L’appareil de censure de l’Internet géré par les autorités chinoises est connu pour être très strict. Lorsque d’immenses failles apparaissent dans ce système et surtout sur le moteur de recherche Baidu, les internautes le remarquent.

Ce 2 septembre, Baidu, le plus puissant moteur de recherche chinois, a autorisé des recherches sur les expressions «Démissionner du Parti», «la vérité sur le Falun Gong», «Falun Dafa est bon» et une série de termes similaires.

Démissionner du Parti» veut dire renoncer à adhérer au Parti communiste chinois (PCC). Un mouvement de démissions, appelé Tuidang en chinois, balaie la Chine depuis près de 10 ans. Un site web en langue chinoise, hébergé par le Centre de service mondial pour démissionner du Parti communiste chinois, compte le nombre de gens qui ont démissionné du PCC et de ses organisations affiliées. Ce nombre dépasse actuellement les 176 millions.

Le mouvement Tuidang est un sujet politique hautement sensible en Chine. Des personnes ont été envoyées en prison ou condamnées aux camps de travaux forcés pour avoir encouragé d’autres Chinois à démissionner du Parti ou pour avoir distribué des documents défendant ce mouvement.

Le Falun Gong, une pratique spirituelle traditionnelle qui est persécutée depuis 1999, est aussi un terme étroitement censuré en Chine.

On ne sait pas très bien pourquoi soudain ces deux expressions parmi d’autres similaires, ont pu être trouvées sur Baidu, accompagnées d’images normalement interdites – comme par exemple des photos de rassemblements de pratiquants de Falun Gong déployant des banderoles.

Si l’on se réfère à des cas similaires dans le passé, ce contenu interdit ne restera probablement accessible en ligne qu’un jour ou deux.

Récemment, Baidu avait renvoyé des résultats à la recherche de l’expression «Justice pour Jiang Zemin» se référant aux appels des pratiquants de Falun Gong à juger Jiang Zemin, ancien dirigeant du PCC, pour son rôle dans le lancement de la campagne de persécution du Falun Gong.

Quelques jours plus tard, les seules images apparaissant en réponse à cette recherche n’avaient plus rien à voir avec le Falun Gong.

Lors de cas précédents, des termes politiques sensibles ont été temporairement rendus accessibles en ligne au cours de périodes de vives tensions au sein des plus hautes sphères du PCC.

Avant l’éviction de Bo Xilai, ancien membre du Politburo et secrétaire du Parti de Chongqing, en 2012, les recherches sur son nom donnaient des résultats impliquant son bras droit Wang Lijun et les prélèvements d’organes sur les pratiquants de Falun Gong. Ces termes ont été à nouveau rapidement bloqués. À l’époque, les analystes politiques ont déduit que ce déblocage temporaire était une forme délibérée de message politique.

Selon des médias en langue chinoise, l’ancien dirigeant du Parti Jiang Zemin serait la prochaine cible atteinte dans la campagne anti-corruption de Xi Jinping. Une image a été publiée dans l’un de ces journaux, représentant Jiang Zemin comme un crapaud (un animal auquel il est souvent associé) relié à une série de perfusions, comme si ses jours étaient comptés

Recherches complémentaires par Frank Fang. Ré-écrit en anglais par Matthew Robertson.

Version en anglais: Forbidden Terms Allowed on Major Chinese Search Engine