Écologie militaire

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
09.06.2014
  • Le 6 juin a célébré, sur les plages de Normandie, la fin des guerres d’hier. (Michal Bleibtreu Neeman/Epoch Times)

Édito – Le 6 juin a célébré, sur les plages de Normandie, la fin des guerres d’hier. Dans la même semaine, France, Chine et États-Unis annonçaient de nouveaux efforts pour prévenir ce que pourraient être les guerres de demain.

Dans cette optique, un des temps majeurs de la diplomatie française en 2015 sera l’organisation à Paris d’une conférence internationale sur le sujet. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius en fait un des ses objectifs principaux et, pour la préparer, a dans un surprenant communiqué en date du 2 juin, annoncé un entretien avec… les présentateurs météo des grandes chaînes de télévision et de radio du PAF.

Car la conférence en question ne traitera pas de prolifération nucléaire ni de la situation en Ukraine, en Syrie ou en mer de Chine, mais bien du changement climatique. Le ministre souhaite que les grands médias – par l’intermédiaire de monsieur ou madame Météo – travaillent dès maintenant à sensibiliser les téléspectateurs aux enjeux du réchauffement.

«Préparer les populations»: la formule même évoque une guerre, une guerre sans camps définis, sans idéologie. Après les deux conflits mondiaux et les oppositions de nations, après la guerre froide et les oppositions d’idéologies, l’humanité est passée aux guerres de soif: les industries ont eu soif d’essence, et il y a eu guerre, couverte ou ouverte, pour le pétrole. Maintenant que les ressources naturelles de la planète s’épuisent à force de surconsommation, de sécheresses et de catastrophes naturelles, se profilent une guerre du blé, une guerre du riz, une guerre de l’eau.

D’un côté, un tiers d’obèses dans les pays riches, un tiers de la production agricole gaspillée; de l’autre, une personne sur huit dans le monde qui souffre de la faim, une personne sur sept qui n’a pas accès à l’eau potable: les services de renseignement, peu suspects de faire dans l’humanitaire, ont prévenu des conséquences.

Devant l’académie militaire de Westpoint le 2 juin, Barack Obama a décrit le changement climatique comme une «crise rampante pour la sécurité nationale» et a fait l’annonce historique du plafonnement des émissions de CO2 nationales. Alors que les États-Unis avaient avec la Chine fait échouer la conférence sur le climat de Copenhague en 2009, les émeutes de la faim et tous les «printemps arabes» ont donc fait comprendre que l’écologie n’est pas seulement une question de respect pour Dame Nature. Car en Tunisie comme en Égypte ou en Syrie, ce n’est pas un besoin quelconque de démocratie qui a lancé les révoltes, mais bien le manque de moyens de survie. Dans la récente campagne présidentielle en Égypte comme il y a trois ans et bien avant «liberté et justice», on a entendu: «du pain».

Reflet fidèle, quoi qu’on en dise, de l’opinion réelle des masses et à la grande frustration des associations de protection de l’environnement, les décideurs politiques se fichent du sort de la baleine bleue et s’accommodent très bien de la fonte des glaciers, tant que cela ne provoque pas, pour qui une montée du terrorisme, pour qui un risque de révolte. Du fond de son nuage toxique, la Chine elle-même – premier pollueur mondial – murmure qu’elle pourrait être prête à revoir sa position sur les émissions de CO2. Alors peut-être, dans la course de vitesse entre le danger croissant et nos compréhensions tardives, la guerre n’aura-t-elle pas lieu.

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