter 10 000 $ par année de frais fixes, tandis qu’en utilisant un service comme le nôtre, ce sera beaucoup moins cher», fait valoir Jérémi Lavoie.

Pour en savoir davantage : car2go.com