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Jiang Zemin tenu en échec sur son propre territoire

Écrit par Stephen Gregory, Epoch Times
23.08.2014
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  • 14 novembre 2012: l’ancien dirigeant du PCC Jiang Zemin assiste à la session de clôture du 18e Congrès national à Pékin. Lors de ce Congrès, Xi Jinping, qui a poursuivi ces 19 derniers mois de nombreux membres de la faction de Jiang Zemin pour corruption, avait été officiellement installé au pouvoir. (Feng Li/Getty Images)

Les jours de Jiang Zemin sont comptés. L’homme qui a dominé la politique chinoise pendant plus de deux décennies est aujourd’hui menacé sur son propre territoire, la ville de Shanghai.

Ces derniers jours, des équipes d’enquêteurs se sont mis à l’œuvre à Shanghai, dans le cadre de la campagne anti-corruption menée par Xi Jinping. Une brève annonce selon laquelle les enquêtes avancent sérieusement est apparue le 11 août sur le site officiel du Parquet de Shanghai.

Shanghai est en quelque sorte la base de lancement et le terreau des ambitions politiques de Jiang Zemin et est devenue la base de son pouvoir.

Jiang Zemin a été secrétaire du Parti de Shanghai de 1985 à 1989. Face au mouvement pour la démocratie de 1989, le dirigeant de l’époque Deng Xiaoping avait été impressionné par la manière forte utilisée par Jiang Zemin pour réprimer les dissidents à Shanghai, alors que de nombreux autres dirigeants du PCC étaient restés sur le côté sans rien faire.

Après avoir démis Zhao Ziyang de ses fonctions de Secrétaire général du Parti en raison de sa sympathie pour les étudiants, Deng Xiaoping a nommé Jiang Zemin à Pékin. Une fois au pouvoir, Jiang Zemin a traqué et puni sans relâche les dissidents qui avaient échappé aux chars la nuit du 4 juin sur la place Tiananmen. 

Après avoir pris les rennes du pouvoir à Pékin, Jiang Zemin a promu d’obscurs cadres venus de Shanghai à des postes d’influence au sein du Parti. Ceux-ci ont rapidement formé le cœur d’un réseau de connexions que Jiang Zemin utilisera ensuite pour dominer la politique chinoise pendant plus de 20 ans.

Jiang Zemin au cœur de la cible

Ces 19 derniers mois, le dirigeant du PCC Xi Jinping a évincé les plus grands alliés de Jiang Zemin au cours de sa campagne d’épuration politique.

Le point d’orgue de cette campagne a eu lieu le 29 juillet dernier avec l’annonce de la mise à disposition de Zhou Yongkang, l’ancien patron de la sécurité chinoise. Il est rapidement devenu évident que la chute de Zhou Yongkang ne marquerait pas la fin de la campagne de Xi Jinping.

Immédiatement après cette annonce, le Quotidien du Peuple, journal fidèle au Parti, a publié sur son site web un commentaire intitulé «La chute du gros tigre Zhou Yongkang n’est pas la fin de l’histoire». Cet article rappelait que Zhou Yongkang avait bien été promu par des personnes plus haut placées que lui.

Bien que cet article ait été rapidement supprimé, il est resté suffisamment longtemps en ligne pour être partagé et diffusé largement sur l’Internet chinois.

Deux semaines plus tôt, Epoch Times avait rapporté que Zeng Qinghong, principal conseiller de Jiang Zemin, avait été arrêté. Si la campagne anti-corruption de Xi Jinping doit être autre chose qu’une simple opération d’assainissement, alors, après la chute des plus gros tigres, la cible suivante devrait en toute logique être Jiang Zemin. 

Ce dernier semble déjà avoir perdu tout pouvoir au sein même de sa citadelle. Xi Jinping a donc le champ libre pour le poursuivre.

Si le passé fait office d’exemple, tout comme la Commission centrale d’inspection de la discipline l’a déjà fait des milliers de fois dans toute la Chine, elle va maintenant passer Shanghai au peigne fin et refermer son piège sur sa proie. Ainsi, la Commission commence par attaquer les cibles les plus faibles en périphérie pour qu’elles révèlent leurs connexions vers le centre du réseau, pour avancer étape par étape jusqu’à ce que l’objectif final soit encerclé et sans défense.

 

Impasse

Selon l’agence de presse officielle Xinhua, 85 000 responsables ont fait l’objet d’une enquête au cours des 6 derniers mois.

