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Après un long suspense, l'arrestation de Zhou Yongkang est annoncée

Écrit par Stephen Gregory, Epoch Times
29.07.2014
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  • 5 mars 2012: alors dirigeant de la sécurité intérieure, Zhou Yongkang participe au Congrès national du peuple à Pékin. Xinhua, l’agence de presse officielle du régime chinois a annoncé ce 29 juillet 2014 que Zhou Yongkang a été arrêté. (Liu Jin/AFP/Getty Images)

Ce mardi, Xinhua, l’agence de presse officielle du régime chinois, a annoncé que l’ancien boss de la sécurité intérieure Zhou Yongkang a été arrêté. Selon l’annonce officielle, Zhou Yongkang est accusé de «graves violations de la discipline.» Mais ces accusations officielles ne citeront sans doute pas les crimes les plus graves de Zhou Yongkang. 

Cette annonce est l’apogée d’un drame qui remonte à mai 2012. À l’époque, Epoch Times avait rapporté que Hu Jintao, alors dirigeant du Parti communiste chinois (PCC), avait accepté l’ouverture d’une enquête sur Zhou Yongkang. En raison du haut rang de ce dernier au sein du Parti, il était peu probable que cette enquête conduise à une arrestation.

Depuis, le PCC a systématiquement accumulé les pièces de dossier contre Zhou Yongkang, en arrêtant ou en interrogeant ses hommes de main et ses anciens subordonnés dans le secteur pétrolier de sa province du Sichuan ainsi qu’au sein de l’appareil de sécurité.

En décembre 2013, plusieurs médias en langue chinoise avaient rapporté que Zhou Yongkang avait été arrêté. Epoch Times avait rapporté que des rumeurs circulaient mais ne pouvait pas les confirmer.

Mais tous les signes montraient que Zhou Yongkang avait finalement bien été arrêté.

Ce 29 juillet, les articles de presse lient l’arrestation de Zhou Yongkang à la lutte anti-corruption. Il est vrai que la corruption a été le prétexte de la campagne d’épuration menée par Xi Jinping.  

L’article suivant a été publié par Epoch Times en décembre 2013 et dépasse ce prétexte pour étudier les raisons réelles de l’arrestation de Zhou Yongkang :

 

Zhou Yongkang sera finalement poursuivi, mais pas pour ses crimes les plus graves

Écrit par Heng He, Epoch Times

Depuis que le scandale de Bo Xilai a éclaté en plein jour en février 2012, des rumeurs courent selon lesquelles Zhou Yongkang, ancien chef de la sécurité et le plus puissant membre du Comité permanent du Politburo, est menacé.

Bo Xilai était une étoile montante du PCC, jusqu’à ce que son bras droit Wang Lijun s’enfuie au Consulat américain de Chengdu pour y chercher asile. Bo Xilai était également un allié proche de Zhou Yongkang. Après que Bo Xilai soit devenu une cible, il est devenu probable que le tour de Zhou Yongkang suivrait bientôt. Mais après chaque article de presse à ce sujet, Zhou Yongkang apparaissait en public ou un média faisait un reportage sur lui pour annuler les rumeurs qui cherchaient à le discréditer.

La semaine dernière, au moins trois médias chinois à l’étranger ont rapporté que Zhou Yongkang avait perdu sa liberté. Sa situation reste trouble, on ne sait pas très bien s’il a été assigné à domicile ou s’il a été soumis à un interrogatoire musclé du Parti appelé «shuanggui». Contrairement aux dernières fois lorsque des informations perçaient, il n’y a plus aucun signe d’apparition de Zhou Yongkang en public.

 

Signes

Tandis que le PCC n’a pas annoncé formellement sa décision d’enquêter sur Zhou Yongkang, tous les signes s’accordent. Cette fois, ce n’est plus qu’une question de temps avant que cette annonce soit faite.

Le premier signe est que depuis le 18e Congrès du PCC en novembre 2012, plus de 10 responsables de niveau provincial ont fait l’objet d’une enquête, voire ont été arrêtés. La plupart d’entre eux sont proches de Zhou Yongkang. Ils viennent du secteur pétrolier de la province du Sichuan et du système juridique, dans lesquels Zhou Yongkang a occupé des positions élevées et maintenu des relations même après son départ. 

