Xi Jinping déterminé à poursuivre la purge

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
12.08.2014
  • 9 juillet 2014: Xi Jinping à Pékin. Xi Jinping a récemment annoncé que sa lutte contre la corruption est pour lui une question de vie ou de mort. (Feng Li/Getty Images)

Moins d’une semaine après l’annonce officielle longtemps attendue de l’enquête visant l’ex-chef de la sécurité Zhou Yongkang, le dirigeant du Parti communiste chinois (PCC), Xi Jinping, annonçait lors d’une réunion interne que la lutte contre la corruption est pour lui une question de «vie et de mort».

«Lorsqu’il s’agit de lutte contre la corruption, la vie et la mort et la réputation ne veulent rien dire pour moi», aurait-il dit.

La remarque a été transmise au secrétaire du Parti de la ville de Changbaishan par une équipe itinérante anticorruption et a ensuite été publiée le 1er août dans le Quotidien Changbaishan, un média officiel de la province du Jilin. L’article a rapidement été rendu inaccessible sur le site du journal.

Toutefois, Xinhua, l’agence de presse officielle du Parti, et d’autres grands portails d’information ont emboîté le pas avec des commentaires et des analyses de cet article, bien qu’ils aient par la suite également été supprimés. Pour les observateurs, les remarques prononcées par Xi Jinping indiquent que la purge au sein du Parti est très intense, bien qu’il s’agisse officiellement d’une campagne anticorruption.

Dans le contexte politique communiste chinois, les campagnes de lutte contre la corruption sont souvent un moyen de déguiser un autre objectif politique. Zhou Yongkang, le patron déchu de la sécurité chinoise, était un personnage clé de la faction qui s’est probablement opposée et a cherché à écarter Xi Jinping du pouvoir.

En 2012, selon des observateurs et des initiés bien placés, Zhou Yongkang avait essayé de promouvoir Bo Xilai, secrétaire du Parti de Chongqing, à son poste de dirigeant de la sécurité. Avec le contrôle de l’immense appareil de la sécurité entre leurs mains, les deux hommes avaient planifié de faire monter Bo Xilai à la tête du régime à la place de Xi Jinping.

Ces hommes étaient les protégés de l’ex-dirigeant Jiang Zemin, et tous étaient liés politiquement par leurs rôles prépondérants dans la persécution de la pratique spirituelle Falun Gong. Cette persécution a complètement absorbé Jiang Zemin durant les dernières années de son mandat et a capté le gros de son attention pendant près d’une décennie après avoir été remplacé à la tête du Parti en 2002.

Pour un bon nombre d’observateurs du système politique chinois, parmi lesquels Li Dongwei, ancien rédacteur en chef du journal China Reform, une partie des efforts visibles pour lutter contre la corruption ces 18 derniers mois sert de représailles contre la tentative de coup d’État de 2012.

  • 20 juillet 2012, New York: des pratiquants de Falun Gong sont rassemblés devant l'Hôtel de ville. Le 20 juillet 1999, Jiang Zemin lançait la persécution du Falun Gong. Depuis, les pratiquants n'ont pas cessé de demander que l'ancien dirigeant chinois soit arrêté. (Benjamin Chasteen/Epoch Times)

Li Dongwei a récemment exprimé son point de vue sur le sujet lors d’une interview avec Voice of America. Selon les observateurs, il serait politiquement dangereux et intenable pour Xi Jinping de ne pas agir sévèrement envers les individus qui ont essayé de le détrôner.

Le récent article reprenant les remarques de Xi Jinping vient appuyer une série de déclarations similaires toutes aussi fortes de l’appareil de propagande, chacune exprimant sa détermination de poursuivre la lutte «anticorruption».

Un gros titre du Quotidien du Peuple, le journal officiel du Parti, indiquait récemment: «Il n’y aura pas d’approche douce dans l’éradication de la corruption». Ce genre de déclarations publiées dans les médias officiels a été expliqué par la chaîne de télévision d’État CCTV afin que le public et le Parti puissent bien comprendre ce qui est en train de se passer.

Un présentateur de l’émission News1+1 sur CCTV a placé ces déclarations dans le contexte de l’expulsion du Parti de l’ancien vice-président de la Commission centrale de l’Armée Xu Caihou et d’une série d’autres responsables.

Xu Caihou était l’un des hommes les plus puissants de l’armée chinoise. Sa purge médiatisée a bouleversé les observateurs, démontrant le caractère exhaustif de la campagne menée par Xi Jinping contre des opposants politiques coupables de corruption à grande échelle. Xu Caihou avait été nommé par Jiang Zemin, également le patron de Zhou Yongkang et d’autres responsables visés par Xi Jinping.

Plus des responsables sont écartés plus il semble que l’ombre gênante de Jiang Zemin en coulisses de cette campagne se précise et se rapproche au-devant de la scène.

Des rapports non confirmés récemment publiés sur Weibo, l’équivalent chinois de Twitter, montraient des travailleurs de diverses villes du pays en train de briser de grandes plaques de type monument bordées de caractères chinois composées par Jiang Zemin ou représentant son nom. C’est connu, Jiang Zemin raffole de l’attention médiatique et on adore aussi le ridiculiser en Chine. Un récent article où l’on compare Jiang à un crapaud s’est répandu comme une traînée de poudre sur le web chinois.

De plus, un certain nombre de fuites d’information vers des médias en langue chinoise à l’étranger, y compris à Epoch Times, indiquent que Xi Jinping vise un certain nombre d’autres lieutenants de Jiang Zemin, parmi lesquels Zeng Qinghong et Jia Qinglin, tous deux anciens membres du tout-puissant Comité permanent du Politburo.

Selon Li Dongwei, «Xi Jinping se prépare à s’attaquer aux anciens membres du Comité permanent du Politburo et à écraser l’arrogance de Jiang Zemin qui tire les ficelles. Après quoi, les 19 autres retraités du Comité permanent vont dire, abasourdis: “Nous nous rendons, c’est toi le patron. Nous n’allons plus nous immiscer, laisse-nous seulement nous retirer en paix.”»

Version en anglais: Chinese Communist Party Head Announces Purge to Continue