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Un city-trip à Ioannina

Écrit par Christiane Goor et Charles Mahaux
24.01.2015
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  • La petite ville de Parga s’étage au creux d’une baie surmontée par les ruines d’une citadelle vénitienne. (Charles Mahaux)

C’est le moment de planifier les vacances pour le printemps ou l’été. La Grèce reste une destination de choix, mais connaissez-vous toutes ses facettes?

A Ioannina, une autre Grèce se révèle, verdoyante, orientale et méconnue. Capitale provinciale et ville estudiantine, c’est ici que bat le cœur de l’Epire, au bord d’un lac paisible où se mirent les montagnes toutes proches. Jadis carrefour commercial entre l’Italie, la Russie et l’empire ottoman, elle a brassé les cultures et nourri des légendes qui se racontent encore dans son architecture.

La ville de Ioannina abonde en mythes qui semblent surgir de la brume légère qui chaque matin à l’aube enveloppe le lac Pamvotis à moins qu’ils ne naissent à l’horizon quand, à la tombée du jour, on se laisse prendre au charme incomparable de cette étendue lacustre bleu acier bordée de roseaux où flotte un îlot noyé de verdure et de mystère.

  • L’île de Nissi est un minuscule royaume byzantin à découvrir d’un monastère à l’autre mais son charme tient aussi à son lac d’eau douce envahi par des bouquets de roseaux qui abritent toute une faune aquatique. (Charles Mahaux)

Une histoire turbulente

Les Anciens considéraient l’Epire comme extérieure à la Grèce et pourtant elle a été habitée par les Hellènes. La preuve en est avec le site de Dodone, tout proche de Ioannina, siège d’un oracle consulté dès le deuxième millénaire avant notre ère et connu bien avant que celui de Delphes ne s’impose au VIe siècle avant J.-C. La réponse des dieux se manifestait dans le bruissement du vent dans les feuillages d’un chêne sacré. Du temple érigé en son honneur, il ne reste que quelques fondations et seul l’imposant théâtre construit sous le règne de Pyrrhus, plus vaste que celui d’Epidaure et entièrement adossé aux flancs de la colline donne du lustre au site qui accueille chaque été le festival du théâtre antique de Ioannina. Entre les colonnes qui gisent sur le sol et les ruines des temples, l’imagination se laisse pourtant emporter pour vagabonder à l’époque où l’oracle de Zeus guidait Ulysse sur le chemin d’Ithaque.

Lorsque l’Epire tombe sous le joug des Romains, ceux-ci s’emploieront à détruire la plupart des sites mais Ioannina va naître sous l’impulsion de Justinien, au VIe siècle. Blottie derrière les montagnes qui l’enserrent, elle restera à l’écart des grands événements jusqu’à l’apparition du despotat d’Epire né au moment de l’éclatement de l’empire byzantin. D’un assassinat à l’autre, une dizaine de dictateurs affamés de pouvoirs vont se succéder sur le trône jusqu’à ce que les Turcs, nouvellement venus sur la scène bal-  kanique, s’emparent de la région. Durant quatre siècles, l’empire ottoman imprime sa marque sur l’Epire qui connaît une belle prospérité économique comme carrefour commercial entre le sud et le nord, vers l’Europe et la Russie tsariste.

  • Le musée archéologique de Ioannina recèle des trésors dont ce magnifique sarcophage romain entièrement sculpté qui raconte des scènes de l’Iliade. (Charles Mahaux)


Sous la domination ottomane, Ioannina se développe derrière les remparts de sa citadelle, elle érige des mosquées, ses écoles de peinture religieuse acquièrent une grande renommée et elle devient un important centre d’art et d’orfèvrerie. Qu’il s’agisse de joaillerie, de l’art de la table ou d’objets religieux de haute facture, les artisans de Ioannina ont été célébrés dans toute la région des Balkans pour la finesse et la pureté de l’argenterie qu’ils cisèlent. Encore aujourd’hui, les venelles de la cité abritent de nombreuses échoppes où on peut découvrir de jeunes créateurs qui martèlent et taillent des bijoux en argent. Les plus belles pièces sont à admirer dans le musée municipal dominé par la silhouette élancée du minaret de la mosquée Aslan Pacha construite en 1619. Il abrite dans le décor inattendu d’une mosquée une superbe collection de costumes folkloriques, de bijoux et de très belles pièces d’argenterie.

Le lion de Ioannina

Ali Pacha, un aventurier venu d’Albanie parvient à se faire nommer pacha de Ioannina et durant une trentaine d’années, il va y étendre son prestige d’une main de fer. Soucieux de se libérer de la domination ottomane, il organise sa ville sur le modèle des capitales européennes et Ioannina se voit dotée d’un centre universitaire. Il finira par entrer en rébellion ouverte avec le sultan. Retranché sur l’île de Nissi, il sera vaincu par les Turcs et décapité en 1822. Le souffle d’indépendance lancé par Ali Pacha ne s’éteindra plus mais l’Epire devra attendre encore plusieurs années avant de pouvoir signer l’intégration au royaume grec en 1913 au terme de la guerre des Balkans.

