Salon du livre de Hong Kong: les livres interdits en Chine continentale attirent les foules

Écrit par Li Zhen, Epoch Times
31.08.2014
  • Des touristes de Chine continentale cherchent des livres dans la section des ouvrages interdits en Chine. (Yu Gang/Epoch Times)

HONG KONG – Les récentes questions concernant l’avenir politique de Hong Kong étaient bien manifestes lors du 25e Salon du livre de Hong Kong, où de nombreux acheteurs venus de Chine continentale se sont jetés sur les livres interdits en Chine.

Ce salon du livre, le plus grand d’Asie, qui s’est déroulé pendant une semaine en juillet à Hong Kong, a établi un nouveau record avec 570 exposants et plus d’un million de visiteurs. Des livres sur la réforme politique, le Livre blanc de Pékin et des documents sur le mouvement Occupy Central étaient au centre de cet événement.

Occupy Central

En juin dernier, le Bureau d’information du Conseil d’État du Parti communiste chinois (PCC) a publié un Livre blanc qui cherchait à réinterpréter la mini-constitution de Hong Kong. L’idée principale de ce livre est que Pékin a accordé à Hong Kong son autonomie et pourrait la lui retirer.

  • Un vendeur présente deux livres populaire abordant des questions politiques régionales. (Yu Gang/Epoch Times)

Le mouvement «Occupy Central with Love and Peace» suggère une  désobéissance civile générale dans le quartier des affaires de Hong Kong dans le but d’apporter de plus grands changements démocratiques dans le système de vote du territoire.

Grand frère

Subculture Newsroom a publié vingt nouveaux livres cette année, dont neuf sont des commentaires politiques, un vrai record. Son président, Peng Zhiming, a expliqué à Epoch Times que les livres politiques ne sont pas toujours faciles à vendre. Face au monopole de publication des organisations financées par le PCC, la liberté de presse est d’autant plus marginalisée. Par conséquent, il continuera de publier des livres politiques.

Peng Zhiming a précisé: «Les profits et pertes ne sont pas le plus important. Le plus important, c’est d’avoir la liberté de la presse à Hong Kong, ainsi que la liberté d’expression et de permettre autant que possible aux Hongkongais de s’exprimer.»

Cette année, il a publié un nouveau livre intitulé Aimez Hong Kong, pas le Livre blanc du Parti. Cet ouvrage commente les mauvaises politiques du gouvernement hongkongais au cours des six derniers mois.

Selon Peng Zhiming, d'un point de vue politique, l’année en cours a été la plus misérable et méprisable pour Hong Kong. Il a précisé que le caractère simplifié chinois signifiant «Parti» a été placé sur la couverture du livre afin d’exprimer la colère des habitants de Hong Kong.

  • Un ouvrage dans la section des «livres interdits» est intitulé: Prélèvements d'organes par le Parti communiste chinois. (Yu Gang/Epoch Times)

«La culture chinoise est profonde», a-t-il poursuivi. «Dans les caractères traditionnels, le symbole «noir» est ancré dans le caractère «Parti», car un parti n’est pas quelque chose de droit et noble. Mais en caractère simplifié, le caractère «Parti» comprend le symbole «grand frère», ce qui est pire que le noir, car «grand frère» signifie «chef» et vous devez tous lui obéir.»

De plus, la couverture du livre a été conçue pour donner l'impression du papier chiffonné, transmettant le message que le Livre blanc du PCC est une ordure.

Des visiteurs chinois et des valises

Le Salon du livre de Hong Kong est aussi une destination pour de nombreux touristes de Chine continentale. Beaucoup de clients parlant le mandarin se sont pressés devant le stand des livres «interdits». Certains lisaient, d’autres remplissaient de grosses valises.

Parmi les sujets qui attirent les Chinois se trouvent les luttes politiques au sein de Zhongnanhai, le siège du PCC et le quartier général des autorités de Pékin, ainsi qu’une série de livres sur la chute de Zhou Yongkang, publié par le New Epoch Weekly. Les prélèvements d’organes organisés par l’État étaient également un sujet brûlant. Beaucoup de Chinois ont pris des photos des livres avec leur téléphone portable.

Mme Jin de la province du Jiangsu a acheté un exemplaire du Recueil d'essais de  Bao Tong. Bao Tong était le Secrétaire politique de Zhao Ziyang, ancien dirigeant réformiste des années 1980 qui a été forcé à démissionner de son poste de Secrétaire général du PCC en raison de son soutien au mouvement étudiant de la place Tiananmen en 1989.

Mme Jin a expliqué que les publications du Département de la propagande de sa ville sont trop influencées par CCTV, la chaîne de télévision centrale de Chine, porte-parole du PCC. «Nous voulons aller plus en profondeur dans l’histoire, nous rapprocher et mieux connaître la réalité», a-t-elle dit.

  • La section des livres interdits en Chine continentale présente des sujets comme la lutte des factions politiques à Zhongnanhai, la chute de Zhou Yongkang et les prélèvements d'organes organisés par l’État. (Yu Gang/Epoch Times)

Elle a demandé au vendeur d’emballer le livre dans un journal, en espérant pouvoir ainsi passer la frontière sans problèmes.

M. Li et son épouse sont venus de Shenzhen pour visiter le salon. M. Li a expliqué qu’ils avaient prévu ce voyage depuis bien longtemps. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi, il a répondu avec un sourire: «Vous le savez.» Son épouse a été moins laconique en expliquant qu’elle cherchait des publications  non-censurées, comme Les derniers aristocrates de Zhang Yihe, parmi d'autres ouvrages.

Mme Deng, également de Chine continentale, est venue acheter des biographies historiques publiées à Taïwan pour un ami, directeur d’un journal en Chine.

«Nous avons le droit de connaître la vérité sur l’histoire», a-t-elle dit. «C’est aux lecteurs de juger quelle version croire, pas aux autorités.»

Traduit par Cheryl Chen. Réécrit en anglais par Gisela Sommer.

Version en anglais: Banned Books at Hong Kong Book Fair Attract Mainland Visitors