Ces sages-femmes qui repoussent les limites

Accueillir la vie… et la mort

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
09.06.2014
  • La sage-femme traditionnelle Danielle Mercier (Gracieuseté de Danielle Mercier)

De l’aube au crépuscule, voilà le titre d’un nouveau livre sur les expériences d’une sage-femme traditionnelle (autodidacte), Danielle Mercier, qui à la fois «s’agenouille pour aider les femmes à accueillir leur bébé», mais aussi accompagne les mourants «qui lui apprennent à vivre». Son livre sera lancé dans La Conception (municipalité régionale de comté des Laurentides) le 14 juin prochain.

«Il y a énormément de similitudes entre ces deux extrêmes lorsque tu regardes ça.» Danielle a perdu sa mère très jeune. «À ce moment, ce fut ma mère qui m’accompagnait dans sa mort. Elle me disait : “Ne pleure pas Danielle, mourir ne fait pas mal. C’est un cadeau.” Elle était très consciente que c’était la fin et elle n’avait que 29 ans. Je n’avais que huit ans. […] J’ai aussi perdu mon premier enfant, mais j’en ai eu cinq autres par la suite. Il y a eu aussi plusieurs pertes animales autour de moi comme je vivais à la ferme. Pour moi, la mort a toujours été très présente. C’est devenu un ordre naturel», indique Danielle.

«Pour ce qui est de devenir sage-femme, ma tante a été mon modèle. Elle était infirmière et je disais que j’en serais une plus tard, tout comme elle», se souvient-elle. Danielle a été infirmière auxiliaire à Lachine et infirmière à Hull.

«Je crois que la joie de la naissance suscite en moi plus d’élan que la mort. L’accouchement comme tel se vit toujours entre la vie et la mort, le fil est toujours très mince, tout peut arriver et très vite», explique la sage-femme traditionnelle d’expérience.

«Pour moi, la mort qui est préparée, attendue est un grand moment d’accomplissement, sauf que très peu de gens partent en paix. Il y a beaucoup d’enseignements à faire à ce niveau. La beauté dans la mort existe, mais la regarder, l’apprivoiser est l’affaire de chacun. Préparer sa sortie quand nous avons bien vécu me semble plus facile à accepter», pointe Danielle Mercier.

Danielle Mercier a confiance dans un processus naturel dans ces deux pôles. «Un souffle qui naît, un souffle qui s’éteint», rappelle-t-elle. «L’accompagnement en fin de vie ne change rien comme tel au niveau de l’accouchement naturel, c’est dans la psyché qu’il se passe des choses et cela se répercute dans l’ouverture et la créativité que demande ce métier qui exige d’abord de l’amour et de la compassion. Là où nous agissons, c’est dans l’accompagnement, en prenant les gens où ils sont rendus et les guidons vers la finale, quelle qu’elle soit. Dans la naissance comme dans “le partir”, l’intuition joue un grand rôle, c’est la clé pour faire son travail en profondeur», spécifie Danielle Mercier.

Accoucher traditionnellement

«À l’époque, la majorité des sages-femmes était infirmière à la base. Quelques-unes enseignaient aux nouvelles qui venaient pour s’instruire sur le métier d’accoucher naturellement. On se réunissait régulièrement pour se donner des formations entre nous et aller chercher des formations à l’extérieur aussi. Plusieurs apprenaient de façon autodidacte. C’est mon cas. Il y avait beaucoup d’apprentissages faits par la tradition orale et par la voie de plusieurs auteurs américains», expose en détail l’accompagnante de vie et de fin de vie.