Rencontre avec un chef amérindien authentique - 2e partie

Écrit par Nathalie Dieul, Epoch Times
20.08.2014

Le véritable nom de Dominique Rankin (son prénom s’écrit T8aminik en algonquin) est Kapiteotak, ce qui veut dire «l’enfant qu’on entend pleurer de loin». Il était un bébé mort à la naissance, son père l’a ramené à la vie dans la forêt. Puis, il a pleuré tellement fort en revenant vers sa mère qu’elle lui a donné ce nom, qu’il a gardé toute sa vie. Voici la deuxième partie de l'article sur cet Amérindien authentique.

Un «Jean Coutu» dans la forêt

«J’aimerais vous amener dans la forêt et je vous dirais : "ça, c’est mon Jean Coutu! On trouve tout, même des amis!"»

  • L’homme-médecine Dominique Rankin lors du tournage du documentaire On nous appelait les Sauvages, dont la sortie est prévue pour l’automne 2014. (Élipse Studio)

Par exemple, ce sont les garçons qui allaient chercher tout le nécessaire pour les serviettes hygiéniques de leur mère. Pour cela, ils allaient dans les marécages ramasser du lichen. Ils rapportaient également des fougères. Leur mère faisait sécher le tout. Le lichen servait à absorber le liquide, les feuilles de fougère bien sèches étaient mises sur le dessus pour éviter les démangeaisons. Les mêmes ingrédients servaient de couche pour les bébés.

Période noire

À l’âge de 8 ans, la vie heureuse de Kapiteotak a connu un tournant terrible, comme pour celle de bien d’autres enfants amérindiens. Des agents de la GRC (Gendarmerie royale du Canada) sont venus chercher tous les enfants de son camp pour les emmener dans des pensionnats, de manière à transformer ces «sauvages» en bons petits blancs. Il y a été emprisonné, battu, violé dans tous les sens du terme pendant six années. L’éducation qu’il y a reçue était basée sur la violence, ce qui l’a rendu agressif.

En 1960, les compagnies minières et forestières ayant besoin des territoires sur lesquels des générations et des générations d’autochtones avaient vécu, la famille de T8aminik a été placée dans une réserve. Ils étaient considérés comme des peuples nuisibles, une loi fédérale les a obligés à devenir sédentaires. La famille de Tom Rankin, le père du jeune apprenti-chef, a été la première à recevoir une maison. Ils ont continué à dormir dans le tipi jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de bois. Dormir dans la maison? «On était couché, on regardait le plafond et on ne dormait pas. On avait peur que le plafond tombe», se souvient Kapiteotak.

  • Le tipi est une des habitations traditionnelles des Premières Nations, avec le shaputuan ou maison longue, et le moon lodge dans lequel les femmes séjournaient pendant leurs menstruations. (Nathalie Dieul)

En effet, comment dormir dans une maison carrée après avoir été élevés dans un tipi, une habitation circulaire qui permettait à l’esprit d’en faire le tour et de bercer les petits Amérindiens?

En sortant du pensionnat à l’âge de 14 ans, Dominique Rankin s’est mis à boire, se cachant derrière la boisson. Il lui a fallu 20 ans pour guérir et sortir de la souffrance et de sa position de victime. Il ne touche maintenant plus à l’alcool.

Le pardon

Aujourd’hui, celui qui parle sept langues reconnaît qu’un des aspects positifs du pensionnat a été de lui faire apprendre le français, ce qu’il considère comme un véritable cadeau puisqu’il peut communiquer avec nous. Bien au-delà de cet apprentissage, il a appris à pardonner, à voir avec compassion les prêtres qui l’ont maltraité comme des personnes malades, des pédophiles.

C’est avec une certaine émotion que l’Algonquin de 66 ans déclare devant un public principalement blanc : «Je suis ton frère. J’ai appris à m’aimer et j’ai appris à vous aimer. Je vous ai jugé quand je suis allé à l’école, je vous demande pardon.»

«Nous sommes tous des frères et des sœurs»

  • Le livre On nous appelait les Sauvages publié aux Éditions Le Jour en 2011. (Éditions Le Jour)

Au centre du vêtement typique que porte le chef héréditaire en ce matin du mois de mai se trouve un symbole qui a une grande signification pour lui. Il s’agit d’un cercle divisé en quatre parties égales de couleurs différentes. Chaque couleur représente les éléments – eau, feu sacré, terre et air – mais aussi un peuple différent : le peuple jaune, le peuple rouge, le peuple noir et le peuple blanc.

L’homme-médecine explique : «Est-ce que vous êtes différents de moi? Non. Pourquoi? Si on mettait ces quatre couleurs dans de l’eau chaude, elles disparaîtraient. Une couleur ressortirait : la couleur que vous aviez quand vous êtes venus au monde, et moi aussi : mauve. C’est pour ça qu’on est tellement proche! Le sang, c’est la même couleur que le mien, que ce soit un Noir ou un Jaune : nous sommes tous des frères et des sœurs.»

«On est des peuples de la terre. Le message que j’enverrai à tous les peuples, c’est de garder leur vision, leur culture, leur spiritualité, leur médecine. C’est important pour les futures générations. Tout ce que je souhaite, c’est qu’il y ait une paix partout dans le monde entier, à l’intérieur de chaque humain.»

Pour en savoir davantage sur les stages et activités de Dominique Rankin, abonnez-vous à son slog : www.toslog.com/dominiquerankin

Le succès de librairie On nous appelait les Sauvages a été publié aux éditions Le Jour. Le film du même nom devrait sortir à l’automne 2014.