Pékin maintient sa poigne législative sur Hong Kong

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
01.09.2014
  • Chan Kin-man, un des fondateurs du mouvement Occupy Central, prend la parole lors d’un rassemblement dans le parc Tamar à Hong Kong. Des milliers de personnes se sont rassemblées pour protester contre la récente décision de Pékin de restreindre la démocratie dans le territoire de Hong Kong. (Sung Cheung-lung/Epoch Times)

Des milliers de personnes sont descendues dans les rues et les parcs publics de Hong Kong ce 31 août. Dans les larmes et la colère, ils ont protesté contre la décision des autorités communistes chinoises de priver le territoire d’une véritable démocratie.

Cette décision a été techniquement prise par le Comité permanent du Congrès national populaire, bien que les questions de cette envergure politique soient presque certainement décidées au sommet de la hiérarchie du Parti.

L’indigeste prose bureaucratique entourant la décision laissait voir clairement une chose: les aspirations de Hong Kong envers une réelle démocratie n’iront nulle part. 

La pomme de discorde entre les Hongkongais et les besoins politiques du Parti communiste chinois (PCC) est liée au procédé de sélection des candidats éligibles au poste de chef de l’exécutif, le bureau le plus élevé de Hong Kong.

La population de la ville-État souhaitent pourtant pouvoir élire eux-mêmes leurs candidats, comme dans tout processus démocrate.

  • des manifestants lèvent leurs téléphones portables au cours d’un rassemblement, après que la législature chinoise ait empêché un processus ouvert d’élections au poste de chef de l’exécutif de Hong Kong. Le Comité permanent de la législature chinoise a annoncé ce dimanche que tous les candidats doivent recevoir plus de la moitié de leurs votes d’un corps spécial de nomination avant d’être présentés aux électeurs. (AP Photo/Vincent Yu)

«Aimer le pays»

Les autorités communistes chinoises veulent que ce processus soit contrôlé par un «Comité de nomination». Celui-ci, bien sûr, sera contrôlé par Pékin. Pékin aura donc la décision finale sur le candidat au poste de chef de l’exécutif.

En particulier, «le principe selon lequel le chef de l’exécutif doit être une personne qui aime le pays et aime Hong Kong doit être maintenu», selon la récente décision de Pékin. «C’est un principe fondamental de la politique ‘un pays, deux systèmes’.»

Cette expression se réfère à la relation entre la République populaire de Chine (RPC) sous la dictature communiste et la Région spéciale administrative de Hong Kong qui fait partie de la RPC tout en ayant un gouvernement distinct. Cela a été décidé en 1997 lorsque le Royaume Uni a rétrocédé cette colonie au régime chinois – cependant, une des stipulations de la rétrocession était que le suffrage universel puisse être mis en œuvre à Hong Kong.   

Dans la récente décision, l’expression «suffrage universel» est redéfini de façon à signifier que Pékin choisit les candidats. 

Les citoyens de Hong Kong avaient fortement espéré que la décision, soit-disant prise après plusieurs jours de délibération à Pékin, prenne en compte les demandes présentées par des groupes civiques de Hong Kong et leur permette de choisir leurs propres candidats.

 

  • un manifestant porte un bandeau sur le front avec les caractères chinois «Désobéissance civile» au cours du rassemblement. (AP Photo/Vincent Yu)

Désobéissance civile

Ces espoirs désormais brisés, des dizaines de milliers d’habitants de Hong Kong devraient commencer à appliquer la désobéissance pacifique civile, comme l’avait précédemment annoncé le plus important de ces groupes Occupy Central with Love and Peace, qui propose d’inonder le quartier financier de Hong Kong de manifestants. 

Dimanche soir, le parc Tamar était déjà rempli, des intervenants ont prononcé des discours, joué de la musique et établi les plans des futures actions de contestation.

Chan Kin-man, l’un des initiateurs du Mouvement Occupy Central, a qualifié la décision d’«absurde». Selon lui, si la décision est acceptée par Hong Kong, ce sera le début du déclin du territoire.

Dans un discours, il a rappelé qu’il y a 30 ans, il était un étudiant qui se battait pour la démocratie à Hong Kong. Aujourd’hui, 30 ans plus tard, il voit d’autres étudiants faire la même chose. «Nous nous sentons vraiment blessés. Pendant ces 30 ans, nous avons épuisé l’esprit et les efforts de tant de jeunes gens qui se sont battus pour un système démocrate à Hong Kong.»

  • les manifestants ont participé aux rassemblement sous la pluie. (AP Photo/Vincent Yu)

Le journal Oriental Daily publié à Hong Kong a cité Ronny Tong Ka-wah, un membre pro-démocrate de la législature de Hong Kong: «C’est le jour le plus sombre du développement de la démocratie à Hong Kong.»

Alan Leong Kah-kit, membre du Conseil législatif et dirigeant du Parti civique pro-démocrate, interrogé par la Radio Télévision de Hong Kong (RTHK), a qualifié la décision d’«enfreinte à la confiance et une trahison». Selon lui, elle brise la Loi fondamentale, la constitution de Hong Kong, ainsi que les décisions précédemment prises par le Congrès national du Peuple. 

Selon la RTHK, M. Leong a ajouté que les autorités chinoises ont «trompé Hong Kong pendant tant d’années, maintenant le masque est tombé».

Dimanche, lors d’un événement dans la Baie de Causeway, des manifestants pro-démocrates ont dit que dès lundi matin, autant de gens que possible devraient inonder Hong Kong Central, le quartier financier, pour s’y «balader».

  • les manifestants au cours du rassemblement (AP Photo/Vincent Yu)

Cette forme de manifestation consiste à circuler dans le quartier plutôt que de l’occuper, pour ne pas donner lieu à une confrontation directe.

 

Tam Tak Chi, un des initiateurs de la manifestation, a suggéré au cours d’une interview, que les automobilistes fassent aussi leur part: en conduisant un peu moins vite que d’habitude, en s’arrêtant aux feux orange et peut-être en se garant de temps en temps sur le bord de la route: «Si vous sentez que votre pneu n’est pas bien gonflé, vous pouvez sortir de la voiture pour vérifier. C’est tout à fait l’égal.»

Version originale: Beijing Decides to Continue Controlling Hong Kong Elections, Hong Kong Begins Protests