Être Québécois, dans la joie et à long terme?

SSJBM: puits de ravitaillement de l’essentiel québécois

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
23.06.2014
  • La façade de la Maison Ludger-Duvernay (Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal)

La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJBM), institution majeure au Québec allant bien au-delà de l’organisation de célébration de la fête nationale au parc Maisonneuve, souligne son 180e anniversaire. Doyenne des organismes sans but lucratif et des organisations citoyennes de l’histoire du Québec, elle possède un ensemble de facettes donnant une valeur ajoutée à ce que l’on entend par être Québécois, et ce, depuis 1834. La SSJBM est devenue, avant tout, un incontournable pour ceux et celles qui tiennent, de manière allègre, à apprendre à être Québécois et pour ceux et celles qui souhaitent s’en rappeler et le manifester ponctuellement.

«Ce qui en fait une ressource accessible en tout temps, c’est que la SSJBM est d’abord un projet humaniste. […] La devise de la SSJBM est “Rendre le peuple meilleur”», relate Maxime Laporte nouveau président de la SSJBM. «Les débuts de la SSJBM, c’était de réunir l’élite pour trouver des solutions pour aider la population à se reprendre en main», renchérit Claude Boisvert, coordonnateur de projets et de commémorations nationales à la SSJBM. Leurs principaux chevaux de bataille sont l’enseignement de l’histoire, la valorisation de la culture québécoise, l’épanouissement de la langue française et la contribution à forger l’identité québécoise.

Approches via le culturel

«Les gens sont plus attentifs de cette manière», relève Claude Boisvert. «On veut aussi faire rêver, tout en faisant des évènements de qualité. On n’entre pas dans le spectacle pour le spectacle, ni dans la variété», ajoute M. Laporte. «On veut amener les gens à s’intéresser un peu plus au Québec, mais ce sont les universités, les collèges, les institutions plus formelles qui pourront assouvir leur curiosité», revient M. Boisvert.

«Il ne faut pas sous-estimer la capacité de la population à absorber un contenu intelligent. C’est une erreur incroyable de penser qu’en baissant le niveau des créations, cela fera en sorte que les gens nous comprennent. Il faut oser proposer autre chose. On a été audacieux dans ce domaine culturel et engagé et ça nous a prouvé que ça marche. Beaucoup d’évènements de très haut calibre prennent forme constamment au Québec et il y a un public pour y participer. Le travail de Robert Lepage est un bon exemple», rappelle Claude Boisvert.

  • Maxime Laporte, nouveau président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
 (Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal)

«Même instinctivement, les gens ont besoin de festoyer. Ça va chercher quelque chose de très très profond dans l’identité de la personne comme on s’adresse à l’identité du Québécois. Des gens, même sans réfléchir, de manière irrationnelle, vont brandir le drapeau québécois. C’est parce que ça va chercher la fierté. Dans d’autres pays, c’est parfois l’armée qui défile», avance le coordonnateur de projets et de commémorations nationales à la SSJBM.

«Prenons la Journée nationale des patriotes [annuellement le 25 mai]. On y retrouve des évènements extérieurs, des capsules théâtrales à différents endroits avec des comédiens professionnels qui incarnent certains personnages pour cibler certains moments clés de l’histoire. L’objectif n’est pas de faire comprendre ce qui leur est arrivé, ce qu’ils ont fait, mais suffisamment inspirer la population afin qu’elle puisse cheminer dans ses apprentissages sur le sujet par la suite», développe M. Boisvert.

«Le spectacle J’aime ta langue dans ma bouche revient pour une troisième année. Ça a eu lieu depuis deux ans au Lion d’Or. Un grand succès, il réunit au niveau multidisciplinaire bien des domaines : musique, poésie, littérature, etc. Un des évènements avait duré 12 heures en ligne. Des personnes de toute origine y échangent. Lors d’une des éditions, je me souviens de Tamouls qui ont chanté des chansons de Félix Leclerc, dans leur façon de faire évidemment. Voir différentes couleurs de notre culture à travers les immigrants est fascinant, autant pour les immigrants eux-mêmes que pour les Québécois qui sont présents», explique Claude Boisvert.

«Sur le plan de la présence des gens, c’était un grand succès. Le problème était que le Lion d’Or est situé dans un secteur majoritairement francophone de souche. Ça ne répondait pas à l’objectif d’intégrer tous les Québécois. Cette année, le 21 juin dernier, on s’est déplacé à Côte-des-Neiges, à l’extérieur, au parc Kent. Yann Perreau et plusieurs autres grands artistes de différentes communautés étaient au rendez-vous. On est même en train de faire participer les organismes communautaires du secteur. Côte-des-Neiges compte la plus grande diversité d’origines ethniques à Montréal. Autour de 30 % des gens n’y parlent pas français et il y a un grand pourcentage qui ne parlent ni français ni anglais. Ils vivent en ghettos.

Cet événement commence à bien prendre racine dans Côte-des-Neiges et ça va se produire de façon récurrente. Évolutif, le projet tiendra compte des besoins du quartier dans son adaptation», prévoit M. Boisvert.

«Denis Trudel [acteur québécois engagé] est l’un de nos collaborateurs pour un gros événement appelé “Entêtés d’Avenir” [rassemblement culturel du peuple souverain]. En invoquant Gaston Miron, il y avait Alexis Martin, Paul Piché, Gabriel Nadeau-Dubois, Alexandre Billard et bien d’autres», poursuit-il.

L’entrain de l’éducation populaire

«Depuis une douzaine d’années, à la Maison Ludger-Duvernay, tous les mercredis soir, se trouve un club de conversation en français. L’objectif n’est pas de politiser les nouveaux immigrants, mais de les outiller afin de leur permettre de comprendre la langue française. Il y a des francophones de souche qui sont présents et qui les accueillent. Cela suscite l’intérêt à comprendre la langue. Si on finit par comprendre l’autre, on va s’intéresser aussi à la société dans laquelle on vit», souligne Claude Boisvert.

«L’éducation populaire peut aussi prendre la forme de milliers de documents distribués dans la Ville, expliquant l’origine du drapeau québécois lors de la journée du Drapeau [chaque 21 janvier]. Cela date seulement du temps de Duplessis», se souvient M. Boisvert.

La SSJBM renferme diverses fondations; offre des prêts et bourses, différents prix; possède une compagnie d’assurance, une maison de production, un studio télé; a initié une foule de projets et de sites Web. Elle a été étroitement liée aux avancées que le Québec a pu connaître à travers les âges et continue à être un partenaire véritablement actif dans la société civile.