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Punaises de lit: entre le phénomène réel et l’effet psychologique

Montréal et ses punaises, cohorte 2014

Écrit par Nathalie Dieul et Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
14.07.2014
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  • Harold Leavey est président des Entreprises Maheu depuis 30 ans. Le groupe, spécialisé en gestion parasitaire, compte six succursales et points de service ainsi qu’une trentaine d’employés. Il fait son travail de façon tellement humaine qu’on pourrait dire qu’il est avant tout travailleur social. (Nathalie Dieul)

L’été 2014 est une saison particulièrement difficile pour le problème des punaises de lit. Elles se reproduisent très rapidement, surtout avec les grosses chaleurs du mois de juillet. Une seule punaise qui entre chez vous à la saison chaude peut engendrer entre 5000 et 10 000 punaises en l’espace de deux mois. Dans un effort visant à enrayer cette infestation répandue partout dans le monde, l’entreprise canadienne Abell Gestion Parasitaire vient d’annoncer qu’elle fera don de l’équivalent de 90 000 $ en extermination de punaises de lit aux personnes dans le besoin au pays. Une étude COMPAS des Inspecteurs en santé publique, mandatée par Abell Gestion Parasitaire, montre que le nombre d’infestations de punaises de lit rapporté a augmenté de 20 à 50 % ces trois dernières années dans les grandes villes canadiennes, avec une augmentation annuelle moyenne de 8 %.

Selon M. Harold Leavey, depuis 30 ans président des Entreprises Maheu, groupe spécialisé en gestion parasitaire, le problème des punaises de lit à Montréal est grandissant. «D’année en année, il est plus grand. C’est une situation qui dégénère comme il y a beaucoup de laisser-aller. […] La Ville devrait prendre cette crise en main avec une grande campagne médiatique. Par exemple, ils ont produit un dépliant très bien fait, mais personne n’est au courant», exprime-t-il. Le spécialiste estime que la population de punaises augmente de 600 à 700 % par année dans la métropole québécoise.

En regardant l’importante série de réalisations lancée par la Ville de Montréal (dépliants, communiqués, plans d’action, mesures, règlements, banque de données, réalisations, etc.), détaillées dans la section documentation du site lespunaisesdelit.info, il est étonnant de voir que tant d’efforts aient eu aussi peu de résultats lorsqu’il est temps d’aller constater les faits dans la réalité.

Les Entreprises Maheu comptent six succursales et points de service et une trentaine d’employés. À Montréal, la compagnie effectue entre 35 et 40 interventions pour des cas de punaises par jour et jusqu’à 100 à 125 par jour pendant le mois de juillet. Dans la ville de Drummondville où elle a une succursale, l’entreprise ne fait qu’une quinzaine d’interventions par année. Plus la ville est grande, plus le problème est important.

Les arrondissements les plus touchés se situent dans le centre de l’île de Montréal : à partir de l’autoroute Décarie à l’ouest, jusqu’à l’est de la ville. Le spécialiste pointe, entre autres, Saint-Henri, Verdun, Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Saint-Michel, Montréal-Nord et même le Plateau Mont-Royal, quartier plus huppé où les gens voyagent régulièrement, rapportant des punaises dans leurs bagages.

L’arrondissement Parc-Extension est l’un des plus infestés, comme la plupart de ceux qui comptent un grand nombre de nouveaux immigrants qui voyagent et qui reçoivent des visiteurs de leurs pays. Beaucoup d’Haïtiens et d’Africains ont pris l’habitude de ramasser des vieux meubles et des vêtements usagés pour les envoyer dans leur pays, une pratique devenue extrêmement dangereuse.

Parmi les arrondissements de l’île de Montréal les moins touchés par l’invasion, l’entomologiste parle de Westmount, Pointe-Claire ou Kirkland, des endroits plus riches, où il n’y a pas d’hôtels et à peu près pas d’itinérants.