Le second signe est que le magazine Caixin a étudié dans une série d’articles la façon dont un groupe de familles bien connectées a construit sa fortune grâce au secteur du pétrole chinois. Deux des noms mentionnés dans ces articles sont des gants blancs – des intermédiaires qui font le sale boulot, comme le blanchiment d’argent, pour la famille de Zhou Yongkang. Le fils, la belle-fille et d’autres beaux-enfants de Zhou Yongkang ont été mentionnés dans ces articles.

Le plus récent de ces articles a été publié le 22 novembre dernier, juste après la troisième session plénière du 18e Congrès du Parti, qui s’est conclu le 12 novembre. À ce moment, la plupart des gens ne s’attendaient pas à ce que des preuves accusant Zhou Yongkang soient à nouveau soulevées.

Le magazine Caixin entretient vraisemblablement des liens avec Wang Qishan, l’homme principal dans la campagne anti-corruption. Le magazine soutient la déclaration reprise par les médias chinois de l’étranger selon laquelle la décision de poursuivre Zhou Yongkang a été prise au cours de la troisième session plénière.

 

Accusations possibles

Selon la plupart des articles de presse, les principaux crimes de Zhou Yongkang sont la corruption, la planification d’un coup d’État et des meurtres. Cependant, tous ces crimes n’apparaîtront pas forcément dans les accusations officielles qui seront retenues contre lui.

Il ne fait aucun doute qu’il sera accusé de corruption. Contrairement à Bo Xilai, l’argent de Zhou Yongkang vient principalement du secteur pétrolier, le secteur le plus profitable en Chine. La corruption de Zhou Yongkang est soupçonnée de s’élever à plusieurs milliards de yuan chinois.

Les accusations de meurtres pourraient aussi être utilisées. Selon certains rapports, Zhou Yongkang a assassiné sa première épouse afin de pouvoir épouser une ancienne présentatrice de CCTV, aujourd’hui sa seconde épouse. D’autres rapports parlent de tentatives de meurtre sur d’actuels dirigeants du PCC, y compris deux fois sur Xi Jinping. 

Les accusations d’abus de pouvoir portées contre Bo Xilai impliquaient la façon dont il avait géré le meurtre de l’homme d’affaires anglais Neil Heywood par sa femme. Il est donc possible que Zhou Yongkang soit accusé de meurtre ou de tentative de meurtre. La question est de savoir quel incident sera retenu. 

Le coup d’État est probablement le crime le plus sérieux du point de vue des dirigeants du PCC. C’est aussi l’une des plus importantes raisons pour lesquelles Xi Jinping doit poursuivre Zhou Yongkang, même si ce dernier est déjà à la retraite et si, en tant qu’ancien membre du Comité permanent du Politburo, il est considéré comme intouchable.

Le coup d’État monté par Zhou Yongkang et Bo Xilai ne visait pas l’ancien dirigeant du Parti Hu Jintao et son ancien premier Ministre Wen Jiabao, mais bien Xi jinping. 

Si Zhou Yongkang n’est pas ouvertement puni, Xi Jinping sera considéré comme un dirigeant faible, ce qui peut lui être politiquement fatal. 

Zhou Yongkang offre aussi une opportunité à Xi Jinping. Xi Jinping et son équipe dirigeante ne peuvent pas entamer de véritable réforme politique, mais ils peuvent utiliser la lutte contre la corruption pour «acheter» le soutien des Chinois. Éliminer Zhou Yongkang donne à Xi Jinping la chance d’établir sa bonne foi dans la lutte contre la corruption.

Le pouvoir de Zhou Yongkang

Jusqu’à présent, la plupart des reportages ont manqué le point le plus important dans le scandale de Zhou Yongkang: les crimes qu’il a réellement commis et les sources de son pouvoir politique. 

Zhou Yongkang a été le PDG de PetroChina pendant 12 ans et en tant que tel, il a intégré le rang de ministre du Conseil d’État. Après seulement un an au ministère des terres et des ressources, Zhou Yongkang a été nommé secrétaire de Parti du Comité du PCC au Sichuan. À ce moment, Zhou Yongkang n’était qu’un parmi des centaines de responsables au niveau provincial.

Son premier coup d’éclat a eu lieu en 2002. Les outils les plus importants utilisés par Jiang Zemin dans la persécution du Falun Gong, qui a débuté en juillet 1999, étaient la propagande et la sécurité. Les forces de sécurité étaient coordonnées par le Comité des affaires politiques et juridiques. 

