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Zeng, Qinghong, ancien haut cadre du Parti communiste, sous contrôle interne

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
28.06.2014
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  • 5 mars 2012: des soldats chinois gardent les marches conduisant au Grand hall du peuple à Pékin, Chine. (AP Photo/Alexander F. Yuan)

Selon une source bien informée, un des anciens hauts responsables du Parti communiste chinois a été placé sous «contrôle interne».

Les activités et les apparitions publiques de Zeng Qinghong ont été restreintes, a affirmé la même source. Le contrôle de Zeng Qinghong aurait été établi sur les ordres de Xi Jinping, qui en est venu à le considérer comme une menace à son pouvoir et même sa vie, continue cette source.

Zeng Qinghong était autrefois vice-président de la Chine et membre du Comité permanent du Politburo, le petit groupe de dirigeants du Parti qui contrôlent le pays. Au cours de ses décennies de présence parmi les cadres du Parti et dans les bureaux en coulisses, il a obtenu une réputation de politicien impitoyable et s’est construit un large réseau de patronage et d’influence.

De façon plus saillante, durant près de vingt ans, Zeng Qinghong a été le bras droit de Jiang Zemin, le dirigeant du Parti arrivé au pouvoir après le massacre du 4 juin 1989 sur la place Tiananmen et officiellement au pouvoir, sous une forme ou une autre, jusqu’en 2004. Willy Lam, un analyste politique expérimenté du Parti, décrit Zeng Qinghong comme un «alter ego et un serviteur» de Jiang Zemin. Il était aussi proche de Bo Xilai, un autre membre déchu du Politburo, et de Zhou Yongkang, l’ancien responsable des forces de sécurité.

Après que Jiang Zemin ait quitté totalement son poste en 2004, il a continué à maintenir une forte influence sur la politique en Chine grâce à un réseau important de responsables qui lui étaient restés fidèles. Selon les informations apportées par d’autres sources en Chine au journal Epoch Times, en 2012, à la veille du 18e Congrès du Parti communiste et la transition du pouvoir qui a lieu une fois tous les dix ans, deux de ses protégés, Zhou Yongkang et Bo Xilai, ont cherché à menacer l’ascension au pouvoir de Xi Jinping et la consolidation de son pouvoir au sein du Parti.

Bo Xilai et son épouse sont maintenant en prison, accusés de corruption et de meurtre, alors que Zhou Yongkang est placé sous enquête depuis plus d’un an et fait potentiellement face à des poursuites judiciaires. Selon un ancien haut responsable du Comité des affaires politiques et juridiques, l’organe supervisant l’appareil de sécurité, Zhou Yongkang est actuellement en garde-à-vue. Toute accusation publique se baserait sur des raisons soi-disant non-politiques comme la corruption.

Selon la même source, avant la transition politique qui a installé Xi Jinping au pouvoir en 2012, Zeng Qinghong, Bo Xilai, Zhou Yongkang et Jiang Zemin avaient comploté pour écarter Xi Jinping et promouvoir Bo Xilai à la tête du Parti. Bo Xilai et Zhou Yongkang étaient les principaux acteurs de la conspiration qui incluait à un certain moment l’assassinat de Xi Jinping.

Zeng Qinghong faisait partie de ces plans et effectuait certaines activités visant à saper l’autorité de Xi Jinping. Après l’emprisonnement de Bo Xilai et la détention de Zhou Yongkang l’an dernier, Zeng Qinghong avait pris la tête de ce réseau de pouvoir et d’influence opposé au régime de Xi Jinping, toujours selon la même source. Actuellement, Xi Jinping entreprend des mesures contre ce responsable en laissant penser que même Jiang Zemin pourrait être la prochaine cible.

Ces événements se sont produits en dépit du soutien que Zeng Qinghong avait autrefois démontré envers Xi Jinping. Selon la même source, «à ce moment, Zeng Qinghong n’avait pas le choix. Bo Xilai était une personnalité trop controversée».

La source qui a informé Epoch Times sur Zeng Qinghong est proche de Zhongnanhai, le siège des principaux dirigeants du Parti. Elle est considérée comme très  fiable en raison de sa position et du fait que  les informations qu’elle avait révélées sur les machinations internes au sein du Parti se sont avérées correctes par la suite.

