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Les vacances de la construction au Québec

Écrit par Nathalie Dieul, Epoch Times
16.07.2014
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  • Environ 80 % des 155 000 travailleurs du secteur de la construction du régime de la CCQ vont prendre leurs vacances entre le 20 juillet et le 2 août 2014. (Nathalie Dieul)

Les vacances de la construction, plus communément appelées «la construction», débuteront officiellement le dimanche 20 juillet pour se terminer le samedi 2 août 2014. Pour en savoir davantage sur l’histoire de ces vacances et leur importance aujourd’hui, Époque Times s’est entretenu avec Simon-Pierre Pouliot de la Commission de la construction du Québec (CCQ). M. Pouliot est le chef de section des relations publiques et affaires corporatives de la CCQ.

Époque Times (É.T.) : En quelle année les travailleurs de la construction ont-ils commencé à prendre des vacances à une date fixe?

Simon-Pierre Pouliot (S.-P.P.) : C’est quelque chose qui découle historiquement de l’idée de vacances obligatoires dans le Code du travail à la fin des années 1940, et qui ont été progressivement intégrées aux conventions collectives. Ces vacances sont en lien avec la loi québécoise. Ça a commencé pour l’été 1971 comme étant ce qu’on appelle dorénavant les vacances de la construction. Au début, c’était seulement une semaine et, par la suite, ça a augmenté à deux semaines.

É.T. : Est-ce que tous les travailleurs de la construction sont concernés par ces vacances?

(S.-P.P.) : Au Québec, le secteur de la construction concerné, ce n’est pas toute la construction. C’est-à-dire que les gens qui sont dans le régime de la CCQ doivent être assujettis à la Loi R-20. Il y a des gens qui font des travaux de construction qui sont à l’extérieur de cette loi : par exemple des rénovations chez vous, dans votre appartement, ce n’est pas assujetti à la Loi R-20. Même chose si vous travaillez dans une mine, même si vous construisez des choses et que vous utilisez le même genre d’équipement que pour construire une route par exemple : le secteur des mines ne fait pas partie de la construction, le secteur forestier non plus. Il y a quand même une quantité de gens qui ont des métiers de la construction, ce sont des charpentiers-menuisiers, des opérateurs de machinerie lourde par exemple, mais qui ne travaillent pas dans ce qu’on appelle la construction, parce qu’ils ne sont pas assujettis à la loi.

É.T.  : Combien de travailleurs de la construction ont reçu un chèque de la CCQ pour des vacances? Y a-t-il des exclusions?

(S.-P.P.) : Cette année, il y a 155 000 personnes qui ont reçu des chèques pour les congés de la construction, alors automatiquement ces gens sont concernés; par contre, tout le monde n’est pas en vacances réelles, c’est-à-dire qu’il y a certaines exclusions. Parmi les 155 000 travailleurs, il devrait y en avoir à peu près 80 % qui vont effectivement être en vacances pendant cette période-là. Notamment, sur les routes on peut continuer à travailler. Il y a certains moments où on peut reporter des vacances pour des raisons d’affaires. Quand on parle de résidentiel léger, on parle d’une maison unifamiliale : on n’est pas en train de construire une tour d’habitation qui serait du résidentiel lourd. Dans ce cas, si on peut s’entendre avec les travailleurs, on peut reporter les vacances. Il y a quelques exceptions comme celles-là.

É.T.  : Y a-t-il d’autres personnes qui prennent leurs vacances aux mêmes dates?

(S.-P.P.) : En plus des 80 % de ces 155 000 travailleurs, l’habitude québécoise a décidé qu’entre 25 et 30 % de la population prend ses vacances en même temps. C’est l’effet d’entraînement des vacances de la construction qui fait que c’est une période privilégiée pour prendre ses vacances. Par exemple, pour les gens qui ont un magasin qui vend des matériaux de construction, c’est beaucoup plus facile de justifier le fait de fermer, parce que de toute façon les gens qui font des achats ne sont pas là. Ce qui fait que par voie de conséquence, il y a beaucoup de ces fournisseurs qui vont automatiquement prendre «la construction », c’est-à-dire qu’ils vont simplement fermer leurs portes pendant cette période.

