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ÉDITO

Le savant dosage

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
01.09.2014
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  • En nommant président du Conseil le vigoureux Premier ministre polonais Donald Tusk, l’Europe marque un tournant germanophile aussi bien qu’atlantiste. (wikimédia)

Renouveler l’exécutif bruxellois est un travail d’horloger ou de neurochirurgien: tout est interconnecté dans la grande machine européenne qui peut, avec un changement minime d’équilibre à son sommet, voir s’enchaîner une cascade de causes et d’effets la menant vers l’hypomanie parfois, vers l’apathie souvent. En 2009, la première nomination d’un président du Conseil  avait, avec Herman Van Rompuy, fait pencher la balance du côté de l’inertie: le discret Belge avait à l’époque incarné la synthèse des volontés de chacun, et la crainte qu’un homme trop fort n’accélère la marche vers une Europe fédérale qui éclipserait sur la scène internationale les individualités des États. Mais, avec le changement d’époque, changent aussi les ingrédients constitutifs des décisions: en 2014, les risques économiques et sociaux émergents, les tensions avec la Russie, et en seconde ligne un autre équilibre des forces entre grands partis politiques européens, ont fait passer l’Union à une phase nouvelle et stimulante dans sa construction.

En nommant président du Conseil le vigoureux Premier ministre polonais Donald Tusk, l’Europe marque un tournant germanophile aussi bien qu’atlantiste: favorable à la discipline budgétaire prônée par l’Allemagne et contre laquelle une partie du monde politique français renâcle encore, renforcé par la dynamique croissance qu’il a su impulser en Pologne, le germanophone Tusk fait brutalement basculer le centre de gravité de l’Europe de l’Ouest vers l’Est – plus loin de la France, plus proche de l’Allemagne.

Donald Tusk est aussi fervent défenseur d’une Europe intégrant pleinement le Royaume-Uni – malgré les menaces répétées de sortie de David Cameron –  ainsi que d’une Europe proche des États-Unis et ayant vis-à-vis de la Russie une attitude vigoureuse. D’où peut-être son cheval de bataille historique sur l’indépendance énergétique de l’Europe.  C’est donc la partie la plus jeune, la plus neuve, la plus dynamique de l’Europe qui a été mise en avant, celle qui, pour avoir subi des décennies de communisme, souhaite en voir dissoutes les traces – y compris dans le fonctionnement des institutions européennes. Le choc est rude pour les gouvernements qui voudraient opposer discipline budgétaire et relance économique, France et Italie en première ligne.  L’Élysée n’a même pas commenté cette élection et a choisi de lorgner sur la médaille d’or de Teddy Rinner aux mondiaux du judo.

François Hollande et Matteo Renzi, de plus en plus isolés, ont tenté et tenteront à toute force d’ajouter leurs ingrédients à la nouvelle recette européenne. Renzi a réussi à tempérer l’élection de Donald Tusk par la nomination de sa ministre des Affaires étrangères, Federica Mogherini, au poste de haut-représentant pour la politique étrangère. Celle-ci devra faire contrepoids et jouer, d’une certaine manière, le rôle temporisateur que remplissait Van Rompuy. Il reste à la France, du côté de la Commission cette fois-ci, à obtenir la désignation de Pierre Moscovici sur le portefeuille de l’économie, pour rester dans un jeu que sa performance nationale ne lui rend pourtant pas légitime de jouer. Les fermes oppositions rencontrées illustrent que les temps changent, et qu’il faut maintenant plus d’exemplarité pour pouvoir espérer jouer un rôle de moteur européen.  Dans le savant dosage européen,  la performance du présent commence à avoir plus de poids que la légitimité du passé. C’est probablement la chose la plus juste et la plus à même de nous éveiller.

 

 

 

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