Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Pierre Ryckmans: disparition d’un passionné d’histoire et de littérature chinoises

Écrit par Edwige Ansah Epoch Times
21.08.2014
| A-/A+
  • Simon Leys, (1935 - 2014). (William West/AFP)

Le sinologue Pierre Ryckmans, connu sous le pseudonyme de Simon Leys, est décédé à l’âge de 78 ans. Il aura marqué le public pour ses positions sur la Révolution culturelle en Chine, mais aura surtout été un grand connaisseur de la culture chinoise traditionnelle.

Pierre Ryckmans est né le 28 septembre 1935 à Bruxelles en Belgique. Après avoir suivi des études de droit et d’histoire de l’art à l’université catholique de Louvain, il participe à un voyage d’étude en Chine en 1955. Cette rencontre avec ce pays et ses études en histoire de l’art le mèneront à approfondir ses connaissances de la culture chinoise traditionnelle à Taïwan, Singapour et Hong Kong. Sa thèse, Les Propos sur la peinture du moine Citrouille-amère (1984), sera consacrée au moine bouddhiste Shitao, un peintre, calligraphe et poète de la dynastie Qing.

Sa connaissance profonde de la culture traditionnelle chinoise lui vaudra d’occuper un poste de professeur en Australie, dès 1970, à Canberra, puis à l’université de Sydney de 1987 à 1993. Son remarquable sens de l’observation et sa connaissance du terrain, alliés à un sens poussé de l’analyse et à une intégrité intellectuelle, le conduiront à avoir une vision différente de la Chine des années 1970.

C’est en effet sous le pseudonyme de Simon Leys qu’il lancera un pavé dans la mare avec son ouvrage, Les Habits neufs du président Mao, Chronique de la Révolution culturelle, publié en 1971 par Champ Libre. Ce livre relate les évènements qui se sont déroulés en Chine de 1967 à 1970, à l’époque où il vivait à Hong Kong. Il explique que cette révolution tant glorifiée par les intellectuels français fortement imprégnés par le courant maoïste, n’est en sorte qu’«une lutte pour le pouvoir, menée au sommet entre une poignée d’individus, derrière le rideau de fumée d’un fictif mouvement de masses». Il dénonce ainsi la recherche et la prise du pouvoir par Mao et une élite, sur les masses populaires, décrits comme corrompus, ôtant la vie à des millions de personnes.

Érudit et intègre

Invité à la célèbre émission littéraire Apostrophe, en mai 1983, il fustigera le livre De la Chine, de Maria Antonietta Macciocchi et dira ces mots qui en choqueront plus d’un: «Il est normal que les imbéciles profèrent des imbécilités comme les pommiers produisent des pommes, mais je ne peux pas accepter, moi qui ai vu le fleuve Jaune charrier des cadavres chaque jour depuis mes fenêtres, cette vision idyllique de la Révolution culturelle».

Par la suite, il restera un peu surpris par le comportement de certains intellectuels français tels Sartre, Foucault, Barthes, Kristeva, Sollers qui tenaient des propos élogieux sur le régime chinois, alors qu’ils avaient séjourné en Chine en 1974, au moment où une vague sanglante continuait d’ôter des vies.

Cet érudit, qui prônait l’intégrité, se comparait souvent à George Orwell. Il a évoqué leurs similitudes dans un ouvrage publié en 1984, Orwell ou l’Horreur de la politique. Il mettait en avant leur respect pour la vérité et leur sens de l’analyse qui les amenaient à avoir raison contre l’intelligentsia.

Lors d’une interview à Chinese Studies Association of Australia Newsletter, No. 41 (février 2011), il a précisé l’origine de son engagement: «Sydney Hook a dit que la première obligation morale d’un intellectuel est d’être intelligent».

En parlant de la littérature chinoise, il précisera que «la vertu et la puissance de la langue littéraire chinoise culminent dans sa poésie classique. La poésie classique chinoise me semble la forme la plus pure, la plus parfaite et complète de la poésie que l’on pourrait concevoir. Elle exprime mieux que tout autre la poésie».

Pierre Ryckmans nous laisse une oeuvre éclectique qui couvre de nombreux domaines. Parmi ses nombreuses récompenses, on peut retenir qu’il a été élu à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique en 1999 et qu’il est le lauréat 2001 du prix Renaudot avec Protée et autres essais.

 

 

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.