Jiang Zemin n’était pas satisfait du travail effectué par le ministère de la Sécurité publique qui représentait la force principale d’application de la persécution. Pour faire avancer la campagne de persécution et diriger le ministère de la Sécurité publique, Jiang Zemin avait besoin d’une personne sous son commandement, en qui il pouvait avoir confiance et qui se montre impitoyable. Jiang Zemin a personnellement choisi Zhou Yongkang, alors même que ce dernier n’avait aucune expérience dans le travail de la police. 

Être ministre de la Sécurité publique ne signifiait pas forcément que Zhou Yongkang intégrerait le centre du pouvoir politique. Personne ayant dirigé le ministère de la Sécurité publique n’avait jamais été intégré aux décideurs.

Mais le cas de Zhou Yongkang était unique. Jiang Zemin approchait de la retraite en tant que dirigeant du PCC et l’année suivante en tant que chef d’État. Il devait s’assurer dans l’urgence que son principal et sans doute seul héritage, la persécution du Falun Gong, se poursuive après sa retraite.

Il a étendu le nombre de membres du Comité permanent du Politburo de 7 à 9, les deux membres nouvellement nommés étant Luo Gan du Comité des affaires politiques et juridiques et Li Changchun du département de la propagande. Entre-temps, il a modifié les règles de prise des décisions au sein du Comité permanent.  

La nouvelle règle: chaque membre s’occuperait de ses affaires et personne ne pourrait s’opposer aux autres. Cette nouvelle règle assurait que Jiang Zemin, bien qu’officiellement à la retraite, recevrait suffisamment de votes pour empêcher que la politique de persécution du Falun Gong soit modifiée. Elle assurait également que seul, Luo Gan, le protégé de Jiang Zemin, poursuivrait l’application de la persécution.

Lorsque Luo Gan a pris sa retraite en 2007, Zhou Yongkang a hérité non seulement de la direction du Comité des affaires politiques et juridiques, mais aussi du siège de Luo Gan au sein du Comité permanent du Politburo. Zhou Yongkang a ainsi poursuivi son chemin jusqu’au sommet de la hiérarchie à travers le système de la sécurité, ce qui n’avait jamais été fait par personne auparavant. Cela n’a pu se produire qu’en raison de la campagne politique menée par Jiang Zemin contre le Falun Gong.

La seconde grande occasion de Zhou Yongkang est intervenue en 2008. Cette année-là, Pékin recevait les Jeux olympiques et la sécurité avait été renforcée, bien plus qu’autour de n’importe quels autres jeux. Était-il nécessaire d’avoir un million de personnes, comprenant l’armée, la police armée, la police et des volontaires répartis pour contrer des attaques imaginaires? Cela était en tout cas nécessaire à Zhou Yongkang. 

En 2008, le PCC avait officiellement désigné «5 forces hostiles», parmi lesquelles les terroristes, les extrémistes religieux et les séparatistes ethniques. En 2008 également, le PCC avait officiellement établi son système de «maintien de la stabilité» dirigé par Zhou Yongkang et le Comité des affaires politiques et juridiques. 

Zhou Yongkang ne craignait pas les troubles. Il craignait l’absence de troubles. Là où se trouvait le trouble se trouvait la chance de Zhou Yongkang. Et si aucun trouble n’apparaissait, des troubles pouvaient être créés. 

Depuis l’établissement du maintien de la stabilité, Zhou Yongkang a réussi à étendre les ressources du Comité des affaires politiques et juridiques et à appliquer des méthodes développées au cours de la persécution du Falun Gong à une population bien plus grande. Zhou Yongkang lui-même a également étendu son pouvoir personnel. 

La corruption, la tentative de coup d’État et la tentative de meurtre contre Xi jinping – tout cela a été possible en raison du pouvoir illimité de Zhou Yongkang. Ce pouvoir provenait de la politique de persécution du Falun Gong menée par Jiang Zemin et plus tard du système de maintien de la stabilité.

Il est cependant peu probable que Zhou Yongkang soit accusé de ses crimes contre l’humanité et de la destruction de l’État de droit en Chine, tant que le but de l’éliminer est de protéger et maintenir le Parti au pouvoir.

 

Version en anglais: After Long Buildup, China Announces Arrest of Former Security Tsar Zhou Yongkang

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.