Malgré la large portée de sa campagne, lors d’une réunion du Politburo le 26 juin dernier, Xi Jinping s’était plaint que les forces de corruption et de lutte anti-corruption se trouvaient dans une «impasse». 

Quatre jours plus tard, les évictions de quatre cadres de haut rang étaient annoncées le même jour: il s’agissait de l’ancien dirigeant de l’armée Xu Caihou, des anciens pontes du pétrole Jiang Jiemin et Wang Yongchun et du directeur adjoint de la sécurité publique, l’un des principaux responsables de la persécution du Falun Gong, Li Dongsheng.

Malgré cette avancée remarquable, la faction politique de Jiang Zemin semblait résister. 

Wu Fan, rédacteur en chef du magazine américain en langue chinoise China Affairs, a récemment confié à NTD Television que l’armée continue de suivre Guo Boxiong, un individu aujourd’hui retraité désigné par Jiang Zemin pour diriger les forces armées chinoises.

«Certaines régions militaires, comme celles de Guangzhou ou Pékin, ignorent complètement Xi Jinping. Elles suivent les ordres de Guo Boxiong et de son équipe», a expliqué Wu Fan. 

La résistance de Guo Boxiong illustre particulièrement bien la longue histoire de l’opposition de la faction politique de Jiang Zemin au Parti central.

Pour prouver qu’il a bien tous les pouvoirs en main, Xi Jinping doit complètement déraciner cette faction, c’est-à-dire, évincer Jiang Zemin lui-même.

Une question de vie et de mort

Mais Xi Jinping a une raison encore plus forte de poursuivre sa campagne jusqu’au bout: la survie.

Lors d’un discours devant le Politburo le 26 juin, Xi Jinping aurait dit: «Lorsqu’il s’agit de lutter contre la corruption, la vie, la mort et la réputation ne sont rien pour moi.» 

Avant même d’être officiellement installé à la tête du Parti, Xi Jinping avait été informé de menaces pesant contre sa vie. Selon des sources internes au Parti, c’est la découverte de la préparation d’un coup d’État visant Xi Jinping qui a initié la campagne visant Jiang Zemin et sa faction.

Après que le directeur de la police de Chongqing Wang Lijun ne cherche asile au Consulat américain de Chengdu en février 2012, il a été remis aux autorités de Pékin. Le Parti central a ensuite appris que Zhou Yongkang et Bo Xilai, ancien secrétaire du Parti à Chongqing que Jiang Zemin voulait nommer Secrétaire général, avaient projeté de faire tomber Xi Jinping du pouvoir juste après sa nomination.

Après que cette tentative de coup d’État ait été déjouée, les menaces envers Xi Jinping ne se sont pas atténuées. Epoch Times a rapporté qu’au cours de la période de l’été 2013 durant laquelle les hauts dirigeants étaient rassemblés à Beidaihe, Zhou Yongkang a une fois essayé d’assassiner Xi Jinping avec une bombe à retardement lors d’une conférence et une autre fois avec une aiguille empoisonnée alors que Xi Jinping passait des examens de routine à l’hôpital.  

Motif

Alors que les médias occidentaux ont commencé à prendre plus au sérieux le caractère de vie et de mort de la lutte opposant Xi Jinping et Jiang Zemin, leurs reportages ne peuvent généralement pas en expliquer le motif. Ils suggèrent simplement que la politique du PCC est depuis toujours mortelle.

Il est évident que si Xi Jinping trahissait la moindre faiblesse envers ses ennemis, cela signifierait sa perte. Mais pourquoi Jiang Zemin devrait-il considérer Xi Jinping comme un ennemi mortel?

La réponse à cette question se trouve dans l’angle mort de la presse chinoise: la persécution du Falun Gong.

Jiang Zemin a conspiré avec Zhou Yongkang, Xu Caihou, Bo Xilai, Li Dongsheng et d’autres dirigeants de haut rang du PCC pour commettre des crimes monstrueux contre le peuple chinois.

Selon le Centre d’information du Falun Dafa, depuis que Jiang Zemin a déclenché la persécution du Falun Gong en 1999 et jusqu’à aujourd’hui, à tout moment, des centaines de milliers de pratiquants de Falun Gong se trouvent en détention.

Cette campagne de répression visait à déraciner une discipline spirituelle traditionnelle chinoise qui en 1999, selon des rapports de presse de l’époque, était pratiquée par plus de 100 millions de personnes en Chine. C’est ce nombre qui a poussé le régime chinois à déclarer la guerre à un Chinois sur treize et à criminaliser toute personne cherchant à vivre selon les principes de la vérité, de la bienveillance et de la tolérance.