É.T.  : Combien d’argent représentent les chèques envoyés?

(S.-P.P.) : Nous avons envoyé le 23 juin dernier un peu plus de 155 000 chèques de vacances pour la période qui s’en vient, pour un montant total de 387 millions de dollars. C’est un petit peu moins que l’année dernière, c’est 2,9 % de moins. L’activité économique a été un peu moins forte entre juillet et décembre 2013, comparativement à la période entre juillet et décembre 2012. Si les volumes sont très élevés, la valeur des chèques va être un peu plus élevée.

  • Alors qu’il est à finir la rénovation d’une salle de bain qu’il a refaite de A à Z, Marcel Dubé du Groupe Dubé confie qu’il préfère prendre ses vacances en septembre plutôt que pendant les vacances de la construction : «C’est bien plus tranquille.» Comme il travaille dans le secteur résidentiel léger, il a la possibilité de reporter ses vacances. (Nathalie Dieul)

É.T.  : Comment fonctionne le régime de chèques pour les vacances administré par la CCQ?

(S.-P.P.) : Ça fait partie des dispositions qu’on administre à la CCQ pour que les gens aient les moyens de prendre des vacances. Les gens dans la construction bénéficient d’un régime particulier qui fait que même s’ils changent d’employeurs souvent, ils accumulent quand même leurs avantages sociaux. Si vous êtes un charpentier-menuisier, si vous travaillez pour moi pendant trois semaines, je verse en votre nom des cotisations à la CCQ pour vos vacances. Souvent, on pense que c’est une paie de vacances, mais ce n’est pas le cas, ça se trouve être de l’épargne. Ils mettent de l’argent de côté de manière institutionnelle, qui est versée à ces gens en différé. Les chèques que nous envoyons cette année, ce sont des chèques dont les montants ont été accumulés entre juillet et décembre 2013, et la période qui va aller de janvier à juillet 2014 sera versée à Noël. 

É.T.  : En quoi le montant des chèques de vacances envoyés par la CCQ reflète-t-il l’activité économique du secteur de la construction?

(S.-P.P.) : Ça reflète ce qui c’est passé. On a vu que 2012 a été une année sommet, on a eu une période dorée qui a duré à peu près 16 ans, dans laquelle chaque année il y avait plus de volume d’heures dans la construction, puis on a vu un petit déclin entre 2012 et 2013, qui se confirme aujourd’hui où on stabilise aux alentours de 150 et 155 millions d’heures, alors qu’on était monté jusqu’à 165 millions d’heures.

É.T.  : Quels sont les secteurs les plus touchés par la légère baisse d’activités dans le secteur de la construction?

(S.-P.P.) : On voit des diminutions un petit peu partout. Le secteur résidentiel est particulièrement touché, mais on pensait par exemple, que le secteur génie civil et voirie serait en diminution importante, mais les annonces gouvernementales font que finalement ce n’est pas si dramatique que ce qu’on avait anticipé.

É.T.  : Quel est l’impact du secteur de la construction sur l’économie québécoise?

(S.-P.P.) : Ça a toujours été un moteur économique important et donc une masse critique qui fait que si la construction est en grève, l’économie dans son ensemble est touchée. C’est la raison pour laquelle quand vous regardez la crise de 2008, le réflexe des gouvernements a été d’investir dans les infrastructures, parce qu’on sait que ça entraîne beaucoup de vitalité économique. C’est un peu la même chose par rapport aux avantages sociaux comme les vacances, dès les années 1970.

É.T.  : Quelle est l’importance de la tradition des vacances de la construction dans la culture québécoise?

(S.-P.P.) : De mon expérience, de toute ma vie, j’ai toujours entendu parler de «la construction» comme étant la période estivale. Les gens vont dire : «moi, j’ai pris "la construction" cette année», ou encore «je vais éviter "la construction" parce que je voudrais être en vacances à un moment où c’est un peu moins achalandé». C’est rentré dans le langage. Ça ressemble beaucoup à une tradition du Québec.

 

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