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L’Europe selon lui

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
25.05.2014
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  • Nicolas Sarkosy et Angela Merkel. (Sebastian Zwez/Wikimedia Commons)

ÉDITO – Être ancien président en période monacale n’empêche pas, entre deux méditations et le temps que pousse la barbe blanche de la sagesse, de laisser descendre quelques unes de ses inspirations sur le monde profane, lequel s’interroge aujourd’hui grandement sur l’avenir de l’Europe, son identité et la part demeurant aux nations.

Nicolas Sarkozy a choisi, contre l’avis de plusieurs de ses amis politiques, de ne pas attendre le résultat des élections européennes pour retrouver l’espace public. Dans une longue tribune publiée le 22 mai en France par Le Point – et en Allemagne par Die Welt – l’ancien président fait ce que l’hebdomadaire français appelle «une déclaration d’amour vigilante, exigeante et lucide».

Dans son texte, longuement travaillé, l’ancien président propose une refonte majeure du projet européen: suppression du pouvoir législatif de la Commission européenne – qu’il souhaite voir entièrement transféré au Parlement – limitation des domaines de compétence de l’Union avec reprise de souveraineté nationale sur «la moitié des actuelles compétences communautaires»; puis et peut-être surtout, disparition de l’espace Schengen tant que ses États membres n’auront pas mis en place une réelle politique de protection des frontières pour se prévenir de l’immigration clandestine.

Enfin, M. Sarkozy engage à «cesser de croire au mythe de l’égalité des droits et des responsabilités entre tous les pays membres» et appelle à la création d’un dipôle franco-allemand comme premier moteur européen. Cette proposition, qui n’a pas été commentée en Allemagne, tient au fait, explique l’auteur, que «l’absence de leadership met l’Europe en danger car sans vision, sans cap et sans priorité».

Au lendemain d’élections européennes qui ont donné pour la représentation française à Bruxelles ce que tout le monde en attendait, à savoir une montée relative des deux extrémismes anti-européens et une défaite socialiste, la voix de l’Europe change. Si elle était un chœur, celui-ci comprendrait maintenant plus de basses, moins de sopranos, et se prendrait à vouloir chanter d’un côté du Wagner, de l’autre du Chostakovitch. Alors que les faiblesses et dysfonctionnements de l’Union ont été pointés comme jamais auparavant pendant la campagne européenne, peu d’idées nouvelles fortes sont apparues dans le débat national, limité au martèlement de deux visions: d’un côté, «l’Europe est la paix, défendons-la»; de l’autre, «l’Europe nous enchaîne, supprimons-la». Bien qu’on puisse reprocher à M. Sarkozy de ne pas avoir, alors qu’il était président de la République, assez impulsé les changements qu’il propose, ou le soupçonner d’utiliser sa tribune à fin de politique intérieure française (à Bruxelles, l’irritation au sein de la Commission s’est principalement traduite par ce reproche), il reste que le bouillonnant ancien président, en donnant une vision forte et perturbatrice, secoue une nouvelle fois les convictions, dérange, agace – ce qu’il fait fort bien – va chercher les coups et accélère significativement le rythme cardiaque de la réflexion européenne, menacée de brachycardie. Europhile critique, son texte a le mérite de proposer une vision sur ce que pourrait être une Europe dont l’identité serait clarifiée et qui soutiendrait les nations sans les supplanter.

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