Après Zhou Yongkang, la chasse aux tigres continue

Écrit par Cheng Jing, Epoch Times
22.08.2014
  • Photo composée par Epoch Times (De gauche à droite), Jia Qinglin, Li Changchun, Wu Bangguo, Luo Gan, Zeng Qinghong. Image de fond: 17 mai 2012, des officiers de la police paramilitaire et un policier en civil avant la cérémonie de la descente du drapeau sur la place Tiananmen à Pékin. (Feng Li/Getty Images)

Selon une règle tacite du Parti communiste chinois (PCC), Zhou Yongkang, l’ancien responsable de la sécurité chinoise et membre du Comité permanent du Politburo, pouvait s’attendre à échapper à toute enquête «anti-corruption». Malgré tout, il a été ciblé et aujourd'hui, pas moins de cinq autres membres du Comité permanent seraient également sur la sellette.

Après des mois de rumeurs selon lesquelles Zhou Yongkang avait été placé en résidence surveillée, l'ouverture d'une enquête officielle basée sur des soupçons de «violations aggravées de la discipline» a été annoncée le 29 juillet, faisant de lui le plus gros «tigre» – haut responsable  du Parti – parmi tous les cadres placés sous enquête au cours de la campagne anti-corruption orchestrée par le dirigeant Xi Jinping.

Par la suite, le site People.com.cn, porte-parole du PCC, a annoncé que la chute de ce gros tigre n’est pas la fin de l’histoire. L’article en question a été supprimé du site quelques heures après sa publication. Les analystes y ont vu un signe annonçant l’arrivée d’événements encore plus importants. Derrière Zhou Yongkang viennent d'autres tigres plus puissants encore.

Selon une tradition au sein du Parti, les membres anciens et présents du Comité permanent du Politburo – le petit groupe d'hommes au sommet de la hiérarchie du Parti – obtiennent une sorte de garantie de liberté et ne peuvent pas être arrêtés.

Cependant, cinq autres membres retraités du Comité permanent semblent visés par la vague d'épuration politique. L’un d’entre eux, Zeng Qinghong, aurait déjà été arrêté.

Zhou Yongkang a grimpé rapidement les échelons de la hiérarchie grâce à l’ancien dirigeant du Parti Jiang Zemin et était devenu un rempart de la faction politique de ce dernier. Sa chute a suivi celles de plusieurs autres membres clé de la faction de Jiang Zemin, tels Bo Xilai, ancien secrétaire du Parti de Chongqing, Jiang Jiemin, grand ponte pétrolier ou encore Xu Caihou, ancien commandant adjoint des forces armées.

Cette série d'évictions a ainsi privé Jiang Zemin de ses plus proches lieutenants et du pouvoir qu’ils détenaient. Selon des sources internes au Parti, Jiang Zemin et sa faction se sont opposés de différentes manières, y compris par des tentatives d’assassinat, à l'accession de Xi Jinping au pouvoir. 

Selon ces mêmes sources, les membres de la faction de Jiang Zemin se sont battus pour reprendre le pouvoir de crainte d’être accusés des crimes commis durant les 15 années de persécution de la pratique spirituelle Falun Gong. Jiang Zemin lui-même serait menacé d'être poursuivi.

Des reportages récents de médias suggèrent que Jiang Zemin a en effet des raisons de s’inquiéter. Selon le Financial Times, Xi Jinping a lancé une nouvelle série d'enquêtes contre la corruption à Shanghai, le fief de la faction de Jiang Zemin. Pour l’Agence centrale d’informations de Taïwan, la campagne anti-corruption se dirige vers le camp de base de Jiang Zemin.

À Hong Kong, l'Apple Daily a rapporté que la famille de Zeng Qinghong fait l’objet d’une enquête pour son implication dans l’affaire Zhou Yongkang. Des rapports de diverses sources pointent directement Zeng Qinghong, l’allié de Zhou Yongkang. Et le vrai patron de Zhou Yongkang et Zeng Qinghong n'est autre que Jiang Zemin.

Parmi les anciens membres du Comité permanent, l’ancien dirigeant du Parti Hu Jintao et l’ancien Premier ministre Wen Jiabao sont les alliés de Xi Jinping. Les acolytes de Jiang Zemin sont Zhou Yongkang, Zeng Qinghong, Jia Qinglin, Li Changchun, Luo Gan et Wu Bangguo et tous sont ou seront probablement mis à disposition d'une enquête.

Zeng Qinghong

Le 12 juillet dernier, Epoch Times rapportait que Zeng Qinghong, l’ancien vice-président du Comité permanent, occupant le deuxième rang dans la faction de Jiang Zemin, avait été arrêté et placé secrètement sous enquête. 

