De Berlin à New York, 1920-1975

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
20.01.2015
  • Marion, Renate et Karen Gumprecht. Trois soeurs prises en charge par le National Refugee Service et la Hebrew Immigrant Aid Society, peu après leur arrivée aux États-Unis, Central Park, New York, 1941. (Mara Vishniac Kohn, Courtesy International Center of Photography)

Jusqu’au 25 janvier le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme présente Roman Vishniac dans le cadre du mois de la photo. L’exposition rassemble plus de 200 photos présentant cinq décennies de travail, de Berlin à New York, des années 20 à la photomicroscopie colorée des années 50 et 60, dont certaines sont exposées pour la première fois.

Né en Russie, Vishniac arrive à Berlin dans les années 20. Il photographie l’effervescence de la ville. Avec la montée du nazisme, la photographie est interdite aux juifs. Vishniac ne renonce pas, il amène sa fille avec lui pour ne pas éveiller les soupçons. Il la placera devant des colonnes publicitaires et des vitrines de propagande nazie. Son but est d’avertir le monde mais personne ne le prend au sérieux.  Peu à peu exclus de la vie sociale et économique, de nombreux juifs deviennent dépendants des organismes sociaux communautaires. Dans les années 1930, face à l’augmentation du chômage, à la montée de la misère, aux boycotts antisémites et aux restrictions qui limitent l’immigration, le Joint, l’organisme le plus important d’entraide, a besoin de nouveaux moyens logistiques pour distribuer les secours.

  • Récalcitrance. Berlin, vers 1929. ((Mara Vishniac Kohn, Courtesy International Center of Photography)

En 1935 la direction européenne de Joint lui demande de photographier la misère des juifs en Europe orientale pour lever des fonds. Pendant quatre ans, il se déplace dans les villages les plus reculés comme dans les grandes villes  pour immortaliser ce monde séculaire qui allait bientôt disparaître : des enfants en habits traditionnels apprenant la Torah, une petite fille aux yeux tristes qui ne sort pas de chez elle faute de chaussures, des garçons aux yeux languissants. On compare ces photos à celles de Dorothea Lange ou Walker Evans qui ont photographié dans les mêmes années la misère de la Grande Dépression aux États-Unis. En 1941, il arrive à New York avec sa famille non sans obstacles et périls. Ayant appris la biologie à Moscou, Vishniac se passionne pour la photomicroscopie et photographie l’infiniment petit.

Dans les années 1950, il devient professeur de biologie et de pédagogie de l’art. La recherche scientifique, l’enseignement et la photomicroscopie l’occuperont jusqu’à sa mort en 1990.

INFOS PRATIQUES

Jusqu’au 25 janvier

Musée d’art et d’histoire du Judaïsme

Hôtel de Saint-Aignan

71, rue du Temple

75003 Paris

Métro: Rambuteau, Hôtel de Ville