Europe: À quoi faut-il s’attendre?

Écrit par David Vives, Epoch Times
27.05.2014

À l’heure où les «eurosceptiques» et abstentionnistes s’expriment par un non-vote, l’Europe joue un jeu serré sur le plan international. Dans le jeu délicat des tractations géopolitiques, celle-ci devra trouver un équilibre dans la défense des intérêts des citoyens, de l’environnement, et des droits de l’homme. L’Europe saura-t-elle maintenir son rôle de garante de la paix telle qu’il a été imaginé par ses pères fondateurs? Quelques réponses avec trois dossiers qui témoignent d’un positionnement européen qui gagnerait à être affirmé.

Le traité transatlantique

Des négociations sont en cours sur le futur traité transatlantique entre l’Union européenne et les États-Unis. Si celles-ci aboutissent, la zone la plus importante de libre-échange de l’histoire sera créée. Celle-ci couvrira 46% à 51,3% du PIB mondial. L’accord constituerait en une harmonisation progressive des réglementations sur les grands marchés d’ici à 2015. Selon la Commission européenne, les avantages seraient une augmentation de 0,5% de croissance d’ici à 2027, la création de 400.000 emplois et le gain calculé pour les ménages européens serait à hauteur de 545 euros.

Cependant, en Europe, de nombreuses voix s’élèvent sur le contenu du traité, pour l’instant tenu secret. Les tractations permettraient, d’après EELV, l’exportation massive «d’OGM américain, de viande issue du clonage, de bœuf aux hormones, de volaille chlorée...» D’autre part, il serait possible pour les multinationales d’attaquer les États dont la politique entraverait leur activité commerciale. Les voix sont divisées en Europe: certains hommes politiques, comme le député UMP Laurent Wauquiez, en appelle au «protectionnisme européen»; pour David Cameron, le traité permettrait de «relancer la croissance économique», et constituerait une opportunité pour «définir les futures règles du jeu du commerce international».

La transition énergétique

À ce jour, ni les États-Unis, ni la Chine ne semblent vouloir revenir sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Or, ce qui se passe sur notre continent peut être déterminant par la suite, car les pays européens ont un engagement différent sur la question. Mais faute d’une dynamique portée par un projet de politique commune à long terme, les mesures en cours sont celles que décident les pays membres pour eux-mêmes.

À ce jour, la Commission européenne n’a toujours pas tranché sur la question, et les différents intérêts nationaux n’ont fait que repousser le débat. David Cameron aimerait subventionner le nucléaire en laissant le champ libre à la concurrence. L’Allemagne, en position de force sur le sujet, n’a pas exprimée d’attente. Pour la Pologne, il faudrait renégocier avec le partenaire russe, et se doter d’infrastructures pétrolières et gazières. Quant à la France, elle aimerait bien parvenir à un accord qui tracerait un chemin pour une «Communauté européenne de l’énergie» d’ici à 2015, date de la prochaine conférence mondiale à Paris.

La défense des droits de l’homme dans la géopolitique

La paix européenne est un acquis dont le souvenir tend à se diluer. Cependant, quelques enjeux actuels pourraient bien rappeler que tout n’est pas acquis dans le jeu des puissances mondiales. D’après Noëlle Lenoir, juriste et ministre des Affaires européennes de 2002 à 2004, il est «illusoire de croire la paix irréversible. La question de l’Irlande du Nord et celle de la division de Chypre ne sont pas encore résolues. Les États Baltes – l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie – trois ex-Républiques de l’Union soviétique qui ont rejoint l’UE en 2004, sont aux premières loges des tensions avec le voisin russe». Pour ces pays, profondément europhiles, la paix européenne est bien un fait tangible.

Au regard du conflit ukrainien, le degré d’engagement européen sur les questions des droits de l’homme tourne pourtant au dialogue de sourd, car la Russie compte de puissants alliés dans l’Union européenne, au sein de partis de droite comme de gauche. Ne pouvant s’opposer frontalement à l’Europe (moins puissant qu’elle sur la scène internationale), dresser ses membres les uns contre les autres est le pari payant pour le président russe.

D’après l’historien et journaliste ukrainien Konstantin Skorkin, les idéaux européens, partagés par une partie de son pays, sont aussi compatibles avec les intérêts russes que l’eau l’est avec l’huile. «Poutine et ses conseillers ont mis en place une contre-proposition assez complexe à l’Union européenne, ce projet eurasien, qui est en même temps un espace économique et une communauté de valeurs fondée sur des idées socialement conservatrices s’opposant à ce que le président russe nomme la décadence occidentale», affirme-t-il. 

Commission européenne: exit le gendarme, bonjour la politique?

Pour la première fois, le Parlement européen élira le président de la Commission européenne. Ce dernier succèdera à Manuel Barroso, qui a porté la fonction pendant dix ans. Le premier défi du nouveau président sera de réformer le fonctionnement de la Commission. À ce titre, Manuel Barroso a confié à Martin Schultz, eurodéputé socialiste et candidat à la présidence qu’il se sentait tel «un contrôleur dans une tour de contrôle, qui passait son temps à éviter les accidents de circulation entre les différents avions».

Pour Mario Telò, président de l’Institut d’études européennes de l’U.E, le silence du président de la Commission n’a pas joué en faveur des institutions: «il s’est montré très timide sur la gestion des crises économiques et sociales, ce qui a favorisé la montée de l’euro scepticisme». À l’image de nombreux observateurs et hommes politiques, ce dernier espère une «présidence plus dynamique» de la Commission européenne.

Pour plusieurs observateurs et acteurs politiques, la fonction de président de la Commission européenne est un poste qui devrait correspondre à une couleur politique. La direction de l’Europe pourrait alors suivre une direction et des idées politiques impliquant des responsabilités plus importantes que d’essayer de jouer le gendarme entre les différentes nations.

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