Suède: Une directive de l’Union européenne menace l’héritage culturel

Écrit par Barbro Plogander, Epoch Times
30.07.2014
  • La scierie de Melltorp à Hyssna en Suède, l’un des sites menacés par l’application de la directive cadre sur l’eau de l’Union européenne par la législation suédoise. (Barbro Plogander/Epoch Times)

Un héritage culturel remontant au Moyen-Âge est menacé en Suède. L’application de la directive-cadre sur l’eau de l’Union européenne pourrait résulter en la destruction de milliers de digues et de leurs environnements, afin de permettre aux poissons de migrer librement.

Hans Johansson, opérateur à la scierie de Melltorp dans le sud-ouest de la Suède, gère une entreprise touristique avec son épouse Catharina. Depuis le 17ème siècle, une scierie se trouve sur ce site, mais aujourd’hui le moulin est devenu un café et un restaurant, joliment encadré par la digue.

La scie, toujours capable de donner de belles planches, est protégée en tant qu’élément de l’héritage culturel. «Dans les années 70, nous avions pensé construire une centrale hydraulique, mais nous avons plutôt opté pour le tourisme,» a expliqué Hans Johansson. 

Cet environnement culturel de valeur pourrait cependant bientôt disparaître. Si la Suède devait appliquer intégralement la directive clé sur l’eau de l’Union européenne, elle devra supprimer des milliers d’obstacles à la migration des poissons. Cela signifierait la destruction de cette ancienne culture liée aux nombreux cours d’eau suédois.

  • La scierie de Melltorp à Hyssna en Suède, l’un des sites menacés par l’application de la directive cadre sur l’eau de l’Union européenne par la législation suédoise. (Barbro Plogander/Epoch Times)

Hans Johansson pourrait cependant faire partie des plus chanceux. Au début des années 90, une échelle à poissons a été construite près de son moulin. Mais celle-ci risque de faire l’objet d’un examen par le gouvernement. Un rapport des autorités suédoises suggère un nouveau système dans lequel tous ces vieux moulins, digues et petites centrales hydrauliques devront faire des demandes de permis, comme pour de nouvelles constructions, alors que ces sites sont vieux de plusieurs centaines d’années. Les constructions pour lesquelles le permis n’est pas délivré devront être détruites.

«Les gens vivant en amont, comme nous, devront faire face à une nouvelle situation. Nous n’aurons plus rien qu’un lit asséché (si la digue est démolie),» a expliqué Hans Johansson. C’est à cela que ressemble déjà la rivière aujourd’hui, après une sécheresse prolongée.

La digue disparaîtrait en même temps que la végétation luxuriante.

«C’est détruire l’ancienne culture. S’ils devaient nous faire enlever la digue, cela serait désastreux pour nos affaires,» a ajouté M. Johansson.

Selon le rapport gouvernemental, 3.654 centrale hydrauliques ou digues de régulation n’ont pas de permis.

Swedish Energy, une association commerciale de producteurs, distributeurs et revendeurs d’électricité, a commenté ce rapport, disant que la construction de ces centrales a un effet profond sur l’environnement, mais que «après cela, avec le temps, de nouveaux états naturels ont émergé dans le paysage». 

Ces anciennes centrales et digues ne constituent donc pas une menace pour la biodiversité, selon l’association. Le processus d’application pourrait aussi se révéler trop coûteux pour de nombreux individus et petites organisations.

  • La scierie de Melltorp à Hyssna en Suède, l’un des sites menacés par l’application de la directive cadre sur l’eau de l’Union européenne par la législation suédoise. (Barbro Plogander/Epoch Times)

La Fédération des cultivateurs suédois ont également critiqué le rapport, prévenant que cela déclencherait des conséquences inacceptables en lien à la propriété privée, ainsi qu’à la fermeture forcée de nombreuses petites centrales. Cela diminuerait les sources d’énergie renouvelable, rendant plus difficile la diminution de la dépendance aux énergies fossiles.

Lars Amréus, directeur général du Bureau de l’héritage national suédois, a écrit dans un article qu’une grande partie de l’héritage culturel industriel de la Suède depuis le Moyen-Âge est liée à l’eau courante et à la puissance hydraulique. «L’environnement historique, visité par des dizaines de milliers de personnes chaque année, sera détruit» si la suggestion faite par le rapport est légalement appliquée, a-t-il écrit. 

Per-Magnus Nilsson, directeur par intérim du Département des propriétés et des sites touristiques publics du Bureau de l’héritage national, a confié à Epoch Times lors d’une interview: 

«L’argument ultime est celui-ci: les suggestions avancées par le rapport doivent être adaptées à des environnements possédant une valeur culturelle et historique. Des démolitions ne pourront être menées que pour des motifs écologiques forts.»

Hans Johansson et son épouse Catharina ont travaillé dur pour tirer un bénéfice de leur activité touristique, non seulement pour eux mais pour un certain nombre d’employés. Ils veulent garder vivant ce morceau d’ancien monde et sont convaincus que les autorités suédoises doivent encore regarder la situation dans son ensemble.

Version originale: Fisken prioriteras framför vattendragens gamla kultur