Une apparition inhabituelle

Étant donné l’absence de transparence dans la manière dont la politique est menée en Chine, les apparitions publiques des dirigeants anciens et actuels sont considérées par les observateurs et les cadres du système comme un indicateur du statut  politique de ces responsables.

Les apparitions publiques de Zeng Qinghong au cours des derniers mois ont fourni aux observateurs certains indices sur son statut actuel.

Selon des reportages parus dans les médias sociaux avant d’être diffusés dans la presse de Hong Kong et certains sites d’information de Chine continentale, la plus récente visite de Zeng Qinghong s’est produite le 14 mai à la Galerie d’art de Han Tianheng à Shanghai. Il a été photographié avec le fils de l’ancien dirigeant du régime Jiang Zemin et plusieurs responsables de Shanghai.

Ces informations n’ont été reprises par aucun des journaux et sites officiels qui publient régulièrement de grandes quantités d’informations. La source qui a commenté le statut de Zeng Qinghong a affirmé que cela était délibéré. Il s’agirait d’un message adressé aux membres du Parti selon lequel Zeng Qinghong est autorisé à rendre des visites en privé, mais qu’aucun média officiel ne fera de reportage sur lui et qu’il n’est pas autorisé à apparaître lors d’événements officiels. Selon cette source, Zeng Qinghong a été placé sous surveillance et sous une forme de contrôle qui limite ses déplacements, ses apparitions publiques et surtout, ses possibilités de communiquer avec les alliés au sein de sa faction. Zhou Yongkang se trouverait dans une situation similaire. De telles mesures ne sont pas légales et sont souvent prises au cours des premières étapes initiales d’une purge politique.

Le début de cette prise de position envers Zeng Qinghong est devenu perceptible à travers son absence notable lors d’un événement public au début de cette année. En janvier, plus d’une dizaine d’ancien hauts responsables avaient envoyé leurs condoléances ou assisté aux funérailles de Run Run Shaw, philanthrope et magnat du cinéma de kung fu de Hong Kong. En plus des principaux dirigeants actuellement en place, parmi les personnalités remarquées dans les reportages officiels se trouvaient Peng Qinghua, ancien directeur du Bureau de liaison du Parti de Hong Kong et Chen Zuoer, ancien directeur adjoint du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao. Zeng Qinghong aurait normalement dû se voir accorder une place  importante lors d’un événement de ce genre, étant donné que Run Run Shaw était une figue publique majeure de Hong Kong et que Zeng Qinghong, ancien chef du «Petit groupe» dirigeant les affaires de Hong Kong et de Macao, un groupe élitaire du Parti communiste, avait été pendant plus d’une décennie le principal responsable de la promotion de l’influence du Parti dans les affaires politiques de Hong Kong. Cependant, Zeng Qinghong n’a été aperçu nulle part.

  • 8 novembre 2012: Zeng Qinghong, ancien vice-président chinois et membre du Comité permanent du Politburo, lors de la session d’ouverture du 18e Congrès du Parti communiste au Grand hall du peuple. Zeng Qinghong aurait été placé sous une forme de «contrôle interne», prélude à une possible nouvelle purge politique. (AP Photo/Ng Han Guan)

Problèmes de famille et enquêtes

Une autre indication de l’état de santé politique d’un haut responsable du Parti communiste en Chine est la manière dont sont traités les membres de sa famille.

Par exemple, lors de l’enquête visant l’ancien responsable de la sécurité, Zhou Yongkang, de nombreux reportages ont montré son fils Zhou Bin au cœur d’une enquête pour corruption. Les reportages dans la presse chinoise contenaient des détails sur des affaires louches  dans lesquelles  Zhou Bin était impliqué, tandis que le réseau personnel de contacts officiels et d’affaires de Zhou Bin  avait également été rapporté dans la presse. Des arrestations et des procès publics avaient suivi. Tout cela aurait été inimaginable si Zhou Yongkang n’avait pas déjà été complètement dégradé dans son statut politique.