Ce n’est pas parce que les résidents d’un quartier sont plus riches ou plus propres qu’ils ont moins de problèmes de punaises. Simplement, ils agissent rapidement lorsqu’ils découvrent des punaises chez eux ou que leur locataire le leur signale. Dans les quartiers pauvres, les propriétaires sont plus réticents à intervenir et les locataires plus vulnérables. D’autre part, un vieux matelas mis sur le bord de la rue n’est pas ramassé par le voisin à Westmount, chose qui arrive fréquemment dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

  • Un gros plan sur des punaises de lit sur la peau de différents individus (Louento.pix)

Un problème social

Le problème de punaises se veut particulièrement un problème social. Dans notre société, nous nous occupons de moins en moins des personnes âgées, les laissant à elles-mêmes alors qu’elles en perdent la capacité. L’entomologiste qui fait avant tout un travail social en œuvrant au sein de son entreprise voit de plus en plus de logements de personnes âgées infestés. «Il y a 10 à 20 ans, je ne voyais pas beaucoup de logements comme ça. C’était très rare. Maintenant, c’est très fréquent», exprime-t-il.

Par exemple, ses techniciens se sont occupés d’un appartement où résidait une dame de plus de 90 ans. Il y avait des centaines de milliers de punaises de lit, tellement que le simple fait de marcher laissait des traces de sang sur le plancher venant des punaises qui se faisaient écraser. La pauvre dame était piquée partout sur le corps, mais elle n’osait rien dire parce qu’elle se sentait coupable et ne savait pas quoi faire. Le problème a pourtant été réglé en deux visites de l’équipe d’Harold Leavey : «On a été la voir il n’y a pas longtemps, elle est maintenant heureuse.»

Les personnes avec des problèmes de santé mentale sont également de plus en plus nombreuses à vivre seules. Tout comme les personnes âgées, quand leur logement est infesté de punaises, elles ne savent pas comment le gérer. Ça dégénère et la personne qui a des dizaines ou des centaines de milliers de punaises chez elle apporte des insectes partout où elle va.

Les itinérants forment un autre groupe particulièrement touché par le problème des punaises. Le spécialiste, qui travaille régulièrement dans des refuges, constate que ceux-ci sont extrêmement bien tenus, mais comme les itinérants dorment chaque nuit dans un lit différent, ils se font régulièrement infester. L’hiver, dans la journée, ils vont se réchauffer dans le métro, les bibliothèques, à l’urgence de l’hôpital. Toutes ces raisons font qu’il y a de plus en plus de punaises dans les lieux publics.

Conseils de base

Si vous découvrez des punaises de lit chez vous, ne traînez pas avant d’agir : les insectes vont juste proliférer si vous ne faites rien.

Surtout, n’essayez pas d’éradiquer le problème vous-mêmes, faites appel à un spécialiste. Si vous êtes locataire, votre propriétaire a l’obligation de faire venir un exterminateur certifié.

Les pesticides sont des produits dangereux pour la santé, dont l’utilisation demande des précautions spéciales, en particulier lorsqu’il s’agit de votre lit ou de votre fauteuil. Seul un professionnel sait les utiliser de manière vraiment sécuritaire.

Ne ramassez jamais un matelas, un divan ou des vêtements dans la rue : vous pourriez rapporter des punaises de lit chez vous.

Prévenez vos enfants de ne pas aller jouer sur les matelas mis dans la rue par les voisins, et expliquez-leur la raison.

Évitez d’acheter des vêtements usagés. Si vous le faites, mettez-les dans un sac fermé jusque chez vous, puis passez-les à la laveuse et à la sécheuse sans attendre.

Si vous inspectez votre matelas et que vous n’en voyez pas, c’est donc que vous n’en avez pas.

Les gens qui ont des punaises ont honte, alors que ce n’est pourtant qu’un accident, comme lorsque l’on attrape la grippe. Alors, évitez de vous sentir coupable.

Que faire si vous êtes locataire?

Si vous êtes locataire, votre propriétaire a l’obligation de faire venir un exterminateur professionnel.

Démarche

Informez votre propriétaire

En cas de refus du propriétaire, envoyez-lui une lettre recommandée l’informant du problème de punaises, mentionnant qu’il a 10 jours pour le régler. Prévenez-le que vous aviserez le département de Sécurité et salubrité des logements de la Ville s’il n’agit pas dans ce délai. Dans la plupart des cas, ce genre de lettre suffit à faire réagir le propriétaire.


Si votre propriétaire n’a toujours pas agi passé ce délai, appelez la Ville de Montréal au 311 et demandez le département de Sécurité et salubrité des logements. Informez les inspecteurs que vous avez déjà envoyé la lettre de 10 jours, sinon il vous faudra attendre encore 10 jours avant de pouvoir les faire venir. Les inspecteurs devraient intervenir à la suite de cet appel.


