Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Spartacus et Cassandra, sur un fil

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
06.03.2015
| A-/A+

Des pieds avancent sur un fil, une poupée de chiffons balancée en l’air, un ballon rouge, un chapiteau, une baraque, une caravane – campement de Roms, caméra à l’épaule, mouvement perpétuel, saccadé, tourbillonnant, un collage d’images, une mosaïque de couleurs, la voix off d’un enfant qui raconte sa vie d’adulte malgré lui, c’est ainsi que commence le film Spartacus et Cassandra sorti le 11 février en salles.

Le spectateur qui craint les sujets en vogue trop «politically correct»,  l’embellissement d’une réalité ingrate et révoltante, ou d’une introduction stéréotypée et collante  à la vie des Roms pourra se rassurer, Spartacus et Cassandra ne propose pas ce genre de film.

Oui, c’est un beau film, où la poésie ne cède jamais à la réalité, où la réalité devient par petites touches de caméra, abstraite, les images défilant à vive allure y ont leur part. Le regard cependant reste lucide, laissant les personnages eux-mêmes se juger.

Spartacus et Cassandra n’est pas un film sur les Roms, mais l’histoire de deux enfants qui surmontent l’attache du sang et leurs codes familiaux. C’est l’histoire de deux enfants à la découverte de l’enfance, qui en effet découvrent leur droit à l’enfance grâce à une jeune trapéziste qui les accueille sous son chapiteau. Spartacus 13 ans et Cassandra 11 ans sont frère et sœur. Ces prénoms mythiques prédisent-ils leur avenir? Spartacus et Cassandra devront choisir entre une vie loin de leurs parents, confortable avec les contraintes de la société occidentale comme la scolarisation et la sédentarisation, et la vie des hommes de voyage en famille et tout ce qui va avec:

la manche, le vol, le squat, le mouvement incessant, comme cette caméra qui ne s’arrête jamais jusqu’à faire abstraction des détails. Ces enfants sont-ils réellement libres de choisir leur vie?

Un combat tout d’abord intérieur

«Je ne sais pas si j’ai le droit de vivre ça», dit Spartacus après un séjour paisible et idyllique à la campagne, organisé par la trapéziste Camille, qui n’a pas plus de 21 ans. Cette jeune à peine sortie de l’enfance elle-même, qui vit elle aussi une vie particulière, plus ou moins en marge de la société, a décidé de fournir une vie digne et saine à ces enfants. Digne et saine selon les critères de la société occidentale bien évidemment, d’où le dilemme posé au cœur de ce film.

Comment expliquer à ces enfants qu’ils ont le droit d’être enfants? Le processus n’est pas évident, les enfants se méfient de ceux qui veulent les libérer.

Et comment expliquer tout d’abord à ces enfants puis aux parents, que c’est le rôle de l’adulte de s’occuper des enfants et non l’inverse. Aller à l’école, avoir un lit, une chambre, de l’eau courante, un petit déjeuner, une balade à vélo, comment vivre dans ce monde à la fois étrange et séduisant sans culpabilité, alors que les parents ne cessent de faire un chantage affectif refusant le bonheur de leurs enfants.

Ioanis Nuguet nous introduit dans le monde des Roms loin du cliché menaçant ou de l’image idéalisée. Il nous présente ce père alcoolique qui bat sa femme et envoie ses enfants faire la manche et cette mère dépressive aux yeux d’émeraude et au visage rugueux qui n’arrête pas d’implorer ses enfants de la sauver de sa terrible solitude et de son amer destin.

«La seule solution, pour que je puisse vivre sans mes parents, c’est que mes parents puissent vivre sans moi», conclut la belle Cassandra.

Spartacus et Cassandra décident de prendre en main leur destin, refusant d’être privés de leur nouveau bonheur. Mais cela ne peut se faire sans combat, un combat en premier lieu intérieur.

«C’est comme la guerre pour avoir la paix»,  chante Spartacus le roi du slam.

 

INFOS PRATIQUES

Date de sortie:

11 février 2015 (1h20min)

 

Réalisé par Ioanis Nuguet

Avec: Cassandra Dumitru, Spartacus Ursu, Camille Brisson

Genre: documentaire, aventure, famille

Nationalité: français

Sélections et prix:

- Soutien du GNCR

- Festival Ciné-Junior 2015

- Grand Prix Ciné-Junior

- Prix CICAE, Prix du Grain à Démoudre

- Prix des Collégiens, Prix du Public

- Louve d’Or – FNC Montréal 2014

- Prix du Jury FIPRESCI – DOK Leipzig 2014

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.