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Quelles perspectives pour le gouvernement israélien à venir?

Écrit par Barah Mikaïl, chercheur à l’IRIS
15.06.2014
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le 14 juin 2014 à Tel Aviv. (Jack Guez/AFP/Getty Images)

Après des semaines intenses de négociations, il semblerait que le nouveau gouvernement israélien soit enfin en passe d’être constitué, et bientôt confirmé. La disposition officielle d’Ehud Barak, leader du Parti travailliste, à rejoindre une coalition menée par Benjamin Netanyahu, rend ce scénario possible. Reste à savoir si elle sera à même d’avancer concrètement sur les enjeux fondamentaux pour l’avenir de l’Etat hébreu.

Likoud (27 sièges à la Knesset), Yisrael Beïtenu (15), Parti travailliste (13) et Shass (11); toutes ces formations semblent s’être mises d’accord aujourd’hui sur certains paramètres, permettant ainsi à Benyamin Netanyahu de prétendre à une majorité parlementaire composée de 66 députés. En contrepartie, c’est bel et bien Kadima qui devra se «contenter» d’une posture de parti d’opposition. Chose que beaucoup de ses membres, à commencer par son leader Tsipi Livni, semblaient de toutes façons solliciter depuis quelque temps déjà.

Des blocages en cascade

Pas pour autant de quoi se réjouir des perspectives en Israël. Les contraintes à la constitution d’un tel gouvernement étaient en effet écrites d’avance. Le caractère par trop hétéroclite de la coalition de B. Netanyahu n’est en rien une nouveauté dans l’histoire d’Israël, certes. Par contre, l’importance des enjeux prévalant à échelles nationale comme régionale est maintenant beaucoup plus déterminante. La crise financière et ses répercussions en termes budgétaires; l’affirmation sans cesse accrue de pôles de l’opinion publique israélienne s’organisant, schématiquement s’entend et avec des nuances, entre «laïcs» et «religieux»; les conditionnalités éventuelles pour le maintien intact de la portée des relations américano-israéliennes ; et bien sûr, l’avenir des relations israélo-arabes en général et israélo-palestiniennes en particulier… autant de points qui ont pu expliquer, à des degrés divers, tout ce temps nécessaire pour que B. Netanyahu et ses partenaires politiques parviennent à un accord. Et qui annoncent, en bonne partie, la difficulté que celui-ci aura à formuler des politiques gouvernementales emportant l’adhésion de l’ensemble des membres du gouvernement. Ce, quelle que soit la thématique concernée.

Les termes utilisés par E. Barak même sont révélateurs de cette situation: «Nous serons un contrepoids qui fera en sorte que ce ne sera pas un gouvernement étroit de droite». Dit autrement : que personne ne croit que B. Netanyahu aura toute latitude pour agir comme bon lui semble, car il trouvera des opposants à plusieurs de ses actions pressenties. Cela ne dit pas pour autant si le leader du Parti travailliste, qui s’est auto-érigé en sauveur potentiel, pourra prétendre à des marges de manœuvre conséquentes. La fronde intervenue au sein de sa formation suite à sa décision de rejoindre le gouvernement israélien, ainsi que les relations peu amènes qu’il risque de continuer à entretenir avec le parti Kadima, rendant peu aisée son affirmation politique. Car, et il convient d’y insister, il serait erroné de voir dans le seul Barak un contrepoids potentiel aux actions et volontés de B. Netanyahu. Bien au contraire, si attitude réfractaire il y a, elle aura bien plus de chances d’être à l’émanation d’un Joseph Liebermann (Yisrael Beïtenou) ou d’un Eli Yishaï (Shass). Les priorités de l’agenda politique israélien ne se résument en effet pas au seul risque nucléaire iranien, et c’est pourquoi l’on ne peut que peiner à croire sincèrement en des aboutissements prometteurs de la part de ce nouveau gouvernement annoncé.

Un statu quo régional potentiellement au rendez-vous

Preuve parmi tant d’autres, outre des considérations domestiques telles que la répartition de l’enveloppe budgétaire israélienne ou encore la définition du statut et des droits des religieux israéliens tout comme celui des citoyens arabes d’Israël: l’avenir des relations israélo-palestiniennes.

Une idée reçue veut en effet que les Arabes et les Palestiniens en général n’aient jamais vu leurs intérêts être envisagés aussi favorablement que quand des gouvernements de droite étaient au pouvoir en Israël. En témoigneraient la restitution du Sinaï aux Egyptiens par Menahem Begin (1982) ou encore le retrait unilatéral israélien de la bande de Gaza accompli par A. Sharon (2005). Certes. Dans le même temps, outre que cela ne devrait pas nous faire oublier que c’est en 1982 aussi qu’Israël envahissait le Liban avec l’opération Paix en Galilée, une telle conception évacue deux paramètres fondamentaux. A savoir que, d’une part, ces deux retraits, bien que discutables d’ailleurs pour ce qui relève du cas de Gaza, ont été élaborés au départ d’une prise en compte des impératifs sécuritaires et stratégiques israéliens (paix israélo-égyptienne, menace démographique pour Israël au départ de la bande de Gaza); et que, par ailleurs, B. Netanyahu, pas plus d’ailleurs que le Premier ministre sortant Ehud Olmert, ne peuvent – ou ne pouvaient – prétendre pour leur part à un charisme et à des capacités coercitives aussi fortes que celles d’un M. Begin ou d’un A. Sharon. Les dinosaures de la vie politique israélienne ne sont en effet plus, à l’exception peut-être d’un Shimon Pérès qui, aussi respecté paraisse-t-il, est limité aussi bien par la nature – honorifique – de son poste présidentiel que par le mou global de ses formulations rhétoriques. C’est pourquoi, ni membres du Cabinet et des partis politiques israéliens constitutifs de la coalition gouvernementale à venir, ni même opinion publique israélienne, ne semblent à même de pouvoir laisser B. Netanyahu opter autrement que pour le maintien d’une ligne politique musclée. Ce qui limite, forcément, la marge de manœuvre.

Evidemment, les déclarations d’un B. Netanyahu relatives à la reprise de négociations pour la paix avec l’Autorité palestinienne (www.haaretz.com/hasen/spages...) laisseront peut-être penser que l’heure pourrait – enfin – être au pragmatisme côté israélien. Ce d’autant plus qu’une telle posture s’avère en phase avec certaines des requêtes qu’E. Barak est réputé avoir opposées au Premier ministre pressenti afin d’accepter de faire son entrée au gouvernement. Mais dans le même temps, la polémique récente, qui consiste à savoir si Israël a perpétué ou non des crimes de guerre lors de son offensive à l’encontre de la bande de Gaza en décembre-janvier derniers, a mis en évidence le soutien toujours aussi impeccable de Washington à l’Etat hébreu. Qui plus est, le fait pour Barack Obama de reconnaître que «ce n’est pas dans l’immédiat que nous aurons la paix au Moyen-Orient» (www.haaretz.com/hasen/spages...) a évidemment le mérite d’exprimer une forme de réalisme, ainsi que de clarté de sa part.

Mais cela pose toujours la question de savoir qui saura enfin déployer les efforts nécessaires pour garantir à la région sa viabilité. Ce n’est en tous cas pas une configuration politique israélienne telle que celle qui s’annonce, avec les désaccords potentiels implicites comme explicites de ses membres, qui permettra d’aller plus avant, sur ce point comme sur d’autres.

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