Ancien dirigeant du monopole pétrolier chinois et ancien directeur des services de renseignements du régime, Zeng Qinghong a été le principal conseiller de Jiang Zemin et a joué un rôle important dans les luttes entre ce dernier et son successeur Hu Jintao, ainsi qu’entre Jiang Zemin et Xi Jinping.

Selon des sources internes au Parti,  Zeng Qinghong a conseillé Jiang Zemin sur la persécution du Falun Gong et n’a pas épargné sa peine pour la mettre en œuvre.

Des scandales autour de Zeng Qinghong ont été récemment rendus publics, attisant les spéculations selon lesquelles le terrain devient propice à une annonce officielle de l’ouverture d'une enquête sur  Zeng Qinghong.

Jia Qinglin

Le 11 juillet, des rumeurs ont parcouru les médias en ligne selon lesquelles Jia Qinglin avait été arrêté.

Jia Qinglin est devenu membre du Comité permanent en 1997. De 1999 à 2002, lors de son mandat de secrétaire du Comité municipal du PCC à Pékin, il a été directement impliqué dans la persécution du Falun Gong.

Jia Qinglin avait été impliqué dans une grosse affaire de contrebande en Chine révélée en 2.000 dans laquelle 600 agents de Yuanhua avaient fait l’objet d’une enquête alors que les activités du syndicat de Yuanhua atteignaient des proportions énormes: environ 53 milliards de yuan (près de 6,5 milliards d’euros).

Jia Qinglin avait alors tenté de démissionner, mais Jiang Zemin avait refusé et l'avait promu au poste de président de la Conférence consultative politique du peuple chinois. Jiang Zemin avait lui-même reconnu que ce serait sa fin si Jia Qinglin démissionnait.

Li Changchun

En 2002, Li Changchun a été promu par Jiang Zemin au sein du Comité permanent comme responsable de la propagande et de l'idéologie. De ce poste, Li Changchun a mené une campagne de propagande visant à diffamer le Falun Gong et à le discréditer aux yeux des Chinois. Entre la propagande orchestrée par Li Changchun et le système répressif du «maintien de la stabilité» mis en place par Zhou Yongkang, la persécution du Falun Gong était étroitement appliquée.

À son heure de gloire, Li Changchun était la cinquième personne la plus puissante du Parti. Toutefois, depuis 2012, des scandales impliquant sa famille ont été rendus publics et des informations concernant les richesses acquises par ses enfants font constamment les gros titres des médias.

Luo Gan

Le 21 juillet dernier, Baidu, le plus gros moteur de recherche de Chine, a levé la censure sur les termes «persécution, Luo Gan». Les informations concernant les crimes de Luo Gan et du Bureau 610, une organisation extrajudiciaire créée par Jiang Zemin spécialement pour persécuter le Falun Gong, ont ainsi été rendues accessibles au public.

Luo Gan est encore un haut cadre de la faction de Jiang Zemin, directement impliqué dans la planification et la mise en œuvre de la persécution de cette discipline spirituelle. En 2000, Luo Gan a ainsi organisé la persécution à l’échelle nationale.

Selon des sources internes au Parti, Luo Gan était aussi impliqué dans les «auto-immolations de la place Tiananmen» du 23 janvier 2001, une mise en scène utilisée pour discréditer le Falun Gong.

Avant le 16e Congrès national du Parti communiste en 2002, il n’y avait jamais eu plus de sept membres en fonction au sein du Comité permanent du Politburo. À l’approche de sa retraite, Jiang Zemin a élargi le nombre de membres à 9 et a placé ses acolytes au Comité permanent de façon à assurer la continuité de son influence. Alors que Luo Gan devait se retirer de la direction de la sécurité intérieure, Jiang Zemin l’a propulsé au Comité permanent.

Luo Gan a été cité en justice dans plus de 30 pays pour son implication dans la persécution du Falun Gong.

Wu Bangguo

Wu Bangguo était le deuxième homme du PCC à Shanghai lorsque Jiang Zemin en était le chef. Il a pris sa retraite de la présidence du Comité permanent du Congrès national du peuple en 2013.

Comme les autres proches de Jiang Zemin, il a rapidement été propulsé à des postes de pouvoir. Il est devenu responsable du PCC de Shanghai, puis membre du Comité permanent du Politburo en 2002.

La famille de Wu Bangguo aurait amassé des centaines de millions de yuan. En 2012, après l'éviction de Bo Xilai, les médias en langue chinoise ont commencé à publier des informations sur les scandales impliquant sa famille.

Shi Zangshan, un spécialiste de la Chine basé à Washington, a déclaré: «À ce moment sensible, des reportages négatifs sur Wu Bangguo sont apparus. Il est très probable que le PCC demande à Wu Bangguo de choisir son camp. S’il fait le mauvais choix, il finira comme Zhou Yongkang. Beaucoup de ses affaires de corruption feront surface avant qu’il ne soit contraint à démissionner.»

Version originale: One ‘Big Tiger’ Down, Several More to Follow