Un survivant de la place Tiananmen brave l'assignation à résidence pour l'hommage à Zhao Ziyang

Écrit par Feng Changle, La Grande Époque
10.02.2005

 

 

 

La première fois que le monde a vu une photo de Qi Zhiyong, l'image tragique de ce jeune et bel étudiant amputé d’une jambe a mis en évidence le mensonge d’un gouvernement qui affirmait : « Nous n’avons pas tiré. »

C'était en 1989, les manifestations étudiantes en faveur de la démocratie étaient réunies sur la place Tiananmen, puis le parti communiste chinois a donné l’ordre aux militaires dans leurs chars d’écraser les manifestants. Lundi, Qi Zhiyong a redoublé d’efforts pour prendre une photo qui ait du sens, afin de la diffuser à travers le monde.

Cette photo est un témoignage de son respect à Zhao Ziyang, le

dirigeant chinois qui avait tenté d’arrêter les chars qui écrasèrent sa

jambe et bien d’autres choses. 

  • Qi Zhiyong photographié avec des affiches à la mémoire de Zhao Ziyang. Photo LGE(攝影: / 大紀元)

 

Encore une fois ce n’était pas facile.

Durant ces 16 dernières années, la liberté de Qi fut sévèrement restreinte. À chaque date « sensible », un policier venait chez Qi « pour s’occuper de lui ».

Les autorités ont empêché Qi d’assister à l’audition publique de son camarade activiste Ye Guozhu, jugé pour ses efforts en faveur de la démocratie en Chine. On l’a même empêché d’aller chanter chez un ami pour Noël.

Qi Zhiyong a été extrêmement attristé à l’annonce du décès de M. Zhao Ziyang, le 17 janvier 2005. Zhao avait été exclu de sa position supérieure de Secrétaire-général du Parti communiste chinois, en raison de son opposition à la violence que le PCC avait fait subir aux étudiants et en raison de son ouverture sur des réformes démocratiques.

Lorsque les journalistes ont interviewé Qi Zhiyong après la mort de Zhao, Qi était en sanglots. « Je vais certainement pleurer la mort de M. Zhao à ma façon. » Un peu plus tard le même jour, la police l’assigna à résidence. Partout où il allait, on le suivait. Le soir du 19 janvier, il a été détenu dans la maison des invités du Bureau d'alimentation d'énergie de Pékin, au secteur des matériaux.

Quatre jours plus tard, Qi a pris rendez-vous dans un studio de photo. « Mon grand-père est décédé, je veux prendre une photo commémorative »,  a-t-il dit au commis.

Vers les 22h, Qi a dit aux policiers qui le surveillaient qu’il voulait sortir acheter des stylos pour ses enfants. Les policiers ont accepté et l’ont même conduit au magasin. Là, Qi a acheté un stylo-feutre et quelques cartons d’affichage. Il les a cachés à l’intérieur de son veston puis est retourné dans la voiture.

Ce soir-là, les larmes aux yeux, Qi a préparé une affiche pour commémorer Zhao Ziyang. Peu de temps après, le 24 janvier à 8h, tandis que les policiers prenaient leur petit déjeuner, il a roulé son affiche en la dissimulant sous son veston, a marché une vingtaine de minutes jusqu’au studio et s’est fait prendre en photo.

Plus tard, il a dit aux journalistes : « J’ai réalisé mon souhait. L’âme de Zhao Ziyang me voit depuis les cieux. Je remercie Dieu d’avoir pu l’accomplir. »