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La situation militaire en Irak

Écrit par affaires-stratégiques.info
25.06.2014
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  • Carte ethno-religieuse de l’Irak avec l’avancée au sud de l’IEEL à la mi-juin, les limites de la région autonome du Kurdistan et les villes citées dans l’article. (Wikimedia/Rafy et Wikimedia/NordNordWest)

Source: affaires-stratégiques.info

Alors que l’offensive menée par les combattants de l’EIIL (Etat Islamique en Irak et au Levant) a surpris la communauté internationale par sa rapidité et son efficacité, The Brookings Institution, un think tank américain, propose un éclairage sur les forces et les objectifs des belligérants en présence. Rappelons que les insurgés islamistes se sont emparés des villes de Mossoul et de Kirkouk dans le Nord du pays et menacent désormais la capitale Bagdad.

Kenneth M. Pollack, spécialiste du Moyen-Orient, et auteur du rapport publié par la Brookings, juge peu probable une avancée significative des forces de l’EIIL vers le Sud de l’Irak, peuplé majoritairement de Chiites. Pour lui, la percée des rebelles s’explique avant tout pour des raisons internes à l’Irak. En effet, le gouvernement de Nouri al-Maliki, en excluant la minorité sunnite de la vie politique du pays, a créé les conditions de l’avancée des hommes de l’EIIL dans les zones sunnites. Marginalisés, certains Sunnites interprètent l’attaque de ces miliciens comme une tentative de rétablissement du pouvoir de leur communauté, aux commandes sous Saddam Hussein. Par ailleurs, les forces de sécurité irakienne, qualifiées de «milices partisanes chiites», sont plus enclines à défendre leurs territoires que le Nord.

Trois entités, impliquées à des degrés différents, prennent part à l’affrontement en cours. Les Kurdes, au Nord, tentent de saisir cette opportunité pour étendre les pouvoirs de la Région autonome du Kurdistan aux territoires peuplés majoritairement par des Kurdes (notamment la région de Kirkouk). De façon plus systématique, l’essentiel des combats opposent les milices sunnites à l’armée régulière composée pour une large part de Chiites.

Les miliciens sunnites se répartissent en divers groupes coalisés, dont l’EIIL est le plus important. Les allégations qui présentent ces groupes comme des forces étrangères ayant envahi l’Irak depuis la Syrie voisine sont à nuancer selon la spécialiste. La majorité des combattants opérant en Irak sont des Irakiens sunnites et leur succès s’explique par leur capacité à capitaliser sur les problèmes propres à la vie politique irakienne.

Bien que très fortement imprégné par l’idéologie islamiste, l’EIIL se différencie nettement des groupes terroristes, tel qu’Al-Qaïda. Il s’agit avant tout d’une milice ethnique (arabe sunnite) impliquée dans une guerre civile intercommunautaire et dont l’objectif est de défendre la suprématie de son camp face au pouvoir chiite de Bagdad. S’il n’est pas exclu que le groupe ait recours à des actes terroristes dans l’avenir, les méthodes utilisées actuellement sont celles d’une guerre conventionnelle. La prise de Fallujah au début de l’année, comme les conquêtes récentes, sont le fruit d’offensives terrestres menées par une infanterie légère motorisée.

De l’autre côté, les forces de sécurité irakienne s’apparentent de plus en plus à une armée confessionnelle au service d’al-Maliki. L’actuel chef de l’exécutif irakien, dont le parti est arrivé en tête aux dernières élections législatives, a entrepris un «nettoyage» de l’armée irakienne, renvoyant les officiers kurdes ou sunnites pour les remplacer par des hommes fidèles au régime (chiites pour la plupart). Récemment, cette tendance s’est accentuée par les désertions de nombreux Sunnites et Kurdes. L’armée irakienne n’est donc pas apolitique et une intervention américaine en sa faveur pourrait exacerber le ressentiment des populations sunnites, pointe l’auteur du rapport.

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