Une procédure similaire semble avoir débuté dans le cas de Zeng Qinghong. Le 17 avril, le Bureau national d’audit a annoncé qu’il débuterait un contrôle de la State Grid Corporation présidée par Liu Zhenya. Ce dernier a été étroitement lié à Zeng Wei, fils de Zeng Qinghong, dans le pillage du groupe Luneng Shandong, un conglomérat industriel tentaculaire comptant plusieurs milliards à son actif.

Le 23 avril, Wang Xiaoling, la nièce de Wang Fengqing, épouse de Zeng Qinghong, a été désignée par son véritable nom dans des reportages mené par des médias chinois et accusée d’une série de crimes par un accusé au cours d’un procès. En tant que ministre de la propagande de la province de Guangdong, Wang Xiaoling a été accusée d’avoir empoché 70 millions de yuan (8,2 millions d’euros) par l’achat douteux d’actions d’une société de presse alors qu’elle était en cours d’acquisition et de restructuration. Wang Xiaoling se serait souvent vantée de ses liens avec son oncle Zeng Qinghong.

Les liens familiaux sont souvent la source d’un capital politique en Chine. Zeng Qinghong ayant autrefois été un des responsables les plus puissants du pays, de tels reportages et en particulier, la mention du nom de sa nièce, n’aurait pas été autorisée si Zeng Qinghong bénéficiait toujours de son statut politique.

Il faut noter, en outre, l’humiliation publique et l’enquête ouverte plus tôt cette année sur Song Lin, l’ancien président de China Ressources, une énorme entreprise publique basée à Hong Kong et établie avant que le Parti communiste chinois ne prenne le pouvoir en Chine. En apparence, Song Li était président d’une société de Hong Kong, mais il avait le statut d’un haut responsable du Parti communiste.

Cheng Xiaonong, un expert du système politique chinois, a récemment déclaré à Voice of America: «Le Comité du Parti responsable des affaires de Hong Kong et de Macao est devenu la chasse gardée de Zeng Qinghong au cours de l’ère Jiang Zemin. Ainsi, les actions contre Song Lin et le Comité du Parti signifient que Xi Jinping a commencé à se saisir du territoire que Zeng Qinghong contrôlait à Hong Kong. Il s’agit d’un changement important.»

En février, certains médias chinois à l’étranger avaient rapporté que Zeng Wei, le fils de Zeng Qinghong, avait été arrêté à son retour en Chine. Ces sites Internet, qui spéculent sur les rumeurs de purges politiques, avaient très exactement prédit la chute de Bo Xilai et de Zhou Yongkang avant que leurs sorts ne soient officialisé ou reconnu par les autres analystes.

Une société d’amis

L’action à l’encontre de Zeng Qinghong représente une extension de la purge menée par Xi Jinping envers le centre de pouvoir au sein du Parti communiste, un groupe qui a longtemps existé indépendamment des voies formelles et officielles du pouvoir.

L’existence de ce groupe est devenue visible pour les observateurs en 2002, lors de la passation de pouvoir de Jiang Zemin à Hu Jintao. Le dirigeant suprême de la Chine communiste occupe trois positions: chef de l’état, chef du Parti et chef de l’armée. En 2002, Jiang Zemin a surpris les analystes en gardant (jusqu’en 2004) son rôle de dirigeant de la Commission militaire centrale, qui est responsable des forces armées.

De plus, il a élargi de sept à neuf le nombre des membres du Comité permanent du Politburo, en y plaçant ses propres hommes. «Le nouveau chef du Parti, Hu Jintao ne peut compter que sur le Premier ministre, Wen Jiabao, qui n’y occupe que la troisième place», écrivait en 2004 dans une longue analyse, John Tkacik, ancien responsable politique du Département d’État américain, spécialisé sur la Chine. «Jiang Zemin, une fois retraité, est beaucoup plus influent dans l’actuel Politburo du 16e Congrès du Parti qu’il  ne l’avait jamais été dans celui  du 15e Congrès», a-t-il écrit.

Ce groupe d’hommes, sous le mandat de Jiang Zemin puis celui de son successeur Hu Jintao, a formé son propre centre de pouvoir et sa sphère d’intérêt. Alors qu’ils contrôlaient les leviers du pouvoir politique – en particulier les appareils de propagande et de sécurité – leurs enfants se sont enrichis grâce à un accès sans entrave aux actifs et franchises de l’État. Des reportages, des exposés et des anecdotes dans les magazines politiques de Hong Kong ont, durant des années, suggéré que les membres des familles de ces personnes ont obtenu le contrôle de centaines de milliards de dollars d’actifs.

Parallèlement, Jiang Zemin était connu pour accélérer la promotion des cadres qui étaient prêts à mettre à exécution sa croisade personnelle contre la pratique spirituelle du Falun Gong, une campagne de persécution qui a commencé  en 1999 et demandait d’utiliser la totalité des ressources de l’État chinois. Le pouvoir de Jiang Zemin s’est étendu, dans une forme quelque peu atténuée, pendant le second mandat de Hu Jintao, de 2007 à 2012.

Bo Xilai et Zhou Yongkang doivent tous les deux leurs carrières à la mise en œuvre enthousiaste et brutale de la campagne anti-Falun Gong. En 2012, des sources internes en Chine ont à plusieurs reprises dévoilé à Epoch Times, comment ces deux hommes avaient comploté pour écarter Xi Jinping et s’emparer du pouvoir ultime. Ces plans ont été abandonnés au début de l’année lorsque Wang Lijun, responsable de la police sous les ordres de Bo Xilai dans la mégapole de Chongqing (sud-ouest de la Chine), a pris la fuite au consulat des États-Unis à Chengdu, dévoilant au monde entier la lutte au sommet qui déchirait le Parti.

Bo Xilai a été rapidement détenu sur les accusations de malversations et corruption. Son épouse, Gu Kailai, a aussi été détenue et plus tard soumise à une procédure judiciaire orchestrée.

Après avoir pris le pouvoir, Xi Jinping les a mis tous les deux en prison avant de s’occuper de Zhou Yongkang. Ce dernier, qui comme Zeng Qinghong, est un ancien membre du Comité permanent du Politburo, se trouve au centre d’une large enquête. Son poste le plus récent était celui de responsable des forces de la sécurité, une position puissante disposant d’un budget de plus de 120 milliards de dollars (prés de 88 milliards d’euros).

Xi Jinping aurait arrêté et interrogé Zhou Yongkang et les membres proches de sa famille. Un grand nombre de responsables ayant des liens connus avec Zhou Yongkang et travaillant pour des industries d’État sur lesquelles ce dernier exerçait une grande influence – y compris dans le secteur pétrolier, dans la province du Sichuan riche en ressources énergétiques, dans la province du Liaoning (nord-est) et dans l’appareil de sécurité – ont été publiquement purgés et certains d’entre eux arrêtés et interrogés.

Un remake de Zhou Yongkang?

La nature rare d’une telle campagne n’a pas échappé à l’attention des  observateurs occidentaux: pourquoi Xi Jinping, peu après qu’il soit arrivé au pouvoir, s’en est-il pris à Zhou Yongkang, encore récemment l’un des dirigeants les plus puissants de toute la Chine?

Roderick MacFarquhar, professeur à l’Université de Harvard et l’un des analystes les plus méticuleux du Parti communiste chinois et de son développement interne, a soulevé cette question en avril à Harvard, lors d’un événement commémoratif du massacre de la Place Tiananmen de 1989.

«Nous sommes témoins d’ une lutte extraordinaire au sein de la direction du Parti communiste,» a déclaré MacFarquhar lors des discours de clôture de la journée. «Pour la première fois pendant la période des réformes [post-Mao], la famille d’un ancien membre du Comité permanent est soumise à une pression énorme.»

Zhou Yongkang sera probablement accusé sous le prétexte de lutte contre la corruption, a ajouté M. MacFarquhar, tout en précisant: «Ce ne sera sans doute pas seulement la corruption. Cela concerne le fait que Zhou Yongkang ait pu prendre des mesures pour empêcher Xi Jinping de devenir dirigeant.»

Selon des informations fournies par la source, les observateurs devraient se préparer à la répétition d’un même processus, cette fois contre Zeng Qinghong.

Avec la participation de Lin Feng

Version en anglais: Source: Former Top Communist Party Official, Zeng Qinghong, Now Under ‘Internal Control’

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