N’hésitez pas à rappeler le service de Sécurité et salubrité des logements et à insister sur l’urgence de l’intervention : ils sont souvent débordés.

Quatre cas où le problème ne se règle pas

Quand ça fait cinq ans que la personne a des punaises;

Quand la personne qui vit au-dessus n’accepte pas qu’une entreprise vienne s’occuper de ses punaises alors qu’elle en a;

Quand la personne ne veut pas laver son linge, vider ses bureaux ou préparer l’appartement pour que les techniciens puissent le traiter;

Quand le propriétaire d’un immeuble de 20 logements, dont plusieurs ont des punaises, ne les fait traiter qu’un par un.

Préparer son linge en attendant les experts en gestion parasitaire

En cas d’invasion de punaises, vous allez avoir une tâche importante à effectuer en attendant la venue des exterminateurs. Avec toute la compassion qu’il met dans son travail, Harold Leavey conseille : «Commencez par pleurer un bon coup! Et après ça, vous prenez les vêtements, vous les lavez, vous les mettez dans la sécheuse, puis dans un sac fermé étanche.»

L’idéal est de préparer deux sacs : un plus gros sac avec toutes les choses qui vont rester dedans tant que le problème n’est pas réglé, et un sac plus petit contenant toutes les choses que vous mettez tous les jours et que vous allez laver à nouveau au fur et à mesure.

En effet, si la punaise est partie se cacher dans le mur, ses petits en sortiront 22 jours plus tard. Un deuxième traitement est donc nécessaire environ deux semaines après le premier et ce n’est qu’à la troisième visite du spécialiste en gestion parasitaire que vous aurez la confirmation que le problème est bien réglé. Vous devrez donc vivre avec vos vêtements dans des sacs pendant un mois avant de pouvoir revenir à la normale.

Trois méthodes pour se débarrasser des punaises dans son linge

Mettre les vêtements dans la laveuse (avec de l’eau chaude et du savon) et dans la sécheuse (le cycle le plus long et à la température la plus élevée). Notez que la sécheuse toute seule n’est sûre qu’à 75 %, et que les laveuses frontales ne donnent pas une garantie absolue parce qu’il n’y a pas assez d’eau, c’est pour cela qu’il est recommandé de combiner la laveuse et la sécheuse.

Ou bien mettre les vêtements non tassés dans un sac au congélateur, en s’assurant que la température est bien de – 18 degrés Celsius comme elle devrait l’être. La punaise sera morte en moins de 10 heures. L’hiver, ne mettez pas votre sac de linge dehors par – 10 degrés Celsius, même si la température atteindra – 18 degrés Celsius un peu plus tard : la punaise aura le temps de ralentir son métabolisme, ce qui lui permettra de survivre pendant trois semaines.

Vous pouvez apporter vos sacs de linge dans une entreprise spécialisée en gestion parasitaire qui dispose de poches de chaleur. Une chaleur de plus de 47 degrés Celsius pendant trois heures consécutives tue les punaises.

Diminuer de 80 % les risques lors d’un déménagement

Sachez qu’un pourcentage très élevé de personnes qui déménagent le font parce qu’elles ont un problème de punaises. Une personne dont le logement est infesté de punaises de lit va laisser des insectes dans le camion de déménagement et en apporter dans un immeuble qui n’en avait pas encore, elle est donc susceptible de donner des punaises à 10 ou 15 personnes.

Inspectez votre nouveau logement avant de signer le bail et posez des questions aux locataires.

Demandez au déménageur s’il a mis en place des mesures anti-punaises avant de réserver ses services.

Assurez-vous que le camion ait un fond lisse, sans cachettes où les punaises pourraient se glisser. Passez la balayeuse dedans quand le camion arrive et jetez le sac de la balayeuse.

Mettez tous les vêtements, rideaux, literie dans des sacs plastique doubles, fermés au moins avec un nœud et idéalement avec du ruban adhésif solide (du genre «Duct tape»).

Les boîtes de carton doivent être complètement fermées avec du ruban adhésif dans le milieu.

Enveloppez les matelas dans des housses plastique spécialement prévues à cet effet.

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.