  • La mosquée de Fethiye construite en 1430 domine le Kastro, le château intérieur de la ville de Ioannina. (Charles Mahaux)

Il faut s’embarquer pour l’île de Nissi pour contempler la silhouette de Ioannina avec  sa citadelle édifiée sur une péninsule et surmontée par les fins minarets des deux mosquées qui couronnent chacun de ses angles. Quand on pénètre dans le kastro derrière les hauts remparts qui le cernent, on est d’abord subjugué par le silence qui y règne à peine troublé par le chant des oiseaux et les bavardages des habitants attablés sous un vieux platane. Si Ioannina est une petite métropole dynamique, ici règne une paisible ambiance de village au cœur du lacis de ruelles pavées bordées d’anciennes maisons basses de style ottoman à encorbellements de bois. Elles mènent vers la citadelle intérieure qui abritait le somptueux palais d’Ali Pacha. S’il ne reste rien ni du sérail où il vivait avec son harem ni du hammam ni des salles d’audience d’où il orchestrait tortures et exécutions, l’acropole actuelle semble encore hantée par les souvenirs tragiques de son règne cruel. Assis sur la margelle de l’enceinte qui surplombe le lac, on ne peut que se souvenir de la jeune femme que viola Ali Pacha et qu’il jeta ensuite dans le lac avec 17 compagnes enfermées dans des sacs lestés pour que personne ne puisse témoigner de son forfait.

L’île de Nissi a tout d’un éden bucolique, isolé de l’agitation du monde moderne. Un petit port habité par les cygnes et les canards qui ondulent entre les barques de pêcheurs, quelques tavernes qui longent le débarcadère et au-delà, un minuscule hameau aux maisons couvertes de toits de lauze. Plusieurs petits monastères byzantins couronnent la butte de l’île mais le plus intéressant est le monastère Agios Panteleimonas où Ali Pacha fut assassiné. Transformé aujourd’hui en musée, il présente une collection d’objets ayant appartenu au pacha. Au retour, le charme est toujours au rendez-vous car la courte croisière sur le lac, romantique à souhait, découpe des paysages carte-postales, que ce soit sur l’îlot noyé de roseaux, ou sur la lourde enceinte de Ioannina surmontée de minarets, ou encore su

Christiane Goor, journaliste. Charles Mahaux, photographe. Un couple, deux expressions complémentaires, ils fixent l’instant et le racontent. Leur passion, ils la mettent au service du voyage, de la rencontre avec l’autre.  

INFOS PRATIQUES

Infos. Un site incontournable: www.visitgreece.gr

Quand y aller? L’Epire est une destination toute saison contrairement à la plupart des sites de vacances grecs. Neige en hiver avec même un domaine skiable à Metsovo, paysages flamboyants en automne, pas de fortes chaleurs en été grâce à l’altitude et paradis fleuri des randonneurs dès le printemps. Toutefois pour mieux rejoindre le début des itinéraires de marche, la voiture reste utile d’autant que les routes sont très bonnes et les distances courtes. De plus, en Epire la mer n’est jamais loin, de quoi conjuguer les plaisirs de la montagne à ceux de la mer, incontournables en vacances en Grèce, d’autant que les 60 km de côte épirote abritent de ravissantes criques et plages de sable.

Y aller. En été le plus rapide est de passer par Corfou via les low cost de vacances. Y louer une voiture, prendre le ferry vers Igoumenitsa, en Epire. Deux heures de traversée paisible. Il faut compter ensuite une heure de voiture pour joindre Ioannina. En dehors de l’été, il faut passer par Thessalonique, en Macédoine. Il faut alors compter deux bonnes heures de route pour franchir quelque 250 km.

Se loger. L’hôtel du Lac comme son nom l’indique s’allonge au coeur d’un parc fleuri face au lac Pamvotis. Pour un peu on se croirait en Suisse : élégance du décor, qualité du service et de la table, quiétude des lieux. www.hoteldulac.gr. Moins onéreux, très confortable mais légèrement excentré, l’hôtel Palace Epirus www.epiruspalace.gr. Autre lien pour faire votre choix parmi des lieux de qualité confirmée www.all-ioannina-hotels.com

La gastronomie. Elle se veut simple mais savoureuse, à base des produits de la région: des légumes frais, de l’agneau, du poisson, des yaourts onctueux arrosés de miel, des pitas maison, des fruits confits au sirop, des risottos aux fruits de mer, aux champignons sauvages ou aux tomates séchées… Les vignobles de Zitsa s’épanouissent sur les flancs ensoleillés du Pinde autour de Ioannina. À retenir le domaine Glinavos www.glinavos.gr et son demi-siècle d’expériences et de traditions.

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.