La Chine, un géant isolé en Asie

Face à l’agression croissante de la Chine envers les pays voisins une coalition s’est formée en Asie, soutenue par les États-Unis

Écrit par Joshua Philipp, Epoch Times
08.05.2014
  • 29 mars 2014: Un navire garde-cotes chinois et un ravitailleur philippin en confrontation dans les eaux du Banc Thomas, un territoire maritime que revendiquent les deux pays. (Jay Directo/AFP/Getty Images)

Jusqu’à récemment, le Japon était un pays que la législation nationale interdisait d’utiliser la guerre comme moyen de résoudre les différends internationaux. Les Philippines étaient sur la liste américaine des pirates. L’Indonésie était un pays neutre. Et aucun Président des États-Unis ne s’était rendu en Malaisie depuis 48 ans.

Tout cela a changé depuis la visite du Président Barack Obama en Asie – au Japon, aux Philippines, en Malaisie et en Corée du Sud. Une coalition des pays asiatiques est en train de se former autour de la nouvelle stratégie militaire américaine concentrée sur l’Asie, renforcée par de nouveaux accords économiques, le réchauffement des relations extérieures et l’apaisement des tensions qui divisaient depuis très longtemps la région.

Cependant, la Chine ne fait pas partie de cette coalition. En raison de son agressivité croissante, la Chine a fini par devenir l’ennemie de presque tous ses pays voisins. Au cours de l’an dernier, les actions du dernier empire communiste ont ruiné l’image que les autorités chinoises ont essayé de donner pendant des décennies.

«Ce qu’il s’est passé, c’est que la Chine a abandonné sa doctrine de croissance pacifique,» a expliqué Edward Luttwak, un auteur qui a travaillé comme consultant pour plusieurs institutions gouvernementales américaines, dont le Secrétariat de la défense, le Département d’État et le Conseil de sécurité nationale.

La «croissance pacifique» de la Chine était la ligne politique utilisée autrefois par les planificateurs du Parti pour mieux faire accepter l’approche du régime communiste sur la politique étrangère. Elle était basée sur l’idée que la Chine avait sa façon de régler les affaires en interne  – comme ses violations des droits de l’homme – mais que ces pratiques agressives ne devaient pas s’étendre hors de ses propres frontières.

Cependant, la Chine a abandonné cette approche lorsqu’elle a commencé à déployer sa force dans les revendications territoriales dans les mers de Chine orientale et méridionale où de nombreux pays revendiquent les mêmes îles, îlots et récifs.

«Cette Chine,» a souligné M. Luttwak en se référant à son approche agressive dans les revendications territoriales, «est une Chine qui a provoqué la création d’une alliance anti-Chine.»

Le pivot asiatique

Trois chaines d’îles ont pris une dimension internationale. Dans la mer de Chine orientale se trouvent les îles Senkaku, regroupées avec la chaîne des îles Ryükyü du Japon. Dans la mer de Chine méridionale se trouvent les îles Paracel et les îles Spratly.

Tous les pays dont les côtes bordent ces îles en revendiquent au moins quelques-unes. La Chine, quand à elle, les revendique toutes.

Les tensions se sont intensifiées en novembre 2013 lorsque la Chine a annoncé la création d’une Zone d’identification de défense aérienne au-dessus des îles Senkaku, suivie par l’application en janvier 2014 de nouvelles «réglementations de pêche» dans la mer de Chine méridionale.

Les dirigeants chinois ont annoncé qu’ils défendraient militairement la zone de défense aérienne et protégeraient la zone de pêche avec de nouvelles lois. Les pays  avoisinants ainsi que les États-Unis ont déclaré qu’ils ne reconnaîtraient aucune de ces décisions. Les tensions se sont accrues. Des navires chinois ont presque éperonné des bateaux de pêches et de navires de guerre d’autres pays. Des jets chinois traquent les avions dans la région.

Finalement, la Chine a créé un environnement de tension –cenvironnement dans lequel les autres pays sont censés craindre la Chine et abandonner leurs revendications territoriales pour se plier aux exigences de la Chine.

Cependant, le résultat a été tout à fait contraire.

Selon Edward Luttwak, la situation actuelle diffère des tensions similaires lors de la Guerre Froide, lorsque l’Union soviétique menaçait l’Europe. À cette époque, de nombreux alliés des États-Unis en Europe se remettaient encore de la guerre, l’Allemagne était interdite de créer une armée et les États-Unis étaient le seul grand pays à pouvoir défier la puissance soviétique.

Les conflits actuels avec la  Chine sont très différents.

«Dans le Pacifique il y a des pays qui dépassent la  Chine, leur PIB est plus élevé  que celui de la Chine et ils pourraient posséder davantage de technologies que la Chine», a poursuivi M. Luttwak. «Ensemble, l’Inde et le Japon sont plus puissants que la Chine.»

Il a ajouté qu’actuellement, la puissance chinoise s’estompe encore plus tandis que sa croissance économique ralentit – particulièrement depuis que la Chine a poussé ses voisins à s’armer et à former une alliance pour contrer ses actions.

La présence américaine dans la région ne fait que s’ajouter à cette force d’opposition.

  • 2 avril 2014: Manille, des manifestants tiennent des panneaux et scandent des slogans anti-Chine pendant un rassemblement devant le Consulat chinois. (Ted Aljibe/AFP/Getty Images)

Monter sur un tigre

Plutôt que de reculer, la Chinese multiplie les tambours de guerre.

Alors que M. Obama visitait les autres pays d’Asie, le Japon a annoncé qu’il construirait une station radar sur l’île Yonaguni, juste à l’est de Taiwan. La Chine a rapidement riposté, affirmant qu’elle organiserait des patrouilles, des exercices militaires et d’autres activités à proximité de la nouvelle station du Japon.

Selon June Teufel Dreyer, ancienne spécialiste de l’Extrême-Orient à la Bibliothèque du Congrès américain et conseillère politique sur l’Asie auprès du Commandant des opérations navales américaines, de nombreux pays dans la région se sont retrouvés dans une situation compliquée.

«Barack Obama a pris les mesures appropriées pour rassurer ces pays,» a-t-elle déclaré, tout en notant que la Chine testera probablement la résolution d’agir des États-Unis.

«Je pense que cela ira encore plus loin,» a déclaré Mme Dreyer.

«Je pense que la Chine tente de provoquer le Japon pour qu’il fasse quelque chose comme tirer un coup de feu qui leur fournira une excuse pour aller de l’avant. Elle dira que les Japonais ont agi de la sorte et qu’elle est obligée de prendre des contre-mesures.»

La Chine se trouve aussi dans une situation compliquée: si elle recule, elle perdra la face devant le monde entier et si elle maintient sa pression, les autres nations continueront de résister.

Dans le cas des États-Unis en particulier, la Chine les a involontairement aidés à renforcer leurs relations et alliances en Asie, ce qu’ils n’auraient probablement pas pu réussir autrement.

Il y a à peine deux ans, le Japon était prêt à renvoyer d’Okinawa l’armée américaine. L’attitude des Japonais envers la présence militaire américaine a rapidement changé lorsque la Chine a annoncé la création de sa zone de défense aérienne et a commencé à menacer le Japon, affirmant que les États-Unis ne le défendraient pas dans une guerre pour les îles Senkaku.

Les revendications de la Chine ont obligé les États-Unis à clarifier leurs relations militaires avec le Japon. Lors de sa récente visite en Asie, M. Obama a ouvertement déclaré que l’engagement américain à défendre le Japon était «absolu».

Version en anglais: Where Did All China’s Asian Friends Go?

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