Le rôle du Canada en Irak sous la loupe

Harper affirme qu’Ottawa décidera bientôt de ses prochains pas dans le dossier

Écrit par Matthew Little, Epoch Times
29.09.2014
  • En République tchèque, des soldats canadiens et tchèques chargent des boîtes de munitions dans un C-17 Globemaster III canadien à destination de l’Irak le 18 septembre 2014. (Michal Cizek/AFP/Getty Images)

OTTAWA – Le Canada semble s’apprêter à jouer un plus grand rôle dans le conflit irakien, selon les commentaires du premier ministre Stephen Harper la semaine dernière.

Le 24 septembre, à New York, M. Harper a déclaré que les États-Unis ont demandé au Canada de s’impliquer davantage dans la région. Washington s’affaire depuis quelques semaines à bâtir une coalition pour dérouter le groupe extrémiste État islamique (ÉI) en Irak et en Syrie.

«Nous devons débattre davantage la question au sein de notre gouvernement avant de prendre une décision finale», a-t-il affirmé durant une période de questions à New York devant des gens d’affaires américains.

M. Harper a ajouté que la question devait d’abord être présentée au Parlement, puisque son gouvernement a promis que toute décision de jouer un rôle de combat allait devoir être soumise à un vote dans la Chambre des communes.

«Le gouvernement du Canada prendra une décision à ce sujet très, très bientôt», a-t-il spécifié.

Le Canada a déjà fourni du matériel militaire et de l’aide humanitaire en Irak. Le premier ministre a affirmé que le Canada avait déjà transporté plus de matériel dans le nord de l’Irak que la force aérienne américaine.

Le Canada a également déployé 69 conseillers militaires des forces spéciales, un geste condamné par le NPD puisqu’il n’a pas été soumis à un vote. Le gouvernement se défend en affirmant que les soldats ne participent pas à une mission de combat.

Les soldats d’élite ont été déployés pour une mission de 30 jours qui prendra fin le 4 octobre. Alors que M. Harper contemple une implication plus sérieuse en Irak, il semble probable que la question sera bientôt débattue en Chambre.

Les répercussions de l’implication du Canada en Irak se sont fait sentir cette semaine alors que l’État islamique a appelé à ce que les Canadiens soient tués, peu importe le moyen

«Si vous pouvez tuer un infidèle américain ou européen – particulièrement un méchant et sale Français – ou un Australien ou un Canadien […] Tuez-le quelle que soit la manière», a déclaré le porte-parole de l’État islamique Abou Mohamed Al-Adnani dans un enregistrement audio.

Des députés canadiens de tous bords ont dénoncé le groupe terroriste.

«C’est tellement répugnant que c’est pratiquement incroyable», a déclaré le conservateur Daryl Kramp, le président du Comité permanent de la sécurité publique et nationale.

Le NPD de son côté n’apprécie quand même pas la manière avec laquelle le gouvernement gère la situation, dénonçant son manque de transparence quant au rôle exact que le Canada joue actuellement en Irak.

Par exemple, le nombre précis de forces canadiennes en sol irakien demeure inconnu et le gouvernement est demeuré vague sur la question.

Lorsque des journalistes ont demandé à James Bezan – secrétaire parlementaire du ministre de la Défense et responsable du dossier irakien – combien de Canadiens étaient impliqués en Irak, il a pesé sa réponse.

«Nous nous sommes engagés à [en déployer] 69.»

«Non, mais combien y en a-t-il sur le terrain maintenant?», a pressé un journaliste.

«Nous nous sommes engagés à 69. Sécurité nationale», a répondu M. Bezan.

Scène étrange

Cet épisode est survenu après une scène étrange durant la période de questions lorsque le secrétaire parlementaire de M. Harper, Paul Calandra, a échangé avec le chef du NPD, Thomas Mulcair.

«Est-ce que le gouvernement conservateur va confirmer que l’engagement de 30 jours du Canada en Irak va effectivement prendre fin le 4 octobre?», a demandé M. Mulcair.

M. Calandra a répondu en questionnant Mulcair au sujet de déclarations critiques d’Israël effectuées par quelqu’un affirmant être un collecteur de fonds du NPD.

«Monsieur le Président, il y a beaucoup de confusion concernant la position du NPD à l’égard d’Israël», a entamé M. Calandra.

M. Calandra a répondu à la question suivante de M. Mulcair, au sujet du nombre exact de Canadiens sur le terrain en Irak, en disant : «Qu’est-ce que le chef de l’Opposition ne comprend pas? Nos amis en Israël sont sur le front en train de combattre le terrorisme.»

Mulcair, visiblement frustré, a critiqué le président de la Chambre, Andrew Scheer, de ne pas forcer le gouvernement à répondre à la question.

Plus tard durant la semaine, M. Calandra a présenté ses excuses en Chambre pour avoir refusé de répondre aux questions sur l’Irak en attaquant le NPD sur Israël et CBC a rapporté le 26 septembre que la directive d’agir de la sorte serait venue du Cabinet du premier ministre.

Tandis que les libéraux et les conservateurs s’entendent sur un rôle limité du Canada en Irak, le NPD affirme que la mission est mal définie et il craint un engagement militaire grandissant.

Bien que des informations indiquent que Washington ne demande pas à Ottawa de prendre part aux combats, tout type d’implication en Irak est dangereux. Le premier ministre souhaite obtenir le soutien du NPD afin d’éviter de devoir épauler seul la responsabilité des coûts et des potentielles pertes humaines.

Même si un rôle de combat est improbable selon certains, M. Calandra estime que les Canadiens seraient en faveur.

«Je crois que les Canadiens sont 100 % d’accord que nous devons combattre ce groupe terroriste, que nous devons combattre le terrorisme. Je crois que les Canadiens soutiennent le gouvernement et soutiennent tous les parlementaires en faveur de la lutte contre l’ÉI», a déclaré M. Calandra.

Avec des informations de la Presse canadienne.

Version originale :  Canada’s Role in Iraq Under Scrutiny