Les pratiquants détenus par le régime ont généralement dû endurer la torture et le lavage de cerveau. Selon le site Minghui.org qui centralise des informations sur la persécution du Falun Gong, 3.776 morts causées par les tortures et les mauvais traitements ont déjà été confirmées. En raison du blocage des informations provenant de Chine, le véritable nombre de ces morts est probablement plusieurs fois plus élevé.  

Par ailleurs, les pratiquants du Falun Gong sont victimes de prélèvements forcés d’organes. En 2011, les chercheurs indépendants David Kilgour et David Matas, auteurs du rapport Prélèvements sanglants et le journaliste d’investigation Ethan Gutmann, auteur de Le massacre: meurtres de masse, prélèvements d’organes et la solution secrète de la Chine au problème des dissidents, ont estimé qu’entre 2000 et 2008, 62 000 pratiquants du Falun Gong ont été tués pour leurs organes. Ce nombre est aujourd’hui vraisemblablement plus élevé de dizaines de milliers d’individus.

Jiang Zemin et sa faction craignent Xi Jinping car ce dernier n’est pas impliqué dans ces crimes contre l’humanité. La possibilité que Xi Jinping mette fin à la persécution est réelle. Si cela se produit, la Chine serait amenée à poursuivre les personnes responsables.

Afin d’éviter d’être tenus responsables, Jiang Zemin et ses lieutenants ont cherché par tous les moyens possibles à évincer Xi Jinping pour lui reprendre le pouvoir.

Un règne de corruption

Xi Jinping n’est pas le premier dirigeant du PCC à accuser ses ennemis de corruption. Mais dans le cas de la faction de Jiang Zemin, ces accusations de corruption sont bien plus qu’un prétexte. Elles visent tout un système de pouvoir.

En Chine, Jiang Zemin est considéré comme un bouffon. Il a pourtant réussi à devenir l’homme le plus puissant du pays pendant 20 ans. En permettant la corruption à tous les niveaux du Parti, il a pu acheter la loyauté qu’il ne pouvait inspirer.

Les observateurs de la campagne menée par Xi Jinping parlent souvent de cette corruption comme d’un état de choses normal au sein du PCC. De ce fait, ils passent à côté de l’ampleur gargantuesque de la corruption de Jiang Zemin.

Ces mêmes observateurs écrivent souvent en évitant de verser du sang, manquant du même coup l’urgence que représente ce problème pour le peuple chinois.

Lorsque les Chinois pensent à la corruption, ils ne pensent pas à toutes ces Audis pimpantes sillonnant les rues, ni aux maîtresses chouchoutées, ni aux repas extravagants. 

Ils pensent aux habitants de villages ravagés par le cancer. Ils pensent à la nourriture empoisonnée, aux eaux polluées, à l’air irrespirable.

Ils se souviennent comment, avant l’arrivée de Jiang Zemin au pouvoir, le système des camps de concentration était près d’être aboli et comment aujourd’hui, ce même système a atteint des proportions inégalées.

Ils voient le système de maintien de la stabilité, développé par Zhou Yongkang à des fins de répression contre le Falun Gong, utilisé contre les citoyens tentant de protester après que leurs maisons et leurs terres leur aient été volées. 

Les Chinois voient également une société sans attache morale. Ils passent d’une histoire d’horreur à une autre sur Internet et se demandent jusqu’où l’existence morale de leur nation va sombrer.

Ainsi, et selon un nombre infinis d’autres exemples, la lutte de Xi Jinping contre la corruption apporte aux Chinois une promesse d’être libéré de leurs plaintes les plus amères.

Évincer Jiang Zemin

Le symbole le plus évident de victoire sur ce règne de corruption sera d’évincer Jiang Zemin lui-même.

Lorsque les cadres du Parti verront Jiang Zemin sous le contrôle de Xi Jinping, le réseau d’influence que Jiang Zemin avait tissé sur toute la Chine commencera à se résorber.

Xi Jinping peut quant à lui espérer que les Chinois rallieront alors un Parti purifié, mais il sera sans doute trop tard pour qu’ils croient encore à la renaissance de ce Parti.

La campagne de Xi Jinping mettra donc fin à une ère. Le chemin de l’avenir devra ensuite être tracé.

Version originale: Jiang Zemin at Bay in Shanghai

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.