«Peresnité» au Proche-Orient

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
30.06.2014
  • Shimon Peres et Yasser Arafat le 28 janvier 2001 à Davos en Suisse. (Remy Steinegger/Wikimédia)

ÉDITO – Il est l’homme qui continue d’espérer. Avec la fin de la présidence de Shimon Peres en Israël, une page se tourne, cinquante-cinq années de politique et quarante de tentatives infructueuses pour amener à la paix Israéliens et Palestiniens. Le dernier père fondateur d’Israël encore en vie a été honoré le 26 juin de la médaille d’or du Congrès lors de sa dernière visite officielle à son grand allié américain. «L’homme le plus sage» jamais rencontré par le vice-président Joe Biden rejoint ainsi Nelson Mandela, Aung San Suu Kyi et Mère Theresa dans la courte liste des personnes honorées de cette distinction.

Deux semaines après un geste symbolique majeur – aller au Vatican prier pour la paix en compagnie du pape François et du leader de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas, Shimon Peres a souhaité rendre un hommage appuyé à ce dernier, son «ami», qui est à ses yeux «clairement un partenaire pour la paix». Rappelant son attachement aux valeurs du rêve américain, Shimon Peres a surtout déployé une vision nouvelle, déconnectée de la politique, de ce qui pourrait d’après lui permettre  d’atteindre enfin la paix au Moyen-Orient. Dans une interview accordée au Washington Post, Peres explique: «Je quitte mes fonctions mais je ne quitte pas la bataille pour la paix. Je crois qu’aujourd’hui on peut plus facilement avancer avec les entreprises internationales qu’avec les gouvernements nationaux. Les gouvernements ont des budgets mais pas d’argent, les entreprises ont de l’argent mais pas de budget. Les gouvernements sont basés sur le pouvoir, les entreprises sont basées sur leur bonne volonté, ce qui leur permet d’investir sur le futur. Israël est une nation start-up, je pense que cela peut être fait ailleurs. Je le ferai hors du gouvernement. Je n’ai pas besoin du gouvernement.»

Hypothèse riche, ceux qui entreprennent et créent de la valeur – ou des valeurs – n’ont pas besoin de roquettes pour changer le monde; ceux qui innovent n’ont pas non plus besoin de l’autorisation ou du pilotage des Nations unies pour se rencontrer et trouver de nouvelles idées. En appelant à la diffusion de la réussite économique israélienne et de son esprit d’entreprendre à toute la Palestine et, plus loin, au reste du Moyen-Orient, Shimon Peres fait sien le rêve d’un futur ouvert à toutes les possibilités: «Les entreprises internationales doivent aider la région à se mettre au niveau et à préparer demain. Les deux-tiers de la population du Moyen-Orient a moins de 25 ans. Pour certains, c’est une inquiétude. Pour moi, c’est un espoir. Pour le commerce, c’est une grande chance d’investissement aussi bien économiquement que socialement. Les entreprises internationales savent que les jeunes veulent un autre futur.»

Le testament politique du plus vieil homme politique israélien, après avoir construit une des nations les plus dynamiques au monde, est donc que les gouvernements ne seront jamais ni les principaux ni les meilleurs outils pour assurer la paix des peuples et la richesse des nations. Et de conclure, encore optimiste à 90 ans après cinq guerres et les désillusions de nombreux échecs comme celui des accords d’Oslo, toujours stable dans ce vieux rêve qui l’a fait taxer d’idéaliste, que «la paix est la plus possible des